Partisan de la première heure de l’hydroxychloroquine, le Dr Jean-Paul Théron sort de sa réserve après le rétablissement de la liberté de prescrire de l’hydroxychloroquine hors de l’hôpital (qui n’en utilise pas). Il affirme avoir appliqué le traitement préconisé par le Pr Raoult à environ 140 patients depuis le mois de mars, sans qu’aucun n’ait dû être hospitalisé. Et préconise une plus grande implication des médecins de ville dans le traitement à domicile.
Le Dr Jean-Paul Théron faisait partie des médecins qui avaient déposé un recours contre l’arrêté interdisant aux médecins de ville de prescrire de l’hydroxychloroquine en traitement de la covid-19. Mardi, le conseil des ministres a de nouveau rendu cette prescription possible, « sous la responsabilité pleine et entière du médecin ». « Naturellement, à titre personnel, c’est une satisfaction, dit le Dr Théron, mais qui est une satisfaction mitigée parce que (…) quand je vois s’égrener maintenant les chapelets de personnes décédées…. Je dirais que cette satisfaction, ce n’est pas de la joie. Je suis simplement satisfait que les médecins aient recouvré la liberté de prescrire. »
Si la possibilité de se faire prescrire le traitement décrié est de nature à rassurer ceux qui voulaient y avoir accès, le Dr Théron rappelle qu’il a toujours été réservé à une utilisation précoce : « C’est un moyen de lutte dès qu’on a le moindre signe clinique ; il était hors de question de donner du Plaquénil à des gens qui étaient en train de mourir en réanimation. »
Le Dr Théron ne décolère pas devant les « études fumeuses » qui ont discrédité le traitement de l’IHU de Marseille, en le testant sur des patients pour qui il n’était pas indiqué, affirme-t-il.
Un traitement toujours pas validé par la communauté scientifique
Rappelons que le taux de létalité de la covid-19 (le nombre de décès rapporté au nombre de cas positifs) est de 0,45% en Polynésie. Et que de nombreuses études à grande échelle n’ont pas trouvé de bénéfices à la bithérapie hydroxychloroquine + azithromycine (un antibiotique recommandé dans les infections respiratoires) préconisée par le Dr Raoult. La dernière veille de la Haute autorité de santé, datée du 20 octobre, relate qu’« à ce jour, la preuve d’efficacité de l’hydroxychloroquine +/- azithromycine dans le traitement de la COVID-19 n’est pas établie dans des études de phase III contrôlées, randomisées. Aucune recommandation internationale ou nationale ne préconise son utilisation en dehors d’un encadrement dans un essai clinique. »
Plus de 140 patients soignés à l’hydroxychloroquine depuis mars
Jean-Paul Théron est malgré tout sûr de lui, et n’est pas convaincu de la toxicité cardiaque du Plaquénil évoquée par ses détracteurs, dit-il. « Je le prescris depuis 35 ans. Je n’ai jamais vu d’incident sous Plaquénil. Pour quelle raison, alors que des patients qui sont à vie sous Plaquénil et qui sont en plus des gens fragiles, n’en font pas, et brutalement, parce que le Lancet a publié une étude foireuse, on devrait tous culpabiliser et passer notre temps, pendant les 10 jours de traitement, à faire des électrocardiogrammes ? J’en ai fait quelques-uns, à des gens qui ont des troubles du rythme connus, je n’ai pas eu une seule contre-indication à la prescription de Plaquenil jusqu’à ce jour. »
En dépit de l’interdiction, depuis mars dernier le Dr Théron a soigné plus de 140 patients au Plaquénil en association avec d’autres médicaments. Aucun de ses patients n’a dû être hospitalisé par la suite, assure-t-il. Le traitement précoce se fait sur « plusieurs périodes : certains médicaments sont donnés sur une journée, certains médicaments sont donnés sur 10 jours – c’est le Plaquénil, c’est ce qui est préconisé en Asie et à l’IHU de Marseille – et certains médicaments comme l’antibiotique azithromycine pour 6 jours. Après, il y a des compléments, comme des vitamines, du zinc. »
Améliorer la prise en charge à domicile
Jean-Paul Théron se félicite également que le gouvernement, lors du même conseil des ministres de mardi dernier, ait renforcé l’arsenal de la prise en charge à domicile en validant jusqu’à la fin de l’année la prise en charge par la CPS de la surveillance téléphonique et la consultation à distance pour les patients Covid, « même si on ne peut pas se passer de la consultation physique », dit-il. Pour ses patients en phase aigüe, il surveille leur température, leur fréquence cardiaque et leur taux de saturation en oxygène deux fois par jour en téléconsultation.
Le Dr Théron souhaite que la prise en charge à domicile soit désormais étendue, pour éviter une trop grande circulation de personnes infectées. « Le véritable problème ce n’est pas le Plaquénil, c’est de motiver les médecins à soigner rapidement, y compris en phase aggravée. » Car si très peu de médecins ont prescrit du Plaquénil depuis le mois de mars, ils sont encore moins nombreux à avoir pris des patients en charge à domicile, dit-il.