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TF1 s'arme de stars pour retrouver des couleurs

Paris (AFP) – Yann Barthès, Yves Calvi, Grégoire Margotton: en recrutant trois stars du divertissement, de l’info et du sport, le nouveau patron de TF1 Gilles Pelisson veut réveiller la chaîne et contrer le déclin de ses audiences.

Il fait d’abord son marché chez Canal+: outre Yann Barthès, transfuge du « Petit Journal », TF1 a recruté récemment deux autres dirigeants de la chaîne cryptée, tous deux évincés par Vincent Bolloré cet été. 

D’abord Ara Aprikian, ex-patron des chaînes gratuites D8 et D17, artisan de l’arrivée sur D8 de Cyril Hanouna, et dont TF1 a fait son nouveau directeur des contenus (ensemble des programmes, acquisitions, production, diffusion, numérique). Autre arrivée, Céline Pigalle, ex-dirigeante d’iTELE, devenue patronne de sa chaîne d’info LCI.

« Ces recrutements sont positifs et montrent que Gilles Pélisson, veut redresser les audiences, une stratégie en ligne avec l’arrivée d’Ara Aprikian, qui fait appel à des gens qu’il a côtoyés », a souligné Jean-Baptiste Sergeant, spécialiste des médias chez MainFirst. 

Le premier groupe privé de télévision doit en effet réagir face à la concurrence des nouvelles chaînes de la TNT, la stagnation du marché publicitaire, et plus globalement le recul de la télévision face à internet. 

L’audience de la première chaîne est tombée à son plus bas historique depuis sa privatisation en 1987, même si ses nouvelles filiales, les TMC, NT1 et HD1, ont en partie compensé ce recul.

En 2015, TF1 a affiché une audience moyenne de 21,4% et chuté à 20,2% en avril, son second plus mauvais score historique. Avec TMC, NT1 et HD1, le groupe totalise 27,7% de parts d’audience, mais derrière France Télévisons, alors qu’en 2005, TF1 captait à elle seule 30% de l’audience.

Sur le plan financier, le groupe est tombé dans le rouge au 1er trimestre, et l’an dernier son bénéfice n’a été que de 103 millions d’euros sur un chiffre d’affaires de 2 milliards. Ses recettes publicitaires se sont repliées de 1,4%.

Le groupe a pourtant des atouts solides: TF1 reste de loin la plus regardée de France, avec 98 des 100 meilleures audiences de 2015. Aucune chaîne en Europe n’est aussi puissante sur son marché national. Le groupe capte 46% des dépenses publicitaires télévisées. Elle reste « bien positionnée », estime Jean-Baptiste Sergeant, avec une trésorerie importante.

– Rajeunir l’image de TF1 –

Mais Gilles Pélisson a déclaré qu’il faudrait « améliorer » la situation du groupe autour de quatre axes : réaffirmer son leadership dans la télévision gratuite, proposer des offres commerciales innovantes, devenir un « référent du marché dans le digital » et être « un partenaire majeur de la production audiovisuelle ». Pour cela, il veut jouer sur la complémentarité de ses chaînes. 

D’où l’enjeu de l’arrivée de Yann Barthès, dont « Le Petit Journal » était une référence chez les jeunes, et qui sera chargé d’une émission quotidienne sur TMC et d’une hebdomadaire sur TF1. 

Le présentateur star de Canal+ devra donner un nouveau souffle à TMC, qui obtient 3,1 % de part d’audience mais s’est faite doubler par D8 (3,4%), peut-être pour animer une émission capable de damer le pion à « Touche pas à mon poste ». 

Quant à son hebdomadaire sur TF1, elle pourrait viser la case du samedi soir face à « On n’est pas couché » de Laurent Ruquier, selon la presse spécialisée.

TF1 veut aussi se donner toutes les armes dans le sport: les 22 matches de l’Euro 2016 qui seront diffusés sur son antenne seront commentés par Grégoire Margotton, la voix historique du sport de Canal+, une autre prise de choix sur les plate-bandes de Vincent Bolloré. 

Enfin, dans l’info, le groupe a réussi à faire venir sur LCI, encore une naine de l’audience, le très respecté Yves Calvi, qui abandonnera son talk-show « C dans l’air », la pépite de France 5. Avec une tranche quotidienne en fin de journée, celui aussi anime aussi la matinale de RTL sera un atout capital pour couvrir l’actualité politique de la rentrée.

Dernière ambition, délicate à réaliser, devenir un grand de la production. C’est dans ce but que TF1 a acquis la société de production Newen, producteur de « Plus Belle la vie », mais il lui reste à en faire un pôle de production européen.

© AFP/Archives KENZO TRIBOUILLARD
Face à la concurrence des chaînes de la TNT, et plus globalement le recul de la télévision face à internet, le premier groupe privé de télévision veut redresser les audiences