ACTUS LOCALES

Le nouveau radar météo s’installera à Moorea plutôt qu’au Mont Marau

Malgré les remarques de l’opposition, le financement du nouveau radar de Météo France a bien été validé par l’assemblée. Le choix du site doit encore être affiné, mais, vu la complexité d’une installation au Mont Marau, c’est sur la côte Est de Moorea que l’instrument, qui doit permettre de prévoir avec beaucoup plus de précision les précipitations, devrait être implanté. Les dernières études seront lancées en 2025 pour une livraison opérationnelle entre fin 2027 et début 2028.

Le projet avait fait l’objet d’une passe d’armes à Tarahoi jeudi dernier. L’assemblée étudiait alors le contrat de développement et de transformation 2024 – 2027, négocié par le Pays avec l’État. L’opposition, par la voix d’Édouard Fritch s’était étonné de trouver dans la longue liste de projets cofinancés ce « radar météorologique », évoqué depuis de longues années par Météo France. « J’avais rencontré en novembre 2023 la directrice de l’antenne polynésienne, et nous avions bien parlé de ce projet de radar, notait alors l’ancien président devant l’assemblée. Il était question de mettre à disposition un site, des accès, mais à aucun moment il n’avait été question de participer à son financement ».

Moetai Brotherson, lui, a dit oui à cette participation : au terme du contrat de développement, le Pays et l’État verseront chacun 93 millions de francs pour le projet, Météo France complétant la note estimée à plus de 300 millions. Certes, comme le relève le leader du Tapura, Météo France est un établissement public de l’État, qui est d’ailleurs compétent au fenua en matière de sécurité publique. Mais comme l’a soulevé le Haussariat, l’inscription de ce projet au contrat de développement permettait de « réduire les délais » et probablement quelques années pour l’installation de cette infrastructure, jugée nécessaire par le président du Pays. Face à Édouard Fritch, Moetai Brotherson a d’abord rappelé que les gouvernements autonomistes ont eux aussi participé, à certaines occasions, au financement d’infrastructures théoriquement du ressort de l’État, par exemple sur le nouveau pôle de recherche de l’université. Mais il a surtout rappelé que depuis le début de la mandature, les évènements climatiques qu’a connu la Polynésie « ont coûté au bas mot, et rien que pour les indemnisations des personnes touchées, plus de 900 millions de francs ».

Localiser et mesurer l’intensité des grains et des orages

Ce nouveau radar permettra-t-il d’éviter de tels dégâts ? Pas tous, bien sûr, mais pour les spécialistes, il a de quoi aider. Car la Polynésie est le seul territoire ultramarin avec Mayotte à ne pas être couvert par un radar météorologique. La Nouvelle-Calédonie en compte trois, qui font d’ailleurs l’objet d’un cycle de renouvellement via les contrats de développement. En l’absence de tels équipements, les prévisionnistes du fenua ne peuvent s’appuyer actuellement, pour étudier les risques de précipitations notamment, que sur des observations satellites. Important pour voir le déplacement des grandes masses nuageuses, mais depuis 900 à 36 000 kilomètres au-dessus de la Terre, il est bien difficile de connaitre l’épaisseur d’un nuage, les masses d’eau qui y sont rassemblées, leur déplacement à basse altitude… Et, au final, de prévoir l’intensité et la localisation exacte des précipitations à venir.

C’est exactement ce à quoi doit servir ce nouvel instrument, un « radar de bande C » de 1,6 tonnes – sans la tour sur laquelle il doit être installé – et dont la portée atteint les 200 kilomètres. « C’est un peu comme passer d’une image radio à un scanner. Ce radar, il permet de voir en 3D », vulgarise un connaisseur. L’instrument ne servira en rien à améliorer la précision à moyenne et longue échéance, toujours difficile dans un pays où se conjuguent grands espaces maritimes et météo de montagne. Mais les observations instantanées du radar doivent permettre de mieux prévoir, dans les deux ou trois heures suivantes, les déplacements des grains et orages… Et donc de mieux organiser les alertes à destination de la population, des autorités, ou même des avions.

Foncier, accès et visibilité… Le mont Marau finalement pas si idéal

Le radar est enfin financé, donc, reste à l’installer. Au Mont Marau, comme c’était jusque là évoqué ? Non. Météo France et les autorités ont renoncé à ce sommet qui domine la zone urbaine. Il présentait pourtant un avantage de poids : une tour radar y est déjà construite, avec une « boule » très reconnaissable, quelques mètres en dessous des antennes de télécommunication, et qui abrite actuellement un radar aéronautique. Cet instrument, toujours opérationnel, n’est plus utilisé qu’en « back-up » par la tour de contrôle de Tahiti – Faa’a, qui s’appuie plutôt – et bientôt exclusivement – sur des systèmes satellitaires pour localiser les avions. L’idée était d’utiliser la structure, et de ne remplacer que le matériel.

Mais le site du Mont Marau présente aussi des inconvénients. « Des problèmes de maitrise du foncier », note-t-on du côté du Haussariat, mais surtout des problème d’accès au site : la route du Mont Marau est de plus en plus difficilement praticable – pas seulement à cause des chiens – et son entretien est un sujet de tensions récurrentes entre autorités, usagers et propriétaires fonciers. Qu’importe pour Météo France qui voyait aussi des limites techniques à ce site : 1350 mètres d’altitude, c’est, paradoxalement, trop haut pour observer correctement le déplacement des masses d’eau aériennes. Les regards se sont donc tournés vers l’autre côté du chenal : quoi de mieux que Moorea pour avoir une vue dégagée sur Tahiti.

Déjà un petit radar à l’aéroport de Temae

Météo France peut en plus profiter, sur l’île sœur, d’une expérimentation menée depuis le début d’année dernière : une radar de bande X, de plus petit format et plus faible capacité, a été installé à l’aéroport à des fins d’expérimentation. Le test n’est pas terminé, mais tout indique à l’heure actuelle qu’un plus gros radar pourrait être « bien localisé » sur le site de Temae. Un « site d’intérêt », donc, mais « rien n’est arrêté », précise-t-on entre le Haut-commissariat et Météo France. Deux autres sites, toujours à Moorea, sont notamment à l’étude. Il s’agira d’évaluer leur potentiel technique, le coût de la construction sur place – le radar doit être installé sur une structure métallique, avec tout de même une importante base de béton pour la fixer et pour abriter les équipements électroniques et électriques qui y seront liés – ainsi que leur acceptabilité par les populations avoisinantes.

Côté calendrier, le cadre est en tout cas posé : « le début des études est prévu en 2025 pour une livraison opérationnelle en 2027, ou début 2028, en fonction des éventuels aléas de chantier ».

Article précedent

Terevau : la navette à l'arrêt, les équipes au "chômage technique"

Article suivant

Journal de 12h, le 03/05/2024

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Le nouveau radar météo s’installera à Moorea plutôt qu’au Mont Marau