Le Fare Vanaa publie un dictionnaire français-tahitien destinés aux enfants. 1 586 entrées et 626 illustrations composent cet ouvrage dont les auteurs souhaitent qu’il rentre dans chaque famille et chaque salle de classe.
Fare Vanaa – l’Académie tahitienne -en présence notamment du ministre de la Culture Heremoana Maamaatuaiahutapu et de Mgr Coppenrath, a présenté ce vendredi matin le fruit de plusieurs années de travail, un dictionnaire illustré français-tahitien à l’usage des enfants. « En 2016 des enseignants nous ont dit, pourquoi ne faites-vous pas un dictionnaire pour enfants ? On en parle à notre directeur John Doom qui nous dit, ça ne tient qu’à vous. OK. Dès ce moment-là, on s’est attelées à la tâche », se rappelle Johanna Nouveau, académicienne chargée de superviser l’enseignement du tahitien dans les classes du 1er cycle.
L’ouvrage s’ouvre sur « un peu de grammaire, le schéma pour construire des phrases simples. On a choisi les mots que les enfants utilisent ou qu’on trouve dans les livres pour enfants », poursuit Johanna Nouveau. Chacune des 1 586 entrées est accompagnée d’un exemple de phrase utilisant le mot. « 1 500, c’est le nombre de mots qu’un enfant de CP à CM2 doit connaître d’une langue, dit Flora Devatine. Donc si les enfants assimilent ce vocabulaire, ils sont capables de parler normalement tahitien, » explique Flora Devatine, la directrice du Fare Vanaa.
Si ce dictionnaire a toute sa place dans les classes – il sera diffusé dans les écoles par le Pays – pour Heremoana Maamaatuaiahutapu, il a aussi sa place dans les familles comme outil de transmission : « Il peut aussi permettre aux parents de reprendre confiance pour parler leur langue. »
L’ouvrage a été, pour l’instant, tiré à 300 exemplaires, dont la plupart sont réservés pour les établissements scolaires. L’impression a du être interrompue, car les livraisons d’encre ont été retardées par la crise sanitaire. Il sera vendu d’ici environ deux mois au grand public, au tarif de 1 500 Fcfp.
« Nous tournons la page de la honte », dit Flora Devatine
Flora Devatine a saisi l’occasion pour déclarer sa satisfaction de voir que l’Assemblée nationale a voté la loi Molac sur les langues régionales : « Elle vient reconnaître toutes les langues. On ne parlera plus de ‘petites langues’ et de ‘grandes langues’, toutes les langues sont importantes. (…) Nous tournons la page de la honte. Nous devons rebâtir la société avec ce qui nous reste aujourd’hui. Ce n’est même pas un défi, c’est notre devoir par rapport à nous-mêmes. »
Ce dictionnaire bilingue français-tahitien pour enfant vient compléter l’arsenal des didacticiels de la langue tahitienne élaborés depuis 1973 par L’Académie tahitienne – Fare Vâna’a : la grammaire de la langue tahitienne, le dictionnaire tahitien-français (Fa’atoro parau), le dictionnaire français-tahitien (A-D), le dictionnaire français-tahitien (E-I), deux lexiques thématiques, deux recueils de textes choisis (Hei Pua Ri’i), le dictionnaire tahitien/français en ligne.
L’Académie tahitienne, institution culturelle prône depuis sa création en 1972, l’intégration de la langue tahitienne à l’école. En 1979, elle contribuait en collaboration avec le service de l’Education à la publication des premiers manuels scolaires : « Ta’u puta reo tahiti » rassemblant 4 fascicules « Elèves » et 4 fascicules « Enseignant ». En 1986, elle a équipé la langue tahitienne d’une grammaire et en 1999 d’un dictionnaire tahitien-français, la dotant dès lors d’une graphie qui s’imposera à l’usage comme la norme au fur et à mesure qu’elle crée les outils pédagogiques nécessaires à son apprentissage. |