Le concept, déjà en action en Europe depuis une dizaine d’années, arrive enfin au fenua. L’association Ti’ai Fenua et le collectif Nana Sac Plastique préparent pour janvier 2021, en partenariat avec Concrètement Design, l’ouverture d’un espace collectif de réparation, baptisé « Tata’i, le rendez-vous des répar’acteurs du fenua ». On pourra y venir réparer et redonner une seconde vie, gratuitement, à un grand nombre d’objets.
Ce samedi marque le premier jour de la Semaine européenne de réduction des déchets, dont le thème est « longue vie aux objets ». À cette occasion vient de naître Tata’i, une initiative qui va rassembler ceux qui veulent apprendre à prolonger la vie de leurs objets et ceux qui savent comment faire. Dès janvier prochain, le 3e samedi de chaque mois, Tata’i rassemblera ses adeptes dans les locaux de Concrètement Design à Pirae, déjà impliqué dans l’ « upcycling », pour des réparations collaboratives et gratuites. Combien de fois avez-vous remisé ou jeté un objet en vous disant « dommage qu’on ne puisse pas le réparer ici » ?
« C’est une des réponses possibles au problème de gestion des déchets en Polynésie, » explique Moea Pereyre. Entre obsolescence esthétique (un objet qui ne plaît plus) et obsolescence programmée (un objet qui cesse de fonctionner au bout d’un temps relativement court), les consommateurs ont pris l’habitude de jeter, et les décharges officielles ou sauvages en sont les témoins.
Les promoteurs du projet ont voulu lui donner un nom polynésien, plutôt que de reprendre l’appellation Repair Café déjà connue en Europe (il existe plus de 1 700 Repair Cafés en métropole). « Quand on en a parlé autour de nous, ça ne parlait pas aux gens, dit Moea Pereyre. Donc on a choisi le nom de Tata’i qui signifie réparer, raccommoder, rapiécer. »
Elle précise bien qu’il ne s’agit pas d’un service de SAV : « tu ne déposes pas ton objet là et tu t’en vas, non. Tu déposes, et tu prévois de passer un certain temps sur place, parce qu’en fonction de l’objet il va falloir diagnostiquer la panne et décider ce qu’on peut faire, et puis observer et participer à la réparation. »
Chaque mois, un atelier sera proposé. Neuf thématiques sont d’ores et déjà identifiées, et le thème de chaque mois sera annoncé sur la page Facebook en fonction des demandes :
- Petits appareils de cuisine (machine à café, toaster, micro-ondes, robots mixers…)
- Petit outillage (perceuse, disqueuse…)
- Vêtement et accessoires
- Jouets et peluches
- Ordinateurs et appareils multimédia
- Ventilateurs
- Machine à coudre et fer à repasser
- Vélos et Trottinettes
- Petits mobiliers (chaises, tiroirs cassés…)
L’idée d’un rendez-vous mensuel, convivial, où prendre un café pendant qu’on répare un objet qui nous est cher et/ou utile, n’est pas la seule qui a germé : Moea Pereyre confie que, « une fois que le projet aura pris, on voudrait rendre cet espace de réparation mobile, en allant par exemple chez un particulier faire une vidange avec lui. On sait que ça se fait beaucoup, mais malheureusement ces huiles de vidange sont souvent balancées dans la nature. »
Rendez-vous dès à présent sur la page Facebook de Tata’i pour vous manifester, que vous soyez à la recherche d’un moyen de réparer un objet, ou que vous soyez déjà un « répar’acteur », professionnel ou amateur doué.
Enfin, si vous avez des objets dont vous ne voulez plus du tout, Tata’i vous propose aussi de les déposer chez Concrètement Design, car le collectif pourra ainsi se constituer une base de pièces détachées.
Instructif, vertueux et fun : grâce à Tata’i, vous ne regarderez plus vos vieux objets de la même façon.