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Tourisme : la Polynésie, terre « d’expériences »

©Tahiti Tourisme

Les experts de Tahiti Tourisme sur les marchés extérieurs disent tous la même chose : le nouveau luxe, c’est « l’expérience ». C’est ce qui guide aujourd’hui, plus que la destination en elle-même, le choix des visiteurs, qu’ils soient américains ou français, en hôtel 5 étoiles, en yacht ou en pension de famille. C’est aussi une nécessité, alors que l’hôtellerie de luxe qui avait fait la réputation du fenua peine à se renouveler.

Gina Bunton, directrice des opérations internationales de Tahiti Tourisme, a réuni ses troupes la semaine dernière pour faire le portrait du touriste du futur et de ses besoins : « Les gens sont à la recherche de destinations plus durables, plus respectueuses de l’environnement et des populations. Ils veulent vraiment voyager autrement.» 

États-Unis : « sans produits nouveaux ou rénovations importantes dans le haut de gamme, on voit une diminution des séjours répétés »

Les visiteurs américains, dont les séjours sont plus courts que ceux des Européens, restent attachés à l’hôtellerie de luxe. Pour Kristin Carlson, représentante de Tahiti Tourisme en Californien, « c’est certain, si on considère la clientèle de luxe originaire des États-Unis, sans produits nouveaux ou sans rénovations importantes dans la catégorie haut de gamme, on voit une diminution des séjours répétés. On est très excités aux États-Unis par l’ouverture prochaine du Westin, même si ce n’est pas tout à fait comparable au Brando », dit-elle.  Alors oui, dit-elle, « il faut continuer à évoluer. Même en l’absence de nouvelles constructions sur le segment du luxe, on peut progresser sur le plan des équipements, des activités, des expériences. »

« L’expérience », les professionnels du tourisme n’ont que ce mot à la bouche. « Les études de marché nous montrent qu’aujourd’hui les clients recherchent d’abord l’expérience, avant le lieu. Et de plus, ils veulent au moins sept expériences par séjour. On doit élargir la palette de ce qu’on propose aux voyageurs », complète son collègue Jay Salyers. L’offre culturelle, ou plus exactement le sentiment d’accéder à une culture inconnue, est un facteur de plus en plus important pour le touriste américain, reprend Kristin Carlson. « De ce point de vue je dirais que nos concurrents les plus importants, ce sont l’Europe et le Japon. »

Le marché français fan de la petite hôtellerie

Le marché français s’intéresse aussi à « l’aspect culturel et immersif du voyage », mais plutôt aux petits hôtels et aux pensions de famille, au point que là aussi, « on arrive à une certaine saturation de la disponibilité », constate Mareva Maiti, représentante de Tahiti Tourisme à Paris.

Une attirance pour la petite hôtellerie qui s’explique aussi, complète-t-elle, par l’éloignement qui pousse les visiteurs de France à effectuer des séjours plus longs que les Nord-Américains – « on est à pratiquement trois semaines de moyenne, et ils étalent leur budget pour sortir du classique Tahiti-Moorea-Bora Bora. » Et Mareva Maiti constate avec plaisir la professionnalisation de ce segment hôtelier, grâce à la classification – qui pourtant ne couvre pas tous les établissements : « On en est très fier, on a des pensions de famille qui sont extrêmement demandées sur le marché français, et avec une amélioration constante de la valeur ajoutée des activités proposées par la famille, ça plaît beaucoup aux Français. »

Le yachting de luxe, un potentiel encore peu exploité

Alexandrine Wan, fondatrice de Nani Travels, s’est attachée depuis ses débuts à proposer, justement, ces « expériences » demandées par les visiteurs. Sa clientèle est à 80% française, 20% américaine, et elle veut développer sa clientèle chinoise. Elle parie sur une nouvelle définition du luxe en Polynésie, qui n’est pas nécessairement à trouver dans les suites sur pilotis : « Les gens qui ont énormément d’argent ont fait des hôtels bien mieux que ceux qui sont ici », dit-elle.

Alexandrine Wan dit travailler de plus en plus avec les yachts de luxe : « C’est une clientèle qui vient et revient. Ils sont déjà sur un hôtel de luxe itinérant, qui permet d’aller sur des îles complètement sauvages. Ça permet des expériences uniques, qui ne sont pas à la portée de tous. De ce point de vue, on a encore beaucoup de potentiel inexploité en Polynésie française. »

Tahiti Tourisme ne peut que se féliciter d’avoir orienté, dès 2015, sa communication vers la rencontre avec un pays et les gens qui y vivent. « Il fallait qu’on se différencie de nos destinations concurrentes, qu’on sorte de la dimension honeymooners. On voulait mettre en avant quelque chose qu’on ne pouvait pas nous voler. On a mis en avant la diversité des îles, des hébergements aussi. Aujourd’hui on voit ce travail porter ses fruits », note Gina Bunton. Mais là encore, la Polynésie a été copiée, et d’autres destinations mettent en avant le tourisme durable, la culture et l’accueil de la population. La réflexion dit donc se poursuivre : ce sera l’objet du prochain appel d’offres pour trouver l’agence de communication qui mettra en avant nos atouts.

 

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