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Tikanui Smith, Kauli Vaast, Michel Bourez… Déferlante tahitienne à Nazaré

Une vague surfée en 2018 par Tikanui Smith à Nazaré / Les Tahitiens de la team Redbull et Tikanui Smith à Nazaré ces derniers jours / Les briefs techniques de la team Redbull à Nazaré. ©D.R.

Le spot portugais, connu pour le swell monumental qui s’y forme tous les hivers, a vu débarquer des surfeurs polynésiens en nombre ces derniers jours. Le charger Tikanui Smith y est arrivé avec une équipe et doit y rester une bonne partie de la saison. Après un an d’arrêt, il a trouvé de nouveaux partenaires et s’est lancé de nouveaux – et gros – défis. Plus récemment, la Team RedBull a réuni sur place une bonne partie de ses champions et spécialistes du tow-in pour un camp d’entrainement, auquel participent Kauli Vaast et Michel Bourez, mais aussi Tahurai Henry ou Naiki Vaast.

Retour à Nazaré pour Tikanui Smith. Entre 2017 et 2020, le charger, connu pour être un des grands spécialistes de Teahupo’o et un des rares Tahitiens a s’être lancé dans une carrière pro de surf de gros, s’était plusieurs fois illustré sur les vagues titanesques du spot portugais. Un passage obligé : depuis une dizaine d’années, Nazaré c’est, entre octobre et mars, la Mecque mondiale du « Big Wave Surfing », l’endroit où il faut être pour exister dans ce milieu qui vit de houles records et d’images à couper le souffle. « Tika », lui, n’y était plus retourné depuis plusieurs années.

Sa carrière avait marqué une pause en 2023, quand il avait pu enfin participé, après plusieurs invitations, à la Eddie Aikau, compétition mythique réservée aux meilleurs surfeurs de grosses vagues. « C’était la plus belle journée de ma vie », confie le Tahitien avec émotion. Même s’il s’était classé 27e sur les 32 pros présents ce jour-là à Hawaii, il avait vécu ce moment comme une victoire personnelle. Mais derrière cette réussite, un malaise : “Ces dernières années, j’ai fait beaucoup de choses par devoir, en oubliant le plaisir. Les sponsors me poussaient à aller ici ou là, à dire ci ou ça, et moi, je suivais. Après la Eddie, j’ai réalisé que je voulais penser à moi. Revenir à la vraie vie. Bien sûr, j’avais toujours envie de chasser les grosses vagues mais je ne pouvais plus, vu que mes sponsors ne suivaient plus. »

Une pause à Moz’, et ça repart

Sans soutien financier, il décide de prendre du recul. À Moorea, son île natale, il lance une activité de tours sur le lagon et profite d’une saison sans déplacements internationaux pour renouer avec Teahupo’o. La passe de Hava’e, comme souvent, lui sourit : en juin dernier, le Tahitien de 33 ans remporte le GoPro Challenge 360 avec une vidéo où il se filme dans un tube parfait au PK0. De quoi lui ouvrir de nouvelles portes. « Tout a changé quand Bo Bridges, un réalisateur renommé, m’a proposé de participer à son nouveau projet en 360, un film qui sortira en 2025, raconte-t-il. Puis, en juillet, j’ai rencontré Vincent Kardasik ». Un réalisateur et chef opérateur primé et réputé dans le milieu de la glisse, à qui le charger raconte son histoire. « Le soir même, il m’a rappelé pour me dire qu’il allait m’aider à revenir sur le spot ».

Depuis le mois d’août, Tikanui s’entraîne donc intensément pour être prêt à affronter les vagues de Nazaré. À la rame et pas en tow-in, tel est le projet. Il a bien sûr en tête son record personnel, une vague de 12 mètres, mais aussi d’autres objectifs, plus ambitieux, qu’il préfère garder à ce stade pour lui et pour les sociétés de production avec qui il a d’ores et déjà signé des contrats. Tout récemment fiancé, le Polynésien se dit motivé, préparé, excité par ce projet qui pourrait durer quelques mois. Mais il le sait, dans l’eau froide de l’Atlantique, et face à des géants des mers – la plupart des records du monde ont été battu à Nazaré, dont la plus haute vague jamais surfée en tow-in, à plus de 26 mètres en 2020 – tout peut arriver.  « Je peux aussi me planter. J’aurai peut-être trop peur au moment crucial. Mais je me dis que si tout cela arrive maintenant, ce n’est pas un hasard. C’est ma destinée. Peut-être que je n’y arriverai pas, mais je sais que je dois essayer. »

La Team Redbull à l’entrainement

À Praia do Norte – le spot de gros de Nazaré, qui est aussi, plus au sud, une station balnéaire des plus calmes – Tikanui Smith pourra croiser beaucoup de têtes connues. Il y a bien sûr les chargers qui viennent pour des projets personnels, mais ceux surtout, qui participe au « Nazaré Big Wave Challenge », organisé par la WSL avec une waiting period courant de novembre à fin mars. Quatre Français y sont invités cette année – dont Justine Dupont – aux côtés de l’Hawaiien Kai Lenny, du Brésilien Lucas Chianca ou de la légende Garrett Mc Namara, pionnier du spot en 2010. Mais pas de Tahitien pour cette édition. RedBull, partenaire de l’évènement, et qui dispose d’une base sur place, en a tout de même invités quelques uns, ces jours-ci pour un « camp d’entrainement ».

Kauli Vaast est de la partie, Michel Bourez aussi, aux côtés, de Italo Ferreira ou Micky Picon, ancienne star du surf français et de nombreux autres champions encore en activité ou qui continuent leur carrière hors compétition. Tous ont déjà pu eu le droit à une présentations techniques du spot, ont pu commencer à profiter des équipements et du matériel – visiblement pléthoriques – de leur sponsor sur place, et devraient s’entrainer ces prochains jours au surf en eaux froides et aux tow-in. La team Redbull n’a d’ailleurs pas oublié de faire venir les spécialistes de la Water patrol au Portugal. Naiki Vaast et Tahurai Henry, eux aussi arrivés il y a quelques jours, devait donc rapidement trouver leur place sur un jet-ski.

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