Pistolet, bâton, taser… Pour utiliser leurs armes, létales ou non, les policiers doivent suivre des formations rigoureuses et des « recyclages » fréquents. Elles sont dispensées par des agents spécialisés, les formateurs aux techniques et à la sécurité en intervention, dont fait désormais partie Harry, un jeune gardien de la paix polynésien qui vient de terminer un parcours exigeant.
Sur le badge accroché à son uniforme, on lit « FTSI », pour Formateur aux techniques et à la sécurité en intervention. Une spécialité qu’Harry, un jeune Polynésien, a choisi « dès son engagement » en tant que gardien de la paix en 2009. Mais cet objectif lui a imposé un véritable parcours du combattant : années de rodage sur le terrain, présélection en interne à la DSP, entretiens de vérification de ses aptitudes, sa motivation ou de ses qualités pédagogiques… Puis, enfin, une formation de 18 semaines en métropole, qui passe par le centre national du tir et l’école supérieure des officiers. Connaissances théoriques, tests physiques, entraînement technique… Une formation « de haut niveau », comme le pointe sa hiérarchie, et qu’il a terminée avec succès début mars. Affecté, comme un premier FTSI, à l’état-major de la DSP, il fait désormais partie des formateurs capables de faire passer ou de retirer les habilitations permettant aux policiers de porter des armes. Il conduit en outre les « recyclages », sortes d’entraînements de rappel que les agents doivent mener très périodiquement.
Ainsi ce mercredi matin, dans la cour de la DSP, un petit groupe issu de différentes unités revoyait les règles entourant l’utilisation du « Pie » – pour pistolet à impulsion électrique – surtout connu sous la marque Taser. Mise en service, mise en sécurité, procédure d’emploi… « On les fait pratiquer et on rappelle tout le cadre d’utilisation du matériel », explique Harry. Sa nouvelle spécialisation va aussi permettre de renforcer d’autre missions des FTSI : « développement des capacités opérationnelles et physiques » des policiers ou « séance de pratique professionnelle en intervention ». Menottages, contrôles routiers, arrestations… « Il y a des règles claires à respecter pour que les collègues puissent intervenir en toute sécurité », explique le gardien de la paix.
Un rapport à chaque utilisation
Le aser n’est qu’une des armes utilisées à la DSP et par les forces de l’ordre en général. Suivant les services et les unités, on voit à la ceinture des policiers d’autres « armes de force intermédiaires » comme les lanceurs de balles de défense, les fameux LBD. Ou encore des tonfa ou bâton télescopiques qui font eux aussi l’objet de formations. Des armes de poing, aussi, comme le Sig Sauer 9 mm qui équipe tous les agents présents sur la voie publique, et dont le port astreint à trois séances de tirs et d’entraînement très cadrés chaque année. Doigt sur la détente, arme mal chambrée, orientation dangereuse du canon… « Il y a des fautes graves qui peuvent nous amener à faire un approfondissement particulier ou à retirer une habilitation », précise un formateur. Dans l’exercice de leurs compétences, les FTSCI « n’ont pas à tenir compte de la hiérarchie », précise la commandante Valérie Bailleul-Goujon, cheffe d’état-major par intérim. « Ils ont une responsabilité, et donc ils peuvent très bien décider de retirer une habilitation à un gradé, un directeur, un chef d’état-major » explique-t-elle.
D’autres formations, plus pointues, concernent d’autres armes létales comme des fusils à pompes ou des mitraillettes qui équipent certaines unités. « La Polynésie bénéficie bien sûr de toutes les armes qui sont en utilisation dans toutes les DSP de métropole », reprend Valérie Bailleul-Goujon. Mais cet arsenal « ne sert pas fréquemment, heureusement pour la Polynésie ». « Mais il faut que les policiers soient équipés, prêts, au cas où », insiste la cheffe d’état-major. Et être prêt implique de connaitre le cadre réglementaire, insiste la responsable : « À chaque séance, on rappelle les règles d’emploi qui sont aussi des règles juridiques ». Plus les armes sont dangereuses, plus le cadre légal est strict : les munitions de taser ou de pistolet sont par exemple soigneusement inventoriées, et chaque utilisation doit faire l’objet d’un rapport précis.