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Tepuaraurii Teriitahi : « On ne peut pas se payer le luxe d’être dans la minorité » à Paris

À 48 heures du premier tour des législatives, la candidate Tapura dans la 2e circonscription se félicite que cette campagne a permis « de mettre fin à certaines incompréhensions » sur la politique du gouvernement. Et assure que c’est depuis Paris que certains dossiers peuvent être débloqués. Emploi, foncier, statut ou agriculture… Aucun doute pour l’élue de Paea, c’est dans le camp d’Emmanuel Macron que la Polynésie obtiendra les meilleurs avancées à Paris.

Derniers jours d’une longue campagne, pour Tepuaraurii Teriitahi. Pour la présidente du groupe Tapura à l’assemblée de la Polynésie française, ces quelques semaines passées « sur le terrain » des sept communes de l’Est et du Sud de Tahiti, ainsi que des six communes des Australes, ont été l’occasion de « partager » avec les électeurs, mais surtout « d’éclairer, d’expliquer, de faire comprendre ». Car là où de nombreux adversaires voient des critiques ou « un rejet » de la politique d’Édouard Fritch, la candidate rouge et blanc observe surtout de « l’incompréhension » sur l’action du gouvernement. Et cette incompréhension a suscité « du mécontentement », reconnait-elle. Parmi les symptômes : les 50,7% réalisés par Marine le Pen au deuxième tour de la présidentielle et l’abstention massive dans sa circonscription. Bref, « il est clair qu’il était nécessaire d’aller expliquer les choses ». Sur l’inflation, la TVA sociale, la gestion de la crise Covid ou les comptes sociaux… Les gens comprennent notre action quand on en discute » assure celle qui avait réuni 3500 en 2017.

Des dossiers « qui ne peuvent se régler qu’au niveau national »

À l’époque, la conseillère municipale de Paea, soutenue par Jacquie Graffe, n’avait pas le soutien officiel d’Édouard Fritch, mais avait « soutenu et donc participé à l’élection » de Nicole Sanquer, candidate officielle du Tapura, au deuxième tour. Les positions se sont inversées : la députée sortante a claqué la porte du parti pour fonder A Here ia Porinetia, et Tepuaraurii Teriitahi est la seule candidate des rouge et blanc. « Aujourd’hui, nous avons les pro-Tapura et les pro-Tepuaraurii, combinés ensemble on espère que ça fera un bon résultat ce samedi ».

Entre les deux élections, l’ancienne douanière, aussi passée par l’Éducation nationale, à qui Édouard Fritch reprochait en 2017 son manque d’expérience sur les sujets territoriaux, s’est concentrée sur son travail à l’assemblée. En tout que cheffe de groupe, « j’ai compris certaines choses qui bloquent au niveau de l’assemblée et qui ne peuvent se régler qu’au niveau national, explique-t-elle. Et pour les débloquer, aucun doute : il faut être « proche de la majorité ». « On est trois députés polynésiens sur 577, on ne peut pas se payer le luxe d’être dans la minorité » de l’Assemblée nationale, insiste-t-elle.

Macron « attentif » à la proposition de citoyenneté polynésienne

Et parmi les sujets « qui bloquent », elle cite d’emblée le foncier ou l’emploi local. « Pour faire de la discrimination positive envers les Polynésiens, ça passe par la loi mais aussi par une modification de la Constitution » assure-t-elle. C’est l’idée de la citoyenneté polynésienne, défendue par les candidats Tapura dans ce scrutin : « ça permettrait qu’on ait pas un contentieux à chaque fois qu’on fait une loi ». Pourquoi cette proposition, déjà mise sur la table par Gaston Flosse par le passé et balayée par l’État, passerait mieux aujourd’hui à Paris ? « Parce qu’il y a le recul d’expérience de la Calédonie, même si on ne s’inscrit pas dans le processus d’indépendance (…) et aussi nos relations privilégiées avec le président Emmanuel Macron, qui est tout à fait attentif à la proposition, et avec qui on peut mener des discussions qui peuvent aboutir ».

Il s’agirait aussi de « profiter du moment » : la Nouvelle-Calédonie discute d’un statut spécifique, qui doit, quoiqu’il arrive, passer par une révision constitutionnelle. « On sent une volonté du gouvernement, une tendance à donner plus d’autonomie aux outre-mer », complète Tepuaraurii Teriitahi. Face à la multiplication des candidats souverainistes, le Tapura, pourtant, réaffirme son « positionnement dans l’autonomie ». Pas question de se séparer de la France et ses moyens financiers : « Nous ne sommes pas prêts à cracher sur cette aide très importante qui nous est donnée par la métropole ». « On a des compétences clairement établies » insiste l’élue de Paea. Beaucoup estiment pourtant que la crise sanitaire a montré les limites de ce partage de compétences. Pas pour la candidate : il n’y a « pas eu de compétition avec la métropole et le Haut-commissaire », « on a travaillé main dans la main, avec comme volonté celle de sauver des Polynésiens ».

Développer l’autonomie alimentaire pour contrer l’inflation

Le retour d’expérience est plus nuancé en matière d’économie et notamment de lutte contre l’inflation :« L’erreur – entre guillemets – que nous avons peut-être fait c’est qu’on a voté les 1% de la TVA sociale à ce moment-là, reprend la présidente du groupe Tapura. Mais c’est une erreur que l’on assume parce qu’on était obligés de mettre en place cette TVA pour payer les minima sociaux ». Une affirmation remise en cause par certains partis et certains syndicats. Quoiqu’il en soit, « l’essentiel de l’inflation » ne vient pas de là : de la reprise post-Covid à la guerre en Ukraine en passant par les difficultés du trafic maritime, les « facteurs externes » forment le gros des hausses de prix. « Et on a réagi » insiste l’élue, citant le contrôle du prix de la farine ou des carburants. Le rôle des députés, explique-t-elle, peut être décisif : en négociant l’application de certains dispositifs nationaux, en signant de nouvelles conventions avec l’État ou en attirant les aides européennes, la Polynésie doit avancer vers « l’autonomie alimentaire et énergétique » qui lui manque en ces temps de tensions internationales.

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