La Fédération internationale de surf ne soutient pas le projet de nouvelle tour des juges en aluminium à Teahupo’o. L’institution explique avoir proposé au gouvernement polynésien et à Paris 2024 de juger la compétition à distance, avec des caméras dotées de puissants zooms et surtout des images aériennes captées par drones. Mais « le gouvernement a décidé d’aller de l’avant », en lançant les travaux, souligne l’ISA dans un communiqué.
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Il ne se passe pas un jour sans qu’un élu, un militant, un sportif ou un acteur des JO ne prenne position au sujet de la très polémique tour des juges en aluminium. Sans compter les milliers de commentaires du public, à Tahiti comme partout autour du globe. Alors que les travaux d’installation ont finalement débuté à Teahupo’o, à un peu plus de six mois des épreuves olympiques de surf, c’est au tour de la Fédération internationale de surf (ISA), qui est associée à l’organisation de l’épreuve au côté du comité olympique, de communiquer. L’ISA s’était déjà exprimée au moment de la suspension des travaux début décembre, après les dégâts infligés aux coraux lors de tests techniques : la fédération saluait alors « cette décision et invite à intensifier les discussions pour examiner toutes les options possibles », avait écrit l’institution.
Des juges à terre, dans une salle fermée
Ce mardi, l’ISA révèle justement avoir pris position pour une option en particulier : celle de se priver purement et simplement de tour sur le récif pour juger les épreuves olympiques. L’ancienne, en bois, n’étant plus aux normes, et la nouvelle, en aluminium, étant susceptible de créer des dégâts sur les coraux, l’ISA explique avoir proposé au gouvernement et à Paris 2024, le 9 décembre, de « juger le concours à distance, avec des images en direct prises depuis la terre, l’eau et des drones ».
Une option qui avait déjà été soulevée par les opposants au projet, mais qui n’a jamais été mise en avant par Paris 2024 et le Pays, notamment pour des raisons techniques et de qualité d’images, pour un évènement diffusé en mondovision (voir par ailleurs). Pour des raisons aussi, de pérennité des épreuves de surf Teahupo’o, la WSL ayant toujours utilisé une tour sur le récif pour ses compétitions au PK0.
Pourtant, l’ISA croit en cette idée et révèle même avoir présenté deux solutions aux autorités. La première consistait à installer la nouvelle tour en aluminium, mais à terre, tout en à déployant des caméras sur le récif, via une plate-forme de taille réduite sur les fondations existantes. Ce qui aurait permis aux juges de bénéficier du même angle de vue que depuis l’ancienne tour en bois. Une option qui aurait même permis de se passer de tour, puisque selon l’ISA, les juges pouvaient très bien faire leur travail depuis une salle fermée, « utilisant de grands écrans avec des flux de caméras multi-angles sur la vague ».
Grues, téléobjectifs et drones
La deuxième option a été présentée dans l’hypothèse où, pour des raisons techniques ou environnementales, il n’aurait pas été possible de déployer ces plateformes sur le récif. Dans ce cas, l’ISA proposait d’utiliser, depuis la terre, des caméras adaptées aux compétitions sportives, dotées de zooms puissants et de mécanismes de stabilisations performants. Lesquelles auraient été déployées depuis le rivage sur des grues d’une vingtaine de mètres. La Fédération proposait également de capter des images par drone, et depuis la mer, comme c’est déjà le cas sur de nombreuses compétitions internationales.
Mais « le gouvernement polynésien a ensuite décidé d’aller de l’avant avec le projet de construction d’une nouvelle tour en aluminium sur le récif », regrette l’ISA, qui se dit « prête à travailler avec toutes les parties prenantes dans le meilleur intérêt du sport, de l’environnement et de la communauté locale ». Mais la Fédération internationale est désormais claire : elle ne soutient pas le projet de nouvelle tour en alu sur le récif de Teahupo’o.
Selon Paris 2024, « les juges n’ont pas une visibilité suffisante sur la vague depuis la terre »
Est-il réellement possible de juger les épreuves olympiques de surf depuis la terre ? Oui pour l’ISA, non pour Paris 2024. Dans un communiqué transmis le 17 novembre, qui analysait les options présentées, l’organisation soulignait que « la vague de Teahupo’o est située à 750 m du point le plus proche de la terre ». Par conséquent, « les juges n’ont donc pas une visibilité suffisante sur la vague depuis la terre ferme, et cette distance ne permet pas une captation télévisuelle de la qualité requise. Par ailleurs, l’angle de vue depuis la terre ferme ne permet pas d’assurer une bonne visibilité sur l’intégralité de la vague et des sessions des surfeurs ». L’expert du site Christopher O’Callaghan est du même avis que Paris 2024. « Quand les vagues sont grosses, il faut qu’on puisse voir par-dessus la première vague si un gars s’engage sur la deuxième, on ne peut pas le faire depuis la plage ou alors il faut percher les juges à 200 mètres de haut », notait celui qui est l’un des concepteurs de la tour en bois, début décembre sur notre antenne. |