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Un an de prison avec sursis requis en appel contre Dominique Auroy

Condamné en juin 2022 à six mois de prison avec sursis pour homicide involontaire d’une employée de la société Rotative La Dépêche de Tahiti, l’homme d’affaires Dominique Auroy, ancien propriétaire du quotidien, avait fait appel de sa condamnation, comme Pierre Marchesini, mis en cause en tant qu’ancien co-gérant qui lui avait écopé d’une amende de 200 000 fcfp. En cour d’appel ce jeudi, l’avocate générale a requis un an de prison avec sursis pour Dominique Auroy assorti d’une amende de deux millions et de 400 000 Fcfp pour Pierre Marchesini. Le délibéré sera rendu le 18 avril.

La victime, une mère de famille de 40 ans, était décédée en 2018 des suites d’un malaise cardiaque alors qu’elle se trouvait sur son lieu de travail. Prises de violentes migraines elle s’était reposée dans sa voiture dans le parking de La Dépêche où sa fille l’avait retrouvée inanimée. L’enquête avait établi que la salariée, qui souffrait de graves problèmes de santé, n’avait pas passé de visite médicale depuis trois ans, alors qu’elle bénéficiait d’un statut de surveillance médicale renforcé qui imposait au moins une visite annuelle. La société n’étant pas à jour de ses cotisations à la médecine du travail, la victime n’avait fait l’objet d’aucun suivi médical comme le stipule le code du travail.

L’expert médical avait fait le lien entre son décès et ses conditions de travail qui s’effectuait de nuit. Selon lui, ses signes de fatigues auraient pu être détectés si elle avait fait l’objet d’un suivi. Sa dernière visite médicale remontait à 2015, soit trois ans avant son décès.

« Mais c’est de votre responsabilité. Une personne est décédée ! »

Appelés à la barre les deux octogénaires approchent d’une allure martiale, sûrs d’eux. Dominique Auroy précise « quand j’ai repris La Dépêche elle était dans un état proche de la faillite et il a fallu la restructurer et la diviser en plusieurs entités, dont la société Rotative La Dépêche. » Sur l’absence de visite médicale, « je ne pouvais pas tout suivre. Il y avait des gérants. » Quant aux cotisations CPS non payées, un lapidaire « je l’ignorais » qui ne satisfait pas la juge. « Mais c’est de votre responsabilité. Une personne est décédée ! » L’homme d’affaires perd de sa superbe, peu habitué à ce qu’on le reprenne, et s’énerve un peu. « J’étais souvent absent de Polynésie et il y avait des gérants. » « J’avais des gérants », cette phrase qu’il n’a eu de cesse de répéter durant l’audience, semble être la seule défense.

Pierre Marchesini de son côté se montre d’entrée agressif et hautain. Il affirme que la victime avait été déclarée apte au travail en 2015. Quand la juge lui fait remarquer qu’elle devait passer une visite tous les ans car elle était sous surveillance médicale renforcée selon l’attestation délivrée par la médecine du travail, Marchesini semble outré qu’on le remette en question. Il s’énerve et lance : « elle a été se reposer dans sa voiture alors qu’elle aurait dû aller voir un médecin. » « Un médecin du travail ? » ironise la juge, choquée par ce manque d’empathie envers la victime. Le regard courroucé, il s’agace facilement et le vernis craque vite.  Quand la juge l’interroge sur sa carrière, il lui répond qu’il « ne voit pas en quoi çela peut l’intéresser pour cette affaire ». Elle insiste. « Je suis chef d’entreprise » répond-il. « On le sait, rétorque la magistrate. On a compris que vous étiez au-dessus de la piétaille. » 

« Quand on a été d’excellents hommes d’affaires, on n’a pas de type de casier »

Une attitude que n’a pas manquer de noter l’avocate générale. « Ils viennent se gausser d’être d’excellents hommes d’affaires, des chefs d’entreprises et qu’à la limite, on devrait les décorer. » S’adressant directement aux prévenus qui se tassent sur leur chaise : « quand on a votre âge et que l’on a été d’excellents chefs d’entreprise, on n’a pas ce type de casier avec ces condamnations. » Elle appuie là où ça fait mal : « ces condamnations montrent du peu de cas que vous faites de la loi et du code du travail. Faux, usage de faux, escroquerie … (…) vous n’avez aucune remise en question et vous n’avez pas la moindre once d’empathie envers la victime. Il y a eu de graves manquements qui ont conduit au décès de la victime. » Et de conclure : « C’est à l’employeur de tout faire pour s’assurer de la santé de ses salariés. » Elle a requis des peines supérieures à celles prononcées en première instance :  contre Dominique Auroy une peine d’un an de prison avec sursis et deux millions d’amende et contre Pierre Marchesini une amende 400 000 Fcfp.

Le délibéré sera rendu le 18 avril.

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