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Tour en bois ou Papara ? Les JO toujours en eaux troubles

La tour en alu à 500 millions de francs, déjà construite et en partie payée, ne sera pas montée à Teahupo’o. Mais le gouvernement, qui prend de façon de plus en plus claire le parti des opposants au chantier, ne semble pas beaucoup avancer dans sa recherche d’alternatives avec Paris. L’homologation de l’ancienne tour en bois de la WSL, incertaine, reste la piste privilégiée. À défaut, le président Moetai Brotherson évoque sur TNTV l’option d’un changement de site vers la Taharu’u. Un flou inquiétant à moins de huit mois des Jeux.

Lire aussi : Paris 2024 veut fédérer et étudie des solutions pour éviter la nouvelle tour

Avis défavorable, à l’assemblée, ce lundi. La commission de contrôle budgétaire et financier étudiait un texte émanant de la présidence, et qui prévoit une rallonge pour la nouvelle tour des juges en alu de Teahupo’o 2024. Le projet, validé dans son principe sous la mandature d’Édouard Fritch en début d’année, avait vu son coût dépasser les 500 millions de francs, partagés entre le Pays et l’État. Les marchés ont été notifiés après les élections et l’essentiel de la structure a depuis été construite – et devra quoiqu’il arrive être payée. Mais elle attend toujours d’être installée. En votant contre ce texte qui ne faisait que constater le nouveau coût du chantier, les élus de la commission, à majorité Tavini, ont signifié leur opposition à tout le projet. Sans s’exprimer sur des alternatives.

Pas d’études mais beaucoup de likes

Au gouvernement aussi, on a fait une croix sur la tour en alu. Comme Moetai Brotherson avant elle, Nahema Temarii a répété en fin de semaine, depuis Paris, qu’elle respectait le combat des opposants à la tour. « Ils ne sont pas là pour faire du mal mais pour défendre leur patrimoine », explique la ministre pour qui il est « juste improbable de faire sans la population ». « La population » en question, ce sont ces collectifs locaux, notamment l’association Atihau, dont le vice président Milton Parker organise une manifestation qui devrait, aux dernières nouvelles, se tenir vendredi à Papeete. Autre association à la pointe de la contestation, Vai Ara O Teahupo’o menée par Cindy Otcenasek et Astrid Drollet, ne devrait finalement pas y participer. 

Risque « d’effondrement », que personne ne corrobore mais dont personne ne veut garantir l’inexistence, dégâts des travaux sur les coraux, qui semblent inévitables, mais qui sont difficilement estimables… Qu’importe la solidité des arguments, le fait est, comme le note Nahema Temarii, que les militants ont réussi a donner une « ampleur phénoménale » – et internationale – à leur revendication, grâce aux réseaux sociaux et à leurs relais dans le milieu du surf. « Il est de notre devoir aujourd’hui de travailler et retourner le sujet dans tous les sens pour trouver les solutions convenant à tout le monde », reprend ainsi la ministre, qui a eu l’occasion de discuter avec les représentants de l’État et du comité Paris 2024 ces derniers jours. Ces derniers, très discrets sur le sujet en un mois de polémique, seraient « prêts à revoir leur cahier des charges ».

Qui prendra la responsabilité d’une tour « artisanale » ?

Des « discussions ouvertes », donc, mais avec quelles pistes ? Ces derniers jours, la plus probable paraissait être celle de la tour en bois, montée chaque année pour la WSL, et qui, dès le début des discussions avec Paris 2024, avait été jugée inadaptée pour l’épreuve olympique. Son retour dans l’évènement implique de surmonter plusieurs défis en moins de huit mois, voire six, si on considère que la Tahiti Pro du mois de mai doit se passer dans les mêmes conditions que les JO. Un changement important des exigences des JO d’abord, avec moins de monde sur la tour, moins de moyens techniques, et moins de garanties de sécurité. Car le deuxième défi, c’est la certification de cette tour, que la WSL n’a jamais obtenue. « Il faudrait trouver un cabinet d’expertise qui soit prêt à prendre la responsabilité de certifier l’édifice, précise un connaisseur du dossier. Ce qui n’est pas facile quand on sait qu’il n’y aucun équivalent dans le monde et qu’elle est assez… artisanale ». Parmi les freins déjà évoqués, l’absence de plan d’assemblage, de calcul de charge ou la qualité du bois. Il faudra aussi trouver une autre utilité aux éléments de tour déjà construits, ce qui, à ce stade, provoque surtout des levées de sourcils dans le milieu. Car Teahupo’o, reef break aux vagues très creusés et éloignées de plus de 750 mètres du rivage ne ressemble à aucun autre spot de compétition. Raison pour laquelle l’option, un temps évoquée par les opposants, de monter la tour en alu à terre, sur la pointe Fare Mahora, parait des plus douteuses, pour la captation télévisuelle encore plus que pour les juges.

Taharu’u, impossible hier, possible demain ?

Au micro de TNTV, ce mardi, Moetai Brotherson en déplacement aux îles Cook, a pourtant évoqué une autre piste : déplacer les Jeux, tout simplement. « Le Pays avait proposé une option qui était d’organiser les Jeux à Taharu’u, qui est un beach break, qui est doté déjà d’infrastructures à terre qui nous auraient permis d’éviter tous les soucis qu’on a aujourd’hui, explique le président du Pays. À l’époque, ce n’était pas possible. Peut-être qu’au regard des enjeux et de la protestation qui est aujourd’hui existante, peut-être qu’on pourra réviser cette option. »

Une solution incertaine, donc, qui gâcherait aussi des années de communication sur « des JO sur la plus belle vague du monde »… Mais qui parait « la plus raisonnable » au chef du gouvernement en cas d’échec de l’homologation de l’ancienne tour. Le Pays attend les réponses sur cette question d’une mission qui doit rendre ses conclusions le 15 novembre. En attendant, de Paris à Papeete on retient son souffle, espérant que le dossier de la tour des juges ne fasse pas tourner toute l’épreuve de surf au fiasco. En commission ce lundi, un élu voulait en tout cas être clair : « Le gouvernement prend les décisions, il prend aussi la responsabilité. »

 

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