Armateurs, représentants des communes et des services du Pays – Affaires maritimes, Direction de l’environnement, Direction de l’équipement, DGEE, Port autonome, Affaires économiques – étaient vendredi à la présidence pour la première réunion de l’observatoire du transport maritime interinsulaire. Les élus ont exprimé leurs demandes, dont certaines devraient être satisfaites par les projets en cours de plusieurs armateurs.
L’observatoire, issu du schéma directeur des déplacements durables adopté en 2015 et de la loi du Pays sur les obligations de service public de 2016, doit collecter et diffuser les informations économiques et statistiques relatives au transport maritime, et chaque année avant la fin du mois de juin, « proposer au gouvernement des projets et des solutions concrètes au bénéfice des habitants des îles éloignées. » Le gouvernement souligne que « le système actuel est unique au monde. Aucune entité similaire à la Polynésie ne dispose aujourd’hui d’un tel maillage de navires ». Un système difficile à optimiser pour satisfaire tout le monde, comme l’explique Catherine Rocheteau, la directrice des Affaires maritimes.
Les élus des archipels ont exprimé leurs demandes : tarif du fret, notamment réfrigéré, transport et qualité du carburant, manque de liaisons intra-archipels, difficultés d’accostage aux Marquises en raison des navires de plaisance au mouillage, concurrence des taxi-boats sans licence entre Raiatea et Tahaa, longueur des rotations inadaptée aux produits périssables… Beaucoup d’îliens se plaignent de la fréquence des passages des navires. Le ministre en charge des transports interinsulaires, Jean-Christophe Bouissou, reconnaît la nécessité de mieux réguler cet aspect.
Également au cahier des doléances des îliens, les infrastructures pour accueillir les navires. Le gouvernement rappelle qu’un programme de travaux est en cours
Les projets des armateurs
Une régulation et des infrastructures d’autant plus nécessaires qu’il y a plusieurs nouveaux projets du côté des armateurs.
Le Terevau Piti, pour 675 passagers ,375 tonnes de fret et 65 véhicules, qui est en construction depuis un mois et doit être mis en service début 2021. Il desservira Moorea, mais sa licence prévoit aussi 9 touchées par an aux Îles Sous-le-Vent
Le Tia’i de la SNC Degage, un cargo mixte de 400 tonnes qui desservira les Tuamotu Centre à partir de janvier 2020. Il pourra accueillir 150 passagers en salon, et 28 en cabines. Il servira notamment à l’acheminement du poisson pêché aux Tuamotu et Gambier par la flotte de pêche de l’armateur qui a renoncé à se positionner aux Marquises.
Le Dory 2, de la SNC Agnieray, identique au Tia’i, remplacera le Dory âgé de 42 ans sur les Tuamotu Ouest à partir de février 2020. La puissance de levage de sa grue passera ainsi de 9 à 35 tonnes, une avancée pour le transbordement des matériaux de construction.
L’Aranui 6, similaire à l’Aranui 5, est actuellement en construction en Chine. Romina Wong décrit le projet, qui va poursuivre le développement des croisières culturelles internationales :
Le transport maritime polynésien en chiffres
- Il y a 14 compagnies maritimes exploitant 21 navires, dont 10 ont plus de 30 ans, deux navires du Pays et 3 navires communaux.
- Le chiffre d’affaires global des compagnies maritimes est de 10 milliards de Fcfp par an.
- Leur résultat d’exploitation global avoisine les 475 millions de Fcfp.
- 80% du chiffre d’affaires est généré par le fret et les passagers, 10% par les ventes à l’aventure.
- Les compagnies maritimes transportent 1,8 million de passagers par an, dont 99% entre Tahiti et Moorea.
- Elles transportent aussi 440 000 tonnes de fret par an, hors véhicules. 38% du fret concerne les Îles du Vent, 33% les Îles Sous-le-Vent.
- Sur les voyages à partir de Tahiti, 26% du fret est constitué de denrées alimentaires, et 20% de matériaux. Aux voyages retour, 26% du fret est constitué de déchets (21 000 tonnes, dont 20 000 en provenance de Moorea), 17% de coprah (soit 14 000 tonnes), et 10% de produits agricoles.