ACTUS LOCALESINTERNATIONALPACIFIQUE Tensions dans le Pacifique : le Japon en plein effort de réarmement Charlie Réné 2023-04-21 21 Avr 2023 Charlie Réné Un documentaire d’Arte et une longue analyse parue dans The Conversation se penchent sur le « virage historique » qu’est en train d’opérer l’archipel nippon. Poussé par les tensions avec la Chine, la Corée du Nord, la Russie, autour de la guerre en Ukraine, ou par l’éventualité d’un embrasement autour de Taiwan, Tokyo a annoncé le doublement de son budget de défense, et l’acquisition de moyen de « contre offensive ». Du « jamais-vu depuis la seconde guerre mondiale ». Si l’invasion de russe de l’Ukraine fait toujours la une des médias nationaux, les tensions dans le Pacifique attirent aussi les regards, en métropole comme dans le reste du monde. Avec un focus particulier ces derniers jours : le réarmement du Japon. La chaine Arte y consacrait en début de semaine un reportage, intitulé Japon : l’ombre de la guerre, visible gratuitement en replay, et qui pose la question « Le Japon s’équipe-t-il pour une guerre mondiale ». La revue The Conversation publiait hier une longue analyse sur le même sujet. Elle est signée par la chercheuse de Science-po Marianne Péron-Doise, qui estime que le Japon « est en passe de devenir une grande puissance militaire de l’Indo-Pacifique ». Ou plutôt redevenir puisque l’archipel nippon s’était plutôt concentré, depuis sa capitulation à la fin de la Seconde guerre mondiale, sur son rayonnement économique et commercial, avec le succès que l’on connait. Côté sécurité, le pays, qui entretient une « force d’autodéfense » mais pas officiellement d’armée, puisque sa constitution lui interdit depuis 1947 , se reposait surtout jusque là sur son grand allié américain. Les liens sont plus fort que jamais avec Washington, mais Tokyo fait évoluer sa stratégie depuis quelques mois, et opère même un « virage historique », en cherchant à s’affirmer comme un acteur majeur sur le plan diplomatique et militaire dans la région et dans le monde. Géant économique, mais plus « nain militaire » Ainsi a-t-on appris en fin d’année dernière que le Japon envisageait l’augmentation de son budget militaire de 1% à 2 % de son PIB sur seulement cinq ans. De quoi classer Tokyo parmi les cinq premiers acteurs de défense mondiaux, note The Conversation, qui relève aussi que le pays a obtenu des États-Unis la livraison de missiles de croisière Tomahawk, « un privilège jusque là réservé au seul Royaume-Uni. » Le gouvernement, qui pousse dans ses limites l’article 9 de la Constitution – « le peuple japonais renonce à jamais à la guerre (…) ou à l’usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux » – a plus globalement annoncé l’acquisition de moyens de « contre-attaque », une première, veut avancer dans l’interopérabilité de ses forces de défense avec les armées alliées, va amélioration des capacités spatiales ou encore multiplier par cinq son personnel dédié à la cybersécurité. « On l’aura compris : l’époque où le Japon était « un géant économique mais un nain militaire » est bel et bien révolue », écrit la revue. Normalisation plutôt que « militarisation débridée » Les raisons de ce glissement sont bien sûr à trouver dans le contexte géopolitique régional. Marianne Péron-Doise rappelle les accrocs réguliers avec la Corée du Nord, qui refuse toute négociation sur sa dénucléarisation, la crise dormante autour des îles Senkaku, revendiquées par la Chine, la question de Taiwan qui risque à tout moment d’embraser la zone… Et bien sûr la guerre en Ukraine, qui fait grimper les tensions dans le monde entier et ruiné les efforts de rapprochement entamé entre Tokyo et Moscou, qui se disputent des territoires aux Kouriles. Pourtant, pour la chercheuse, il ne s’agit pas d’une « militarisation débridée » de l’archipel, comme le dénoncent en chœur la Chine et la Russie, mais d’une simple « normalisation de l’appareil de défense du pays ». Une normalisation sans surprise encouragée par les États-Unis dans son bras de fer avec Pékin. Toute l’analyse de la spécialiste est donc à retrouver dans The Conversation, et le sujet est mis en images sur Arte : Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)