Madrid (AFP) – Nairo Quintana continue de grimper: à 26 ans, le Colombien a conquis dimanche le Tour d’Espagne en dominant pour la première fois sur trois semaines le Britannique Chris Froome, triple vainqueur du Tour de France, dont il sera l’adversaire principal en juillet prochain.
Désormais, il ne lui manque plus que la Grande Boucle. Après le Tour d’Italie en 2014, le petit grimpeur de l’équipe Movistar est devenu le premier coureur colombien à compter deux grands Tours à son palmarès. Et le deuxième à remporter la Vuelta, près de 30 ans après le mythique Lucho Herrera en 1987.
Devant une importante diaspora colombienne venue l’encourager dans les rues de Madrid, Quintana a franchi la ligne en levant les bras au milieu du peloton, paré de son maillot rouge de leader et d’un cuissard assorti.
Le Colombien a été classé dans le même temps que le vainqueur du jour, le Danois Magnus Cort Nielsen (Orica-BikeExchange), lauréat de sa deuxième étape dans cette Vuelta après celle de jeudi.
Et Quintana a pu, enfin, savourer. « C’est un sentiment génial, très spécial, c’est un rêve devenu réalité », a-t-il commenté, troquant son habituelle impassibilité pour un franc sourire. « C’est une victoire importante du fait du cadre, des acteurs et des adversaires présents. »
– Souverain en montagne –
Au classement général final de cette 71e édition, le Colombien devance son grand rival Chris Froome (Sky), deuxième à 1 min 23 sec, qu’il n’avait jamais battu jusqu’ici sur un grand Tour. Un autre Colombien, Johan Esteban Chaves (Orica-BikeExchange), termine troisième à 4 min 08 sec.
Félicité par Froome à l’arrivée, le maillot rouge a également remporté le classement du combiné, tandis que l’Espagnol Omar Fraile (Dimension Data) a été sacré meilleur grimpeur, comme en 2015, et que l’Italien Fabio Felline (Trek-Segafredo) s’est adjugé le classement par points.
Tout au long des trois semaines de course, Nairo Alexander Quintana Rojas s’est montré le plus fort au sein d’un plateau très relevé, effaçant la relative déception de sa 3e place sur le Tour de France en juillet. Il succède au palmarès à l’Italien Fabio Aru, titré en 2015 mais absent cette année.
Souverain en montagne, Quintana s’est imposé au sommet de la mythique ascension des Lacs de Covadonga (10e étape), s’emparant du maillot rouge pour ne plus le lâcher.
Ensuite, il a réussi un sans-faute: sachant Froome supérieur en contre-la-montre, le Colombien est parvenu à distancer le Britannique lors d’un mémorable coup de poker sur la route d’Aramon Formigal (15e étape), avec l’appui de circonstance d’un maître-stratège, l’Espagnol Alberto Contador (Tinkoff, 4e du général final).
– Froome: ‘Nairo a été grand’ –
Et même si Froome a survolé l’exercice solitaire vendredi (19e étape), le Britannique doit finalement se contenter d’une nouvelle place de deuxième sur la Vuelta (2011, 2014, 2016).
« Nairo a été grand, son équipe Movistar aussi et je dois dire +Chapeau à eux+, parce qu’ils ont très bien couru. Ils méritent la victoire », a estimé Froome, beau joueur.
Pour Quintana, la suite s’annonce très prometteuse: il peut désormais ambitionner de rejoindre un club très fermé, celui des six coureurs ayant remporté les trois grands Tours.
Il lui faudra pour cela triompher sur le Tour de France, une épreuve dont il a déjà terminé deux fois deuxième (2013, 2015) et une fois troisième (2016)… A chaque fois derrière Froome.
Certes, le classement final de cette Vuelta doit être relativisé: essoré par le Tour puis les jeux Olympiques de Rio, « Froomey » (31 ans) n’était peut-être pas au sommet de sa forme.
Mais Quintana a sans doute fait sauter un verrou psychologique. Et il semble bien parti pour être un jour le premier Colombien à gagner la Grande Boucle.
« C’est un rêve que je garde en tête et j’espère qu’un jour il se réalisera », s’est-il promis.
© AFP JOSE JORDAN
Le coureur de la Movistar Nairo Quintana, vainqueur de « La Vuelta » 2016 à Madrid, le 11 septembre