Le tribunal s’est intéressé à une affaire d’agressions sexuelles incestueuses étalées sur sept années. Un cas particulièrement sordide, tant par les faits que la personnalité de l’accusé qui ne semble pas être conscient de la gravité de ses actes. Il a été condamné à cinq ans de prison dont deux de sursis. Un mandat d’arrêt a été délivré à son encontre car il était absent lors du délibéré.
L’accusé a la quarantaine, l’allure et le physique d’un adolescent. Il ne porte pas sur lui les onze ans qu’il a effectués au sein de l’armée et les divers terrains d’opérations où il a été envoyé. Il est accusé d’avoir agressé sexuellement sa fille, âgée de huit ans lors de ses premiers attouchements. Des faits qui ont perduré pendant sept années. Ce n’est qu’en 2022 que la désormais jeune femme s’est décidée à porter plainte sur les conseils de sa tante à qui elle s’était confiée.
Absente au procès, le juge a lu sa déposition. « On vivait à l’époque en métropole et entre mes huit ans et mes quinze ans, il me touchait. La première fois, il m’a touché le sexe et moi je ne comprenais pas ce qu’il me faisait, ça me chatouillait alors j’ai ri et là il m’a dit : arrête de rire et fait oh oui, oh oui. Et il se masturbait. Depuis j’ai compris qu’il voulait que je pousse des cris de jouissance.» Moment de silence et de gêne dans la salle.
Le juge toise l’accusé qui semble déconnecté de la réalité du moment. Il explique, « ça n’allait plus dans ma tête, j’ai fait de la merde et je ne pouvais pas me retenir. » « Il y a des tas de choses pour assouvir vos pulsions, assure le juge qui énumère, les films pornographiques et même le recours à la prostitution. » Pas de réponse.
Le magistrat poursuit la lecture, « il frottait son sexe contre le mien et après il s’essuyait sur mon pyjama. Au début je ne savais pas ce qu’il essuyait, maintenant je sais. » Elle raconte que son géniteur la filmait sous la douche et prenait des photos de son entrejambe. Un jour, elle s’est plainte à sa mère, « papa fait des choses sur moi, elle m’a demandé, est-ce qu’il pique dedans ? j’ai dit non. » La mère a bien tenté de faire quelque chose, « mais elle avait peur de mon père, il la battait. Ils se sont disputés mais il a tout de même continué. (…) je n’en veux pas à ma mère »
« Je regrette ce que j’ai fait, mais elle un peu exagéré quand même. »
« J’étais en dépression et je ne savais pas comment gérer mes envies » est la seule explication avancée par l’accusé. Un accusé dont un psychologue a brossé un portrait plus qu’édifiant : « Il n’est pas affecté par les souffrances qu’il inflige aux autres (…) il ne pense qu’à lui. Il a peur de ce qui peut lui arriver comme la perte de son emploi. » « Je regrette ce que j’ai fait, mais elle un peu exagéré quand même », a déclaré le père à la barre, sans aucune trace d’émotion.
Quant à sa victime, elle a fait aussi l’objet d’une expertise : « Elle n’a pas tendance à l’affabulation, il n’y a pas d’anomalie mentale mais elle est dans un état post-traumatique, elle est repliée sur elle-même. Elle consomme du cannabis, elle ne peut pas avoir de relation sexuelle avec un homme et cherche les situations où elle se met en danger pour avoir l’impression de le dominer. Elle éprouve de la haine envers son père.»
Après en avoir délibéré le tribunal l’a condamné à une peine de à cinq ans de prison dont deux de sursis et une amende de 1,2 millions de dommages-intérêts. Un mandat d’arrêt a été délivré à son encontre car il était absent lors du délibéré qui est tombé dans l’après-midi.