ACTUS LOCALESJUSTICE Toujours pas d’extension sur la pointe Tata’a pour l’Intercontinental de Tahiti Charlie Réné 2020-06-15 15 Juin 2020 Charlie Réné La société Tahiti Beachcomber, propriétaire de l’Intercontinental Tahiti, porte depuis longtemps un projet d’extension de l’hôtel sur cette pointe, dont elle possède une partie du foncier. Le projet avait été retoqué en 2017 par le Pays, au nom de la valeur culturelle et environnementale du site. Une décision une nouvelle fois validée par la cour d’appel de Paris. Le groupe hôtelier ambitionne depuis de nombreuses années de construire une extension de l’hôtel Intercontinental Tahiti sur la partie Sud de la pointe Tata’a, où il possède plusieurs parcelles à cheval sur entre les communes de Faa’a et Punaauia. Un projet de 40 appartements avait déjà buté, en 2009, sur l’opposition d’associations culturelles comme Rohotu Noanoa. Sept ans plus tard, TBSA avait mis sur la table un projet réduit à quatre suites de luxe logées dans un bâtiment de deux étages. Nouvel échec : après plusieurs mois de protestations locales, le ministre chargé de l’urbanisme avait rejeté la demande de permis construire en avril 2017. Une décision immédiatement attaquée par TBSA, mais validée par le tribunal administratif de Papeete un peu plus d’un an plus tard. La cour d’appel de Paris, dans une décision datée de la semaine dernière et relevée par nos confrères de Tahiti Infos, est allé dans le même sens. « Le projet est de nature, tant en raison de l’ampleur de cette construction qu’en raison de l’usage prévu, à porter atteinte au caractère de ces lieux et à dénaturer un lieu de mémoire et un site naturel dont la préservation a été expressément prévue par le législateur polynésien », écrit la cour d’appel. Pas de protection « délimitée », mais un intérêt patrimonial certain TBSA, avançait pourtant que « rien ne caractérise le caractère particulier du site ». La loi de Pays de 2014 portant création de la zone de développement touristique de Mahana Beach (et aujourd’hui attribuée au futur Village Tahitien) fait mention d’un périmètre de protection de la zone. Mais « le site n’a jamais été classé et le périmètre n’a pas été délimité », insiste la société Tahiti Beachcomber. Les juges, tout en relevant que la pointe Tata’a avait été inscrite dès 2006 à l’inventaire des sites archéologiques, historiques et légendaires des îles du vent, estiment en réponse que la loi « ne subordonne pas la possibilité de refus à l’existence d’une protection particulière ». En clair, il suffit que l’intérêt patrimonial du lieu soit établi pour motiver la décision du ministre. Et il semble l’être : « Il ressort des pièces du dossier que la tradition religieuse polynésienne situe le point d’envol des âmes sur la pointe Tata’a qu’elles quittent pour atteindre, au terme de pérégrinations, le monde des origines, ou Te Po, écrit la cour d’appel. Ce site qui revêt chez des Polynésiens un caractère sacré est, pour une partie importante de sa superficie, resté vierge de toute construction et conserve son caractère naturel ». Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)