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Un géologue marseillais veut sauver Makatea

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Dans une lettre au président Fritch, un professeur de géologie français, ayant travaillé par le passé sur l’île de Makatea, prend fait et cause pour la protection de l’île et l’annulation du projet d’exploitation des phosphates.

La présidente de l’association Fatu fenua de Makatea appréciera. La société Avenir Makatea beaucoup moins. Le professeur Lucien Montaggioni, géologue travaillant pour l’institut Pytheas de l’université d’Aix-Marseille, a pris la plume pour donner son avis au président Fritch concernant le projet d’exploitation des phosphates de Makatea. Et le moins que l’on puisse dire est que l’opinion du scientifique va dans le sens de l’association de défense de l’île. Précisant qu’il n’a rien contre l’exploitation des ressources naturelles « bien au contraire », le géologue se dit « surpris que l’on puisse vouloir extraire les quelques résidus phosphatés encore piégés dans le bâti calcaire ». Pour justifier sa position, il avance deux bonnes raisons dont chacune semble à ses yeux suffisante seule. La reprise de  l’exploitation serait selon lui une « hérésie économique » doublée d’une « hérésie environnementale et patrimoniale ».

Un ancien du Criobe

Lucien Montaggioni explique connaître le sujet. Il a déjà travaillé sur la géologie de Makatea dans les années 80 avec les professeur Bernard Salvat, fondateur du Criobe à Moorea. Il relate que ses déplacements sur l’île étaient difficiles et dangereux du fait de l’exploitation passée qui avait « transformé le bâti carbonaté en une véritable taupinière ». Ainsi le géologue explique que le projet consistant à un décapage du plateau supérieur le transformerait en une vaste dépression. Les dégâts seraient irréversibles et impossibles à masquer avec une « réhabilitation végétale ».

Intérêt scientifique et patrimonial

Le professeur précise au président pourquoi Makatea est une île rare qui mérite d’être préservée, malgré les exploitations qu’elle a déjà subies par le passé ? Makatea est une exception. Elle est la seule île haute calcaire de Polynésie française et il en existe moins de dix dans tous le bassin pacifique. L’île sœur de Makatea, Nauru, se trouve dans une situation « lamentable depuis la fin de l’exploitation jusqu’au-boutiste de ses phosphates ». Or ces îles recèlent d’autres trésors. Des trésors moins rentables mais des trésors quand même. Et le géologue de rentrer dans le détail. Le bâti calcaire, formé il y a quelque 15 millions d’années, renferme « des gisements fossilifères de premier ordre, en particulier des communautés paléolagunaires coralliennes (Ndlr : anciens lagons coralliens), d’échinodermes (Ndlr : oursins, étoiles de mers, holothuries…) et des mollusques ». D’autre part, les falaises de l’île sont une référence concernant l’étude de l’évolution du niveau des mers à travers l’histoire.

Pour finir, le scientifique marseillais conseille au leader polynésien, non seulement de préserver Makatea, mais de l’élever au rang de parc naturel, à l’instar du parc des calanques situé entre Marseille et Cassis, qui est devenu un site aussi protégé que touristique.