ACTUS LOCALES

Un avion au message politique sur le tarmac de Tahiti – Faa’a

« Aucune femme ne devrait être forcée de couvrir sa tête », « aucune femme ne devrait être tuée pour ne pas avoir couvert sa tête », « aucun homme ne devrait être pendu pour avoir dit ça »… Voilà les messages inscrits sur la livrée du 787 d’une ONG sud-américaine, en escale au fenua hier. On y voit aussi les figures de victimes du mouvement de protestation iranien, sévèrement réprimé ces derniers mois.

Comme le relèvent les passionnés – et très renseignés – administrateurs de la page Rare Tahitian Air/Port Views, ce n’est pas la première fois que ce Boeing 787-8 se pose à Tahiti-Faa’a. Mais l’avion, en escale technique sur la route du Brésil à Brisbanne, a depuis son dernier passage finit sa transformation. Le Dreamliner est exploité par une ONG Sud-américaine, « Solidaire », qui l’utilise pour transporter des réfugiés en situation de détresse aux quatre coins du globe. Ukraine, Afghanistan… L’idée de ces « vols humanitaires » vient de l’ancien pilote de ligne – d’ailleurs parfois aux commandes de ce Boeing – et cinéaste argentin Enrique Pineyro. Connu pour avoir dénoncé les problèmes techniques de son ex-compagnie, la Lapa, qu’il a été forcé à quitter juste avant un crash, il est devenu, au fil de sa carrière d’acteur, de réalisateur, producteur et documentariste, le « Michael Moore argentin », engagé sur de nombreux sujets de société.

Avec la livrée de ce Boeing, il s’agit bien sûr de dénoncer la situation en Iran, où un mouvement de protestations portant sur l’obligation du port du voile, sur les libertés religieuses et la condition féminine dans la République islamiste est sévèrement réprimé par les autorités depuis l’année dernière. En plus de ses messages très clairs – « Aucune femme ne devrait être forcée de couvrir sa tête », « aucune femme ne devrait être tuée pour ne pas avoir couvert sa tête », « aucun homme ne devrait être pendu pour avoir dit ça » – l’avion affiche sur sa queue deux visages. Celui, d’abord, de Masha Amini, une étudiante iranienne de 22 ans arrêtée, battue et tuée par la police des mœurs pour ne pas avoir porté son foulard correctement. Sa mort, en septembre 2022, a été l’origine principale de ce mouvement de protestation qui s’est répandu dans la plupart des universités du pays et qui est depuis durement réprimé par le régime. Sur l’autre face de l’appareil, une photo du footballeur iranien Amir Nasr-Azadani, arrêté lors de manifestations suivant la mort de Masha Amini et condamné à 26 ans de prison, alors que certains d’autres manifestants ont été exécutés. Les associations humanitaires estimaient en avril dernier que plus de 530 personnes, ont été tuées dans le cadre de la répression de ces manifestations, et que près de 20 000 personnes ont été arrêtés dans plus de 130 universités.

D’après Rare Tahitian Air/Port Views, « Il est probable que nous revoyons cet avion à Tahiti dans les temps à venir ».

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