Washington (AFP) – Le nouveau président élu des Etats-Unis Donald Trump s’est mis au travail mercredi, alors que Barack
Obama et Hillary Clinton appelaient à l’unité au lendemain de l’élection choc du républicain populiste.
Sa victoire inattendue face à la démocrate, après une campagne particulièrement violente, a suscité une onde de choc bien au-delà des Etats-Unis.
M. Obama, qui avait évoqué la menace que représentait Donald Trump pour la démocratie, s’est dit « encouragé » par son discours rassembleur après sa victoire.
« Nous souhaitons tous son succès pour unir et diriger les Américains », a déclaré M. Obama lors de brèves remarques depuis les jardins de la Maison Blanche.
« Nous sommes d’abord Américains. Nous voulons tous le meilleur pour ce pays », a-t-il ajouté, insistant, dans un message clair à l’attention de son successeur, sur l’importance « du respect des institutions » et « du respect des uns pour les autres ».
Le président démocrate, auquel Donald Trump succédera le 20 janvier, a réaffirmé qu’il avait des différences de vue « très marquées » avec Donald Trump. Mais il a rappelé qu’il y a huit ans, il avait également des divergences profondes avec son prédécesseur George W. Bush, mais que cela n’avait pas empêché une transition « exemplaire » du pouvoir.
M. Obama recevra son successeur jeudi matin à la Maison Blanche pour évoquer la transition. Michelle Obama accueillera pour sa part la prochaine « First Lady », Melania Trump.
– Rêve brisé –
Hillary Clinton, dont le rêve de devenir la première femme présidente des Etats-Unis a été brisé net, a aussi appelé mercredi les démocrates à accepter le résultat « douloureux » de l’élection.
« J’espère qu’il va réussir en tant que président de tous les Américains », a déclaré Mme Clinton, visiblement émue, lors de sa première apparition publique depuis l’annonce de sa défaite.
« C’est douloureux, et cela le restera pendant longtemps », a-t-elle déclaré depuis un hôtel de New York, situé non loin du centre de conférences où elle espérait célébrer mardi soir une victoire annoncée par tous les sondages.
Mais « Donald Trump va être notre président et nous devons être ouverts d’esprit et lui donner sa chance de diriger ».
Petite consolation pour Mme Clinton, elle a perdu l’élection, dont le résultat est décompté Etat par Etat. Mais au niveau national, elle a obtenu environ 200.000 voix de plus que son adversaire, selon des résultats qui n’étaient pas encore complets mercredi soir.
L’ancien président républicain George W. Bush, qui avait voté blanc à l’élection présidentielle, refusant de soutenir Donald Trump, a lui aussi téléphoné au nouveau président élu pour le féliciter.
M. Trump aura pour gouverner l’appui des deux Chambres du Congrès. Le Sénat et la Chambre des représentants ont conservé mardi leur majorité républicaine.
– Préparer la suite –
Il a passé la journée de mercredi enfermé dans la tour Trump à Manhattan, où l’ont rejoint le vice-président élu Mike Pence et plusieurs membres de son équipe de campagne pour préparer la suite. M. Trump y a ses bureaux et sa résidence.
Le tribun populiste de 70 ans sera le plus vieux président à jamais entrer à la Maison Blanche. Il n’a jamais occupé de fonction élective.
Mardi soir, dans son discours d’acceptation, Donald Trump s’est engagé « à être le président de tous les Américains ». « L’heure est venue pour l’Amérique de panser les plaies de la division », a-t-il ajouté.
Wall Street a déjoué la plupart des pronostics mercredi en réagissant par une nette hausse à l’élection de Donald Trump, au point de presque battre un record: le Dow Jones a pris 1,40% et le Nasdaq 1,11%.
D’autres signes mercredi montraient que la démocratie américaine se préparait à digérer l’élection choc de M. Trump dans le respect des institutions et de la tradition.
Le président de la Chambre de commerce américaine, Thomas Donohue, a adressé un message de félicitation à Donald Trump, ainsi qu’aux nouveaux élus au Congrès.
Son élection a été accueillie mercredi avec inquiétude et souvent froideur dans le monde, où l’extrême droite s’est a contrario félicitée – la Française Marine Le Pen en tête – de l’avènement d’une nouvelle ère.
La victoire de M. Trump « ne me réjouit pas » mais, « librement élu », il a droit « à ce qu’on lui donne une chance », a observé le président du Parlement européen, Martin Schulz.
Plus pessimiste, le président français François Hollande a jugé que « cette élection américaine ouvrait une période d’incertitude ».
Il a appelé l’Europe à resserrer les rangs peu après une réaction enthousiaste du Premier ministre hongrois Viktor Orban, populiste de droite, qui se félicitait d’une « excellente nouvelle ».
Une réunion spéciale des ministres des Affaires étrangères de l’UE a été convoquée dimanche à Bruxelles.
L’ONU compte sur le président élu des Etats-Unis Donald Trump pour l’aider à lutter contre le réchauffement climatique et à promouvoir les droits de l’homme, a pour sa part déclaré mercredi le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon.
Huit ans après l’élection de Barack Obama, qui devait marquer l’avènement d’une Amérique post-raciale, les électeurs américains ont choisi un homme taxé de sexisme, de xénophobie, et d’incompétence par ses adversaires.
Ses partisans – des électeurs blancs souvent modestes – voient en lui un homme au parler vrai, qui a su voir leurs inquiétudes et frustrations face à la mondialisation, et à des élites qu’ils accusent d’être indifférentes.
Plus de 60% des Américains pensent cependant que Donald Trump n’a pas le caractère pour devenir président.
© AFP JIM WATSON
Le républicain Donald Trump, le 8 novembre 2016 à New York