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Trump, cauchemar des féministes britanniques

Manchester (Royaume-Uni) (AFP) – De quoi parle-t-on au congrès du Parti pour l’égalité des femmes, à Manchester? D’inégalités salariales, du manque de femmes en politique dans un Royaume-Uni pourtant dirigé par une Première ministre, mais aussi d’un « désastre »: l’élection de Donald Trump.

Pour son tout premier congrès depuis sa création en 2015, le très jeune « Women’s equality party » (WEP) s’est installé dans un ancien entrepôt de briques rouges situé à un jet de pierre du mythique stade de football Old Trafford, l’antre de Manchester United.

Comme un symbole, la conférence s’est ouverte vendredi à l’occasion de la journée mondiale contre les violences faites aux femmes, l’un des nombreux thèmes discutés lors des différentes réunions destinées à façonner l’identité et le programme de ce parti né d’une frustration: la prise en compte insuffisante, selon ses membres, des droits des femmes dans la gestion des affaires du pays.

Certes, le Royaume-Uni compte à sa tête une Première ministre, la conservatrice Theresa May, deuxième femme à occuper ce poste après Margaret Thatcher (1979-1990). Des femmes jouent également les premiers rôles en Ecosse, au Pays de Galles ou en Irlande du Nord.

Mais la situation n’est pas rose pour autant, explique à l’AFP la leader du « WEP », Sophie Walker, une ancienne journaliste de l’agence Reuters, en soulignant que la chambre des Communes ne compte par exemple qu’une femme députée pour deux hommes.

Mais aussi que « deux femmes sont tuées chaque semaine par leur partenaire ou leur ex-partenaire » au Royaume-Uni. Ou bien encore que les femmes y sont toujours moins bien payées que les hommes.

– « Aux hommes d’écouter » –

« Ce que nous disons, résume Sophie Walker, c’est que les droits des femmes font partie des droits de l’Homme, et que les droits de l’Homme devraient figurer au sommet des priorités politiques ».

« Il y a de nombreux groupes de pression qui ont combattu pour les droits des femmes pendant des décennies », relève-t-elle en évoquant l’histoire du féminisme britannique, marqué notamment par les « suffragettes » et leur combat pour obtenir le droit de vote au début du XXe siècle. 

Mais, estime-t-elle, « le rythme des avancées a été beaucoup trop lent » et justifiait la création d’un parti politique féministe, en particulier en ces heures de montée des populismes à travers le monde.

« L’élection de Donald Trump a été un désastre pour les droits des femmes », lâche-t-elle. « C’est un vote qui revient à dire que la misogynie et le racisme, on s’en fiche ».

Donald Trump à la Maison Blanche, celui qui dans un enregistrement de 2005 s’est vanté d’imposer son désir aux femmes: un véritable cauchemar pour les membres du WEP.

« Je ne sais pas si (Hillary) Clinton n’a pas été élue parce qu’elle est une femme. Ce qui me dérange le plus, c’est que Trump a été élu malgré les commentaires vraiment immondes qu’il a fait sur les femmes », s’emporte Lucie de Beauchamp, une Française de 24 ans, étudiante venue de Glasgow (Ecosse).

Ce type de rhétorique, mais aussi la polémique en France autour des déclarations sur l’avortement tenues par le favori à la primaire des Républicains, François Fillon, contribuent à « remettre en cause des années et des années de combat » pour les droits des femmes, regrette-t-elle.

S’il ne dispose encore d’aucun élu, le Parti pour l’égalité des femmes peut en revanche s’appuyer sur quelque 65.000 « membres et sympathisants ». Et pas seulement des femmes.

« Pourquoi je suis là? Parce que l’égalité, ça concerne tout le monde », dit Scott Matthewman, 46 ans, après avoir assisté au discours de Sophie Walker.

« A l’heure actuelle, ce sont les femmes qui souffrent le plus des inégalités », ajoute ce Londonien travaillant dans l’informatique, un secteur, regrette-t-il, encore dominé par les hommes.

« Alors maintenant, ce sont aux hommes d’écouter ».

© GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives Drew Angerer
Donald Trump et Betsy DeVos à Bedminster Township dans le New Jersey, le 23 novembre 2016