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Un gouvernement « restreint », en attendant le remaniement

Tearii Alpha et son successeur à la vice-présidence, Jean-Christophe Bouissou. ©Torea Combes

Une semaine après l’annonce de sa décision concernant Tearii Alpha, cinq jours après le dépôt de la lettre de démission de Nicole Bouteau, le président du Pays est sorti de son silence, ce mercredi midi. Le premier est remplacé à la vice-présidence par Jean-Christophe Bouissou, les portefeuille de la seconde sont répartis entre des ministres déjà présents au sein du gouvernement. Un remaniement plus important pourrait avoir lieu d’ici quelques semaines.

« Un compagnon de route de très longue date », un « ami », et un « très bon ministre ». Aucun doute pour Édouard Fritch, qui assume le « temps de réflexion » de ces derniers jours, « je ne pouvais décemment pas exclure Tearii Alpha du gouvernement ». « Il reste dans l’équipe », « je le garde parce que j’ai besoin de compétence » confirme le président, qui aurait aussi pu parler, parmi les raisons de ne pas « couper la tête » du ministre de l’Agriculture, du poids électoral du maire de Teva i Uta. Mais force est de constater que la non-vaccination de l’ex-vice-président, qui n’a été révélée et commentée que tardivement, et sous la pression médiatique, a créé un « trouble manifeste » dans l’opinion publique. Surtout à l’heure où le Conseil des ministres et le Tapura avançaient « unanimement » vers l’obligation vaccinale. Cette position, le président du Pays et du parti, lui demande donc une fois de plus de la « faire mûrir » et à la faire évoluer, et ce avant le 23 décembre, date de l’entrée en application des sanctions prévues par la loi. La sanction lui paraît en attendant adaptée : la position de Tearii Alpha « n’est pas compatible avec l’exemplarité » que requiert « la fonction de numéro 2 de l’exécutif ». Mais compatible avec la fonction de ministre.

Tearii Alpha doit faire « mûrir sa réflexion » sur la vaccination

Pas de commentaires de l’intéressé, pas de menace directe de sanction s’il choisissait de rester non-vacciné. « Chaque chose en son temps », tempère le président qui ne répondra pas réellement aux déclarations de Nicole Bouteau sur la « cohérence » et la « crédibilité » du gouvernement, déjà entamées par l’affaire du mariage, et mises en causes, d’après elle, par le maintien de Tearii Alpha. Le chef du gouvernement regrette seulement la position d’une ministre « appréciée » pour son travail dans la gestion de crise et le redressement du secteur touristique, parle de « divergences personnelles » entre les deux ministres. Sa démission est bien « acceptée et actée » depuis mardi : « Je respecte le choix de Mme Bouteau qui conserve toute mon estime et toute ma reconnaissance » précise le président du Pays. Et qui glisse en début d’allocution, que les candidatures aux législatives – dont celle de l’ex-ministre du Travail, portée par la mairie de Papeete – ne sont en aucun cas actées.

Qui pour remplacer Nicole Bouteau ? Personne, ou du moins pas pour l’instant : ses portefeuilles seront redistribués entre ses collègues. Yvonnick Raffin, déjà ministre de l’Économie, des Finances, de l’Énergie et de la PSG, hérite du portefeuille du tourisme et de la charge d’Air Tahiti Nui, au conseil d’administration duquel il siégeait déjà. Christelle Lehartel ajoute le Travail et le Dialogue social aux portefeuilles de l’Éducation, de la Modernisation de l’administration et du numérique. Et René Temeharo, ministre des Grands travaux et des Transports terrestres sera aussi en charge des relations avec les institutions. Une solution temporaire, précise le président, qui devrait envisager un remaniement plus profond, et probablement l’entrée d’un nouveau ministre du Tourisme en fin d’année, après le vote du budget. D’ici là l’exécutif avance « en rangs serrés », assure-t-il. Jacques Raynal, qui n’était justement pas dans les rangs ce mercredi n’est pas démissionnaire, contrairement à certaines rumeurs, précise plus tard Édouard Fritch : il est seulement en congés.

« L’avion n’explosera pas en plein vol »

Ne restait plus, donc, qu’à remplacer le vice-président. Un « choix difficile », et qui devait porter sur un « homme de confiance », de « compétence », et « de loyauté », explique Édouard Fritch. Sa décision, il ne l’avait confiée à personne, assure-t-il, pas même au principal intéressé : Jean-Christophe Bouissou, que Tearii Alpha prend soin d’applaudir en premier. Le ministre du Logement et de l’Aménagement, salué pour son « sérieux », son « implication », sa « bonne maitrise des dossiers », et ses « bons résultats », traine aussi un passif judiciaire et une mise en examen pendante que le président a choisi de ne pas considérer. « Ce que je veux c’est de l’efficacité », explique-t-il, rappelant avoir, lui aussi, été condamné par le passé. En fin de séance, Jean-Christophe Bouissou s’est dit « surpris » par cette nouvelle, et se prépare « à une charge de travail supplémentaire ».

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Des questions restent en suspens, notamment sur les mesures qui pourraient être prises contre Gaston Tong Sang, qui, lui aussi, semble camper sur sa non-vaccination tout en ayant voté l’obligation vaccinale. « Je sentirai moi même le moment opportun pour le faire s’il fallait le faire », commente seulement Édouard Fritch, qui rappelle que GTS, non-content d’être président de l’assemblée, est aussi le chef de file du Tapura aux Raromatai. Mais le président cherche surtout à nuancer la gravité de ces incohérences internes. Lors de rencontres de militants, « à aucun moment on m’a parlé de Gaston Tong Sang et de Tearii Alpha », insiste-t-il : ces polémiques, à l’entendre « font débat en ville » mais qui n’intéressent pas l’essentiel des Polynésiens, concentrés sur les « difficultés du quotidien ». Un discours appuyé par son nouveau vice-président, pour qui ce sont surtout les « opposants au gouvernement » qui alimentent le débat sur le sujet. « Ces partis veulent que l’avion explose en vol, il n’explosera pas en vol », assure-t-il.

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En attendant la pilule ?

Quant à savoir si le Tapura pourra présenter un front uni sur la question de la vaccination d’ici le début d’année prochaine, période où le risque de nouvelle vague épidémique semble élevé, le vice-président veut « attendre de voir ». « La science évolue également et il y a aussi des remèdes qui n’existaient pas auparavant », explique Jean-Christophe Bouissou qui rappelle que Pfizer « vient de sortir des médicaments qui permettraient de régler le problème même de ceux qui ne sont pas vaccinés ». Un discours en léger décalage avec le nouvel appel à la vaccination des 80 000 Polynésiens toujours « hésitants » déroulé par Édouard Fritch quelques minutes plus tôt. « Les statistiques venant des hôpitaux nous montrent qu’il faut se faire vacciner, se reprend le nouveau numéro 2. Le président est dans l’obligation de le dire et de montrer la voie ».

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