Après Moetai Brotherson, c’est le président du comité d’organisation Paris 2024 qui a réagi, cette nuit, au communiqué de l’ISA qui se désolidarise du projet de tour en alu dans le lagon de Teahupo’o. Un « changement de position » d’après le responsable, qui estime, comme le président du Pays, qu’aucune des propositions de la fédération internationale n’était assez concrète et réaliste du point de vue sportif comme sécuritaire pour être retenue. La poursuite du chantier de la tour, dit-il, a été validée par « tous les acteurs locaux », à l’exception « d’une association ».
Lire aussi : Teahupo’o : l’ISA a proposé de se passer de tour… Le Pays a refusé
Les organisateurs des JO auraient bien pu se passer de la dernière sortie de l’International surfing association, organisme qui regroupe toutes les fédérations locales et qui est impliquée, aux côtés du CIO, dans la gestion sportive de l’épreuve olympique à Teahupo’o. Dans un communiqué laconique, l’ISA s’est désolidarisée du Pays et du comité en déclarant « ne pas soutenir » le chantier de la nouvelle tour en alu. Pire : la fédération internationale explique avoir fait des propositions non retenues pour se passer de ce projet polémique : tour à terre, juges dans une « salle fermée », images captées par des caméras sur grues, des téléobjectifs ou des drones… Des solutions qu’avaient déjà écartées, pour des raisons techniques, les organisateurs, qui ont donc décidé de poursuivre le chantier, ce que l’ISA dit regretter, précisant vouloir continuer à travailler à des alternatives avec le Pays et le comité.
Pas de solution « concrète » de l’ISA
Dans la foulée du communiqué de l’ISA, hier, c’est d’abord Moetai Brotherson qui a réagi. « C’est un peu tard pour se réveiller, a-t-il lancé depuis les Marquises et au micro de TNTV. Il aurait fallu qu’ils se positionnent dès le départ, on aurait eu le temps de chercher des solutions ». Surtout, le président du pays explique que l’ISA, interrogée par le Pays sur la possibilité de se passer d’une tour dans le lagon, n’a apporté des réponses que « théoriques » : « On ne peut pas se satisfaire de la théorie. On a pris la seule option technique, réaliste, qui nous permet de tenir les délais et d’opérer avec un minimum de dégâts pour l’environnement », appuie le chef du gouvernement auprès de la chaîne du pays.
Des propos corroborés la nuit dernière par Tony Estanguet. Interrogé lors d’une conférence de presse sur ce nouveau rebondissement dans le feuilleton de la tour, le président du comité a commencé par préciser qu’il s’agissait d’un « changement de position très récent » de l’ISA, « partie prenante de tous les travaux depuis le début » et « associée au calibrage et aux besoins de la tour ». L’ancien champion olympique pointe en outre que les solutions « sans tour » n’était pas convaincante. « En termes d’équité sportive, c’est un vrai défi de s’assurer que le signal est parfaitement de bonne qualité et pour chaque surfeur, retransmis dans les mêmes conditions, détaille-t-il. Et puis aussi pour des raisons de sécurité puisque cette tour elle permet de faire intervenir la sécurité en cas d’incident, à tout moment. Pour différentes raisons, c’est une option qui a été écartée ».
Pas de solution « concrète » de l’ISA
Et écartée pas seulement par Paris, insiste Tony Estanguet. Car bien souvent, dans les discussions internationales sur ce dossier, il est prétendu que « les locaux s’opposent à la tour ». La réalité est bien sûr beaucoup plus complexe. Le président du comité, lui, veut voir une « quasi unanimité » dans la décision « démocratique » de poursuivre les travaux. « En dehors d’une association qui est restée en opposition, l’ensemble des autres associations, des élus locaux, du gouvernement et de la Fédération tahitienne de surf, ont décidé que la meilleure option pour organiser cette compétition était de poursuivre la construction de la nouvelle tour ». Là encore, et au vu des débats de Tarahoi lundi dernier, difficile de dire que « l’ensemble des élus » estiment que la tour était « la meilleure option ». Mais le fait est, comme le souligne Tony Estanguet, que « le projet continue ». « C’est le souhait des acteurs locaux réunis derrière le président de la Polynésie Moetai Brotherson ».