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Trois coureurs gravement blessés par des chiens au mont Marau

Un couple et leur amie, sortis s’entrainer au trail sur le sentier du Mont Marau, ont été sévèrement blessés par des chiens au-dessus de la décharge de Saint-Hilaire. 60 points de suture pour l’une, 20 pour l’autre, les victimes sont sous le choc, « heureux d’être en vie », mais aussi en colère. Ils déposeront plainte ce mardi, souhaitant que le propriétaire de ces chiens soit mis devant ses responsabilités.

Leur témoignage est poignant. L’attaque n’a duré que quelques minutes mais chacun a eu peur pour sa vie. Ils étaient un groupe de huit personnes parties en montagne au mont Marau pour leur entrainement habituel en vue des prochains trails organisés à Tahiti et à Moorea. Partis de bonne heure samedi, c’est en fin de matinée, lors de la descente que l’attaque a eu lieu. Les traileurs se trouvent alors sur la portion reliant la déchetterie de Saint-Hilaire, au niveau d’un portail situé à 2 kilomètres du parking. Un chemin fréquenté, mais qu’ils savent critique : des chiens agressifs s’y font régulièrement entendre, mais « jusqu’à présent, s’étaient toujours tenus à distance, et n’étaient jamais venus au contact ».

Dans la descente, chaque personne du groupe trottine à son rythme et est plus ou moins isolé. Mauvaise surprise, les chiens sont sortis et attaquent Aurélie, la première à arriver à cet endroit. Elle se retrouve encerclée par trois chiens et l’un d’eux se jette sur son bras. « Ça a été vraiment des secondes intenses parce qu’on n’a pas le temps de réfléchir. Quand il s’est jeté sur mon bras, je tenais un bâton dans la main droite et je pense avoir fait ce qu’il fallait pour qu’il se détache, il s’est rapidement détaché. Malheureusement dans l’action, j’ai trébuché sur une racine en marchant en arrière et je me suis retrouvée à terre, ça a été le moment le plus critique pour moi où je savais qu’il fallait que je m’en sorte sinon ils se jetteraient tous les trois sur moi. »

« J’ai cru que j’allais mourir »

En reculant, en hurlant, en faisant de grands gestes, et avec la chance d’attraper un bâton qui trainait elle parvient à s’éloigner. « J’ai cru que j’allais mourir. On est seul, on crie tout ce qu’on peut et il n’y a personne pour nous venir en aide. » Très vite, elle pense à ses amis, derrière elle, et veut les prévenir mais son téléphone est tombé dans la bataille et elle ne peut pas retourner sur place. Elle rejoint sous le choc le parking espérant trouver quelqu’un mais quand elle parvient enfin à prévenir le groupe, son amie, Emma*, a déjà été attaquée.

Elle est la plus sévèrement blessée et compte 60 points de suture aux jambes et à la fesse. Un de ses mollets est déchiqueté. « A un moment, je vois un chien qui arrive devant moi puis deux derrière moi. Le plus gros m’attrape le mollet et il m’a bouffé le mollet, il croquait, il revenait, il recroquait. J’étais sidérée », raconte-t-elle. C’est en hurlant et criant qu’elle parvient à se libérer des chiens puis s’éloigner. Elle appelle le Samu qui mobilise les pompiers de Faa’a… Qui la rappelle, et l’interroge à leur tour sur sa position.

« Il m’a dit que de toute façon il ne pouvait pas venir avec sa voiture donc il m’attendrait au parking. Mais le parking était encore à 2 kilomètres, je n’allais bientôt plus pouvoir marcher et il était possible que je m’évanouisse, j’étais dans un état gravissime mais non, il m’a dit qu’il ne viendrait pas, dénonce la victime. J’ai appelé un copain à moi qui a une Jeep, je voulais qu’on vienne me chercher, il fallait que je m’en aille. J’avais peur que les chiens reviennent, de tomber par terre, qu’ils me bouffent en entier, c’était terrible. Heureusement il est arrivé en 10 – 15 minutes. Il m’a mise dans la voiture et j’ai su que j’étais sauvée. »

« J’ai survécu à un truc de fou »

