Brett Taiarui, âgé de seulement 22 ans, a été condamné lundi à 13 ans de réclusion criminelle pour avoir battu à mort l’un de ses colocataires et amant en août 2015 à Raiatea.
Lundi, un troisième et dernier dossier de coups mortels a refermé la deuxième session des assises de l’année au palais de justice de Papeete. Brett Taiarui, 22 ans, était jugé pour avoir frappé à mort Christophe, un trentenaire qui vivait dans la même maison familiale et avec qui il entretenait des relations sexuelles aussi épisodiques qu’inassumées. Le 30 août 2015, la victime avait ramené deux bouteilles de whisky après le travail. Les deux hommes, le frère de l’accusé et deux jeunes amis mineurs avaient bu ensemble.
C’est au cours de cette soirée que Christophe avait proposé une fellation à Brett. Ce dernier avait accepté, sous l’oeil des trois autres convives. Plus tard dans la nuit, l’accusé avait été réveillé par des bruits dans la maison. Encore largement alcoolisé, Christophe s’énervait dans la cour de la maison et, en apercevant Brett, avait tenté de lui jeter une bouteille de Pastis avant de s’enfuir, de se prendre les pieds dans des fils barbelés et de chuter à terre. L’accusé l’avait alors rattrapé et s’était déchainé sur lui. Le frappant avec le talon au thorax, lui cassant le bras, et le martelant de coups de poings sur le visage.
L’accusé a même reconnu ne s’être arrêté de frapper qu’après avoir « eu mal au poignet ». La victime était alors inconsciente et n’avait jamais pu être ranimée malgré l’intervention des secours. « Son thorax était trop mou pour effectuer un massage cardiaque », expliquait le médecin urgentiste.
Une violence extrême
Lundi lors de l’audience, le médecin légiste a énuméré les nombreux traumatismes découvert sur le corps de la victime. Une fracture du crâne, l’ensemble des côtes brisées, des fractures au pancréas, au foie, à la rate et surtout un éclatement du cœur. Finalement c’est un « polytraumatisme osseux et vicéral » qui a causé la mort du trentenaire. Impossible, pour l’accusé, d’expliquer pourquoi il avait fait preuve d’une telle violence. « Je voulais lui donner une leçon », a-t-il déclaré devant les jurés sans démontrer plus d’intérêt pour la victime tout au long du procès.
Homosexualité refoulée contre victime « perverse »
Selon l’expert psychiatre, c’est la nature de sa relation avec la victime qui est à l’origine de cette violence. « Il avait une agressivité manifeste et ancienne à l’égard de la victime parce qu’il révèle une tendance homosexuelle jusque là refoulée ». Dans le box, l’accusé a affirmé avoir été « harcelé » par la victime. Il a d’ailleurs nié les relations sexuelles à plusieurs reprises durant l’audience. Ne les reconnaissant finalement que face au témoignage de son frère, à qui il avait montré une vidéo d’une des fellations.
L’avocat de l’accusé, Me Céran-Jérusalémy, a d’ailleurs insisté sur le « harcèlement » dont aurait été victime son client. L’avocat a insisté sur le passé judiciaire de la victime, condamnée auparavant en 2010 pour agression sexuelle sur l’une de ses nièces…
Peine maximale requise, 13 ans prononcé
L’avocate général, Brigitte Angibaud, a dressé le portrait de l’accusé « violent et méchant quand il avait bu », « qui ne faisait rien de ses journées à part regarder la télé et jouer à la playstation ». « Brett profite des besoins de Christophe, mais il s’en veut et il lui en veut parce qu’il ne s’aime pas dans ce rôle de prostitué. »
Le ministère public a requis la peine maximale, 15 ans de réclusion criminelle. Les jurés ont finalement condamné Brett Taiarui à 13 ans de réclusion.