Dans un communiqué commun, quatre partis calédoniens, dont Les Loyalistes et l’UC assurent dialoguer, depuis plusieurs semaines en vue d’un accord global, jugé possible malgré l’embrasement de l’archipel. Un cinquième parti, l’UNI, membre du FLNKS et auquel est rattaché le président du gouvernement collégial Louis Mapou a dénoncé l’utilisation de son logo sur le communiqué et dément participer à ces négociations qui porterait sur un « état fédéral » calédonien. Le collectif exclut au passage un déplacement à Paris dans le contexte actuel. Avec Outremers 360°.
« Depuis le mois de décembre dernier, l’Union Calédonienne, l’Union Nationale pour l’Indépendance, l’Éveil Océanien, les Loyalistes et le Rassemblement-LR ont tenu de nombreuses réunions d’échange pour travailler à un accord sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie », ont assuré ces cinq partis dans un communiqué commun, tranchant avec les joutes verbales de ces dernières semaines sur la question du dégel du corps électoral.
Parmi ces signataires, l’Union Calédonienne (UC) un des deux principaux mouvements du FLNKS. Au Congrès calédonien, l’UC forme une coalition avec l’Éveil océanien, parti communautaire représentant les Wallisiens et Futuniens, et l’UNI. En face, les partis non indépendantistes, les Loyalistes et le Rassemblement-LR, parti fondé par Jacques Lafleur, comprennent notamment la présidente de la province Sud Sonia Backès et le député Nicolas Metzdorf. À noter l’absence dans ce communiqué de Calédonie Ensemble, autre mouvance non indépendantiste plutôt centriste, et de plusieurs autres mouvances indépendantistes comme le Parti travailliste.
D’après le communiqué commun, « les échanges se sont intensifiés ces dernières semaines et après des dizaines d’heures d’échanges, certaines formations politiques ou leurs représentants affirment aujourd’hui que des équilibres ont été identifiés et qu’un accord est possible. L’objectif est que cet accord calédonien soit validé le plus rapidement possible pour ensuite être présenté à l’État. »
« Malgré la situation insurrectionnelle que nous traversons depuis 48 h et parce que sommes appelés à poursuivre le vivre-ensemble, nous appelons solennellement l’ensemble de la population au calme et à la raison » poursuivent les cinq partis dans ce communiqué, s’estimant « convaincus que c’est par le dialogue et la résilience que nous pourrons sortir collectivement de cette situation. »
Après une deuxième nuit d’émeute, le FLNKS a, une nouvelle fois, condamné les violences qui ont éclaté depuis lundi en Nouvelle-Calédonie et appelé à l’ « apaisement » tout en condamnant et en demandant le retrait du projet de loi constitutionnelle prévoyant le dégel du corps électoral, « afin de préserver les conditions d’obtention d’un accord politique global entres les responsables calédoniens et l’État français. »
N’ayant cependant « pas pour objectif d’affamer et d’aggraver la situation sociale et économique des familles déjà difficile », le mouvement indépendantiste a appelé « à la levée des barrages pour permettre (le) libre accès de la population aux produits, services et besoins de premières nécessités. » Jacques Lalié, président indépendantiste de l’assemblée de la province des îles Loyauté, l’une des trois qui composent ce territoire ultramarin du Pacifique sud, s’est lui aussi dit déçu « que la voix des Kanak n’ait pas été entendue » par les députés.
Et d’appeler lui aussi « au discernement et à l’apaisement », demandant aux auteurs des violences qui secouent l’archipel de ne pas « céder aux provocations de la droite et de l’État. » À noter que le groupe Fer de Lance Mélanésien, créé dans les années 80 en soutien international et régional à la lutte indépendantiste kanak et qui regroupe le Vanuatu, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon et les Fidji, a annoncé son soutien au FLNKS.
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L’UNI « s’inscrit en faux » et dénonce des négociations pour un « état fédéré »
Le communiqué cite aussi parmi les participants à ces discussions, l’Union Nationale pour l’Indépendance (Uni), dont le logo a été apposé sur le documents. Quelques heures après sa parution, pourtant, le porte-parole du mouvement Victor Tutugoro a diffusé un démenti dans un autre communiqué. « L’UNI tient à s’inscrire en faux contre l’usage de ses insignes sur ce communiqué et dénonce la méthode orchestrée par les autres signataires visant à invoquer la gravité de la situation pour justifier cet écart, y lit-on. Depuis le 13 février 2024, ses représentants n’ont plus participé aux discussions sur le projet d’Etat fédéré proposé par les Loyalistes et le Rassemblement-LR. l’UNI considère qu’il n’y a plus rien à attendre de ces discussions locales au regard du contenu de ce projet d’Etat fédéré et parce que l’Etat s’est obstiné à poursuivre devant le Parlement français l’examen du projet de loi constitutionnelle dégelant le corps électoral provincial ». Le collectif, dont fait partie l’Union pour la Mélanie ainsi que le Palika, parti du président du gouvernement collégial Louis Mapou, n’entend poursuivre les négociation « que dans le cadre fixé par le FLNKS », c’est à dire après le retrait du texte constitutionnel, au travers d’une médiation, et dans l’optique de signer un accord global. L’Union « affirme qu’il n’a, en aucun cas, eu des échanges intensifiés ces dernières semaines avec le camp non-indépendantiste, et encore moins avec ceux qui contribuent par leurs discours et leurs actes à l’embrasement de Kanaky-Nouvelle- Calédonie ». Tout en appelant au calme, Victor Tutugoro rejette l’idée d’un accord en catimini et semble écarter la possibilité d’un déplacement à Paris. « Ce serait une décision grave et irresponsable ».
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