C’est ensuite le mari d’Emma* qui sera attaqué, moins gravement que sa compagne. Celle-ci, emmenée à la clinique Paofai, a dû subir une grosse opération pour reconstituer sa jambe. Elle ne peut pas marcher et a interdiction de poser le pied par terre. « Je bénis le ciel d’être vivante aujourd’hui. J’ai eu la chance de ma vie en fait. J’ai failli crever et non je m’en suis sortie. Quand ils m’ont bouffé l’autre jambe, je me suis dit si je tombe par terre… Ils cherchaient, ils sautaient sur moi, ils essayaient de… Ils sont plusieurs, ils s’y prennent à droite à gauche, tu ne peux pas t’en sortir. Donc aujourd’hui mon état d’esprit, c’est alléluia. Mon mari est très en colère, moi je suis en mode j’ai survécu à un truc de fou. Je souffle. Je n’irai plus jamais marcher en montagne parce que je suis traumatisée, je réentends les chiens… »

Les traileurs doivent aller porter plainte ce mardi, en espérant voir le propriétaire des chiens devant les tribunaux. « Nous allons monter un gros dossier avec Me Gilles Jourdainne pour que cette personne ait l’interdiction d’avoir des chiens et qu’elle nous dédommage. » Aurélie trouve « cette situation catastrophique » : un mort à Raiatea, une autre au stade de Pirae, recensement de 11 morsures par mois à Huahine, trois victimes à Pamatai… « Je pense qu’il y a un vrai problème et une vraie sensibilisation à faire. Il y a le dossier des chiens errants qui doit être traité mais aussi la condamnation des propriétaires de molosses qui pour l’instant se sentent en impunité totale. Il est probable que ces chiens soient euthanasiés mais demain il ne reprendra trois autres qui seront tout aussi agressifs. Si on ne fait rien au niveau des propriétaires, rien ne changera. Et on se sentira toujours menacés et il y aura des accidents jusqu’à arriver à un drame. »

Selon nos confrères de TNTV et Polynésie la 1ere  la police municipale de Faa’a s’est rendue sur les lieux de l’attaque ce lundi pour tenter de retrouver les chiens sans succès. Contactée, la mairie de Faa’a n’a pour l’instant pas fait de commentaire.

*son prénom a été modifié à sa demande

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3 Commentaires

  1. DOMINIQUE BOLMONT GAZEAU
    16 avril 2024 à 3h05 — Répondre

    Je suis une des 3 victimes agressées par 3 chiens à Pamatai le 22 janvier 2021. 3 ans 1/2 après, le procès contre e propriétaire des 3 chiens à Papeete n’est toujours pas clos. PROCHAINE AUDIENCE DEMAIN, 17 AVRIL.. blessures graves, chirurgie, hospitalisation, rapatriement sanitaire, séquelles graves surtout pour mon mari qui ne retrouvera jamais la fonction normale de son genou qui n’a plus qu’un ligament, sans parler du traumatisme psychologique après une telle attaque et la peur des chiens. Nous attendons toujours les dommages et intérêts que doit nous verser le propriétaire. QUE LES AUTORITES SE DECIDENT A FAIRE QUELQUE CHOSE !! Ca s’aggrave et rien ne bouge ! Vive les JO à la presqu’ile où les chiens errants sont partout. Pensées aux surfeurs, aux touristes, en espérant qu’ils n’aient pas à vivre ce cauchemar dans ce pays soi-disant « de rêve » !

  2. 16 avril 2024 à 7h23 — Répondre

    D’abord il faudrait que les vétérinaires prennent leurs responsabilités et n’hésitent pas à classer les chiens dangereux dans la bonne catégorie. Ensuite que la police municipale fasse son boulot et sanctionne les propriétaires contrevenants comme ils le méritent. Les muselières ça existe et pour certains chiens c’est obligatoire sur la voie publique. Sans parler des chiens errants ou divagants qui pullulent. Ce n’est malheureusement pas la 1ère fois que ce genre de drame arrive. Cela se reproduira. Trop de laxisme…

  3. SBaron
    16 avril 2024 à 7h27 — Répondre

    Bravo, les pompiers qui ne peuvent pas monter, ils manquent sérieusement d’entraînement s’il ne peuvent pas monter 2 km/h à pieds pour sauver une personne en danger!!! Trop gros?

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