Le colloque sur le cannabis en Polynésie, à l’initiative de Moetai Brotherson, se tient sur trois jours à partir de mardi, dans le grand amphi de l’Université de la Polynésie française. À chaque jour sa thématique : droit, santé, économie. 45 intervenants, en présentiel ou à distance, sont prévus au programme. Le grand public pourra y assister, sur inscription dans la limite de 100 places, ou sur la chaîne YouTube de l’UPF.
« Trois jours intenses », c’est ce que promet le député Moetai Brotherson qui travaille à l’organisation de ce colloque depuis deux ans. Il ne s’agit pas de faire du prosélytisme, dit-il, mais de « poser le débat » au-delà des « discussions de comptoir », un débat qui charrie aussi des « illusions » : le responsable Tavini se garde d’y voir un « Eldorado » qui apporterait « des millions pour tous » : « la réalité est plus prosaïque et exigeante. Il y a des choses qui sont possible ici, d’autres qui sont hors de portée. »
« Je pense que c’est un sujet qui intéresse de nombreux Polynésiens, qui doit être débattu, c’est pour ça qu’en tant que responsable politique j’estime qu’il faut organiser cet espace de débat.»
Moetai Brotherson s’intéresse à l’alignement de la législation sur l’état de la société, qui a beaucoup évolué ces dernières années, dit-il. C’est pourquoi il a commandité une enquête d’opinion, réalisée en ligne en juin dernier, dont les résultats seront dévoilés en préambule du colloque. Plus de 1 000 personnes ont répondu à 75 questions, « et les chiffres démontrent le décalage entre la perception et l’usage d’une part, et l’état de la loi d’autre part. »
Chacune des trois journées sera consacrée à un grand sujet autour du cannabis. La première fera un état des lieux du droit dans différentes parties du monde, la deuxième des aspects santé, positifs ou négatifs, et la troisième journée sera dédiée à l’économie du cannabis.
Le Pays participe, pas l’État
Le colloque sera ouvert mardi matin par le président de l’UPF, Patrick Capolsini, et par le président Édouard Fritch ainsi que le ministre de la Santé Jacques Raynal. En revanche, ni les autorités de l’État ni les représentants de la Justice n’ont donné suite à l’invitation lancée. « Parce que le sujet est sensible et visiblement parce qu’on est en période pré-pré-électorale », dit Moetai Brotherson. Difficile aussi de trouver des scientifiques locaux, car la recherche sur les substances illicites est interdite.
Mais les intervenants polynésiens seront nombreux : parmi eux, Me Millet, la pharmacienne de l’Arass Vanessa Le Gal, les docteurs en chimie Taivini Teai et Isabelle Vahirua-Lechat, la tradipraticienne Jenny Torea, la députée Nicole Sanquer, et les présidents des associations militantes Karl Anihia (Tahiti Herb Culture), Philippe Cathelain (Institut polynésien du cannabis) et Tumata Vairaaroa (Tahiti huile thérapeutique). On note aussi le retour au fenua pour cette occasion du Dr Christian Sueur, qui fut responsable du service de pédopsychiatrie du CHPF de 2007 à 2017, aujourd’hui président du Groupe de recherche et d’études cliniques sur les cannabinoïdes (GRECC)
L’exemple portugais
Parmi les intervenants qui ont pu faire le voyage, particulièrement attendue est l’intervention du sociologue Nuno Capaz, vice-président de la commission de Dissuasion des drogues au Portugal, où l’usage de toutes les drogues a été dépénalisé il y a 20 ans. Il tirera un bilan de cette politique, qui s’accompagne d’aides aux personnes en situation d’addiction.
Un bilan qui semble positif au Portugal, mais Moetai Brotherson tempère : « Il faut toujours se méfier des copier-coller, parce que ce qui fonctionne au Portugal peut ne pas fonctionner chez nous. D’autres pays ont dépénalisé avec beaucoup moins de succès, parce qu’ils n’ont pas, en même temps que la loi, mis en place l’organisation des services qui doit accompagner ce changement de loi. »
Et l’économie ?
Le colloque sera aussi l’occasion de confronter plusieurs approches économiques de la dépénalisation, voire de la légalisation du cannabis : industrie monopolistique ou modèle coopératif ?
Une nouvelle proposition de loi à l’Assemblée nationale en janvier prochain
À la fin du colloque, Moetai Brotherson présentera une proposition de loi sur le cannabis en Polynésie française, qu’il introduira à l’Assemblée nationale en janvier 2022, et proposera une finalisation collective de cette proposition aux intervenants du colloque. Un sondage en ligne sera mené en simultané pour combler les « trous » qu’elle pourrait comporter.
Infos pratiques
LE CANNABIS EN POLYNÉSIE, ENTRE JUSTICE, SANTÉ ET ÉCONOMIE 16-17-18 novembre 2021 à partir de 7h30 Amphi A1 de l’Université de la Polynésie française Également en streaming live sur la chaîne YouTube de l’UPF.
100 places dans l’amphithéâtre seront disponibles lundi 15 par inscription en ligne, sur la page Facebook de Moetai Brotherson et sur le site/FB de l’UPF.
Le lien ne sera mis en ligne et actif que lundi à 10 heures.
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Le programme complet des trois journées du colloque :