ACTUS LOCALESENVIRONNEMENT Trois ans pour connaître les raies manta sur le bout des ailes Lucie Rabreaud 2025-01-24 24 Jan 2025 Lucie Rabreaud ©Alice Carpentier Une vaste étude lancée par l’Observatoire des requins en Polynésie va permettre d’identifier et de suivre les raies manta en Polynésie. Il s’agit d’avoir une idée plus précise de l’état de santé de la population et surtout d’en apprendre davantage sur leurs habitudes de vie. Où vivent-elles ? Où vont-elles ? Les deux espèces présentes en Polynésie, la raie manta océanique et celle de récif, vont être étudiées. L’objectif final est bien sûr de mieux les protéger. Tout a commencé par la collecte de photos pour créer une base de données et identifier les raies manta et dix années plus tard, c’est un programme bien plus large qui est lancé. Désormais, il s’agit d’étudier et de protéger les deux espèces présentes dans les eaux territoriales : les raies manta de récif et les raies manta océaniques (qui peuvent mesurer jusqu’à 7 mètres). Les photos-identification vont continuer mais les scientifiques vont également faire des comptages et des analyses génétiques, explique Alice Carpentier, la biologiste qui mène ce nouveau programme pour l’Observatoire des requins de Polynésie. Les raies manta seront notamment suivis avec des balises acoustiques (rien à voir avec le bruit que pourraient faire les animaux, il s’agit d’une puce posée sur eux qui bipent à chaque passage devant une balise). Les études avaient déjà commencé mais c’est le premier projet de cette ampleur, précise Alice Carpentier. « On a fait un premier état des lieux en 2022-2023 grâce à un financement de la Diren et on a finalement eu plus de questions que de réponses. On s’était rendu déjà dans beaucoup d’îles pour commencer à collecter des données sur le terrain et aussi collecter des témoignages avec les populations. Et c’est là qu’on s’est rendu compte de l’ampleur du projet de recherche, si en tout cas, on veut comprendre les populations de raies manta en Polynésie. » https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2025/01/RAIES-MANTA-ampleur-projet.wav Une population en baisse, classée en danger par l’UICN Ce programme va permettre de connaitre plus précisément l’état de santé de la population et de faire un recensement, de mieux connaitre les raies manta, savoir où elles vivent, comment elles se déplacent, et donc quelles sont les menaces qui pèsent sur elles, pour mieux les protéger. L’idée est de créer une réglementation adaptée et un protocole d’intervention d’urgence en cas de captures accidentelles ou d’animaux blessés. « Elles sont en danger dans la liste de l’Union internationale de la conservation de la nature. On a déjà vu que sur certaines îles, il y a de moins en moins de raies manta. C’est le cas par exemple de Bora Bora, on a des chiffres de 2002-2005, des données anciennes qui avaient été collectées par une association et on voit qu’aujourd’hui, il y a moins de raies manta à Bora Bora qu’il y a une quinzaine d’années. Donc on a vu qu’elles sont fragiles. En fait, elles se reproduisent très lentement. » https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2025/01/RAIES-MANTA-danger.wav Une raie sur trois blessée par l’homme Un seul bébé par portée et seulement tous les deux à sept ans en moyenne, précise Alice Carpentier. La population peut donc très vite disparaitre. C’est déjà le cas sur Tahiti et Moorea. Selon la scientifique, les anciens racontent qu’ils en voyaient beaucoup qu’aujourd’hui, surtout lors de la saison des ature où elles venaient dans les baies. Mais depuis, le développement humain les a chassées. Les raies manta ont cette spécificité de très bien voir sur les côtés, car les prédateurs attaquent plutôt sur l’arrière, mais pas très bien devant elles. Et malheureusement, les lagons sont aujourd’hui pollués. « On a déjà fait des études sur les blessures observées grâce aux photos, car on a collecté plus de 5 000 photos, ce qui nous a permis d’identifier plus de mille raies manta de récifs dans les îles de la Société. Et dans les îles de la Société, on a ce chiffre, assez alarmant, une raie manta sur trois est blessée par l’homme. Les blessures qu’on observe le plus sont les filets dans lesquels elles s’emmêlent, les hameçons ou les hélices. » https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2025/01/RAIES-MANTA-blessures.wav Et c’est aussi l’activité touristique qui représente un danger. Cette étude doit permettre de l’encadrer avec une charte. Ce programme a démarré en octobre dernier pour trois ans et est financé par la Diren dans le cadre des actions prévues par le plan de gestion de l’Aire Marine Gérée – Tainui Atea (ZEE) et par l’Office français de la biodiversité. L’Observatoire des requins de Polynésie est preneur de toutes les photos ou vidéos prises de raies manta : il est possible de les envoyer sur la page Facebook : Mantas de Polynésie ou par mail : mantasdepolynesie@gmail.com. ©Alice Carpentier Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)