ACTUS LOCALESJUSTICE Un amour à sens unique Pascal Bastianaggi 2019-12-30 30 Déc 2019 Pascal Bastianaggi ©Pascal Bastianaggi « Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre », telle pourrait être la morale de l’affaire que le tribunal devait trancher. Thomas T. est séparé de sa concubine depuis un an, mais il n’en démord pas, il l’aime. Bien que sous le coup d’une ordonnance l’interdisant de l’approcher, c’est plus fort que lui, il la harcèle continuellement à son domicile. Il a été condamné à 18 mois de prison dont six avec sursis. Thomas.T 43 ans, est amoureux de son ex-concubine. Un sentiment qu’elle ne partage pas vu que suite à diverses plaintes qu’elle a déposées contre lui, elle bénéficie d’une ordonnance de protection et d’un téléphone « grave danger ». Car Thomas a l’amour vache et la main leste, surtout quand il a bu. Si à la barre, du haut de sa petite taille et de sa maigre corpulence, il est calme et s’exprime peu, son casier parle pour lui. Vingt-deux condamnations depuis 1995, la plupart pour vols et à partir de 2013, uniquement des condamnations pour violences envers sa concubine, faits pour lesquels il a fait de la prison ferme. 10 années de vie commune parsemées de violences Son dernier fait d’armes remonte au 15 décembre. Alors qu’il est séparé de sa concubine depuis juin 2018, après 10 années de vie commune parsemées de violences, c’est plus fort que lui, il faut qu’il revienne la relancer à son domicile plusieurs fois par semaine. « Je l’aime ». Un amour à sens unique car elle a obtenu contre lui une ordonnance de protection interdisant à Thomas tout contact avec elle. Une ordonnance dont il semble ignorer l’existence. Du moins c’est ce qu’il prétend. Quoiqu’il en soit le 15 décembre, il se présente à son domicile où la sœur de son ex-concubine vit aussi. « Il est arrivé bourré et il s’est énervé contre moi. Il m’a jeté une bouteille de bière à la tête puis des pots de fleurs. Du coup j’ai pris un couteau et je l’ai lancé sur lui. » Une ex-belle sœur remontée contre lui à en croire les propos peu amènes qu’elle tient à son encontre. « Il nous emmerde tout le temps, on entend que lui dans le quartier, il gueule tout le temps. Tout le monde a peur de lui dans le quartier, mais pas moi. » Elle profite qu’il soit endormi pour alerter les gendarmes Le 26 décembre, il remet ça. Mais cette fois il n’y a personne au domicile de son ex et il est tellement saoul qu’il s’endort dans la cuisine. Arrivée chez elle, elle le découvre dans les bras de Morphée et en profite pour activer son téléphone « grave danger ». Les gendarmes arrivent et l’embarquent. C’est une première, car habituellement quand il la voyait prendre son téléphone, il prenait la tangente, mais là, il n’a pas vu le coup venir. « Vous avez interdiction d’aller chez elle et vous y allez quand même. Pourquoi ?» l’interroge le juge. « Parce que je l’aime ». « Le fait qu’elle active son téléphone ‘alerte’ c’est parce qu’elle vous aime ? C’est pourtant clair, madame ne veut pas reprendre la vie commune avec vous. D’après vous, pourquoi elle a demandé une ordonnance de protection ? » « À cause de la violence » suggère Thomas en bafouillant. Elle utilise une bombe lacrymogène pour le faire fuir Pour son ex-concubine, c’est clair. Elle a rompu avec lui en 2018 et ne veut plus en entendre parler et pourtant, il revient à la charge tout le temps. À tel point, qu’une fois elle a usé d’une bombe lacrymogène pour le faire fuir. Dans la tête de Thomas, c’est loin d’être clair, plutôt opaque. « Elle dit qu’elle ne veut plus de moi, mais elle vient me voir alors je ne sais plus quoi penser. » Ce à quoi elle rétorque, « Je viens le voir pour lui dire qu’il n’a pas le droit de venir chez moi. C’est tout.» Pour le procureur de la République, « les agissements du prévenu s’apparentent à un véritable harcèlement et cela malgré des condamnations à de la prison ferme. Je sollicite donc 18 mois de prison dont six avec sursis avec son maintien en détention avec obligation de soins et interdiction de rentrer en contact avec les victimes. » Du coté de la défense, celle-ci a axé sa plaidoirie sur le fait de savoir si son client était bien au courant de l’interdiction qui lui était faite de rentrer en contact avec son ex. Et pour elle, « rien n’est moins sur. L’infraction n’est pas caractérisée et je demande la relaxe. » Une demande qu’ignorera le tribunal en calquant son délibéré sur les réquisitions du procureur. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)