Au lendemain de la censure du gouvernement de Michel Barnier, le chef de l’État s’est exprimé lors d’une allocution télévisée ce matin. Après avoir pris plus de deux mois à nommer un chef de l’exécutif après sa dissolution de l’assemblée, il a assuré d’une mise en place rapide d’un gouvernement. Emmanuel Macron a aussi exclut de présenter sa propre démission, et promis une « loi de finances spéciale », faute de budget en bonne et due forme », avant la mi-décembre.
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C’était l’inquiétude exprimée mercredi par de nombreux élus polynésiens, Moetai Brotherson en tête. Après le vote par l’Assemblée nationale d’une motion de censure du gouvernement de Michel Barnier, désormais démissionnaire, quand Paris retrouvera un gouvernement de plein exercice, un « vrai interlocuteur » pour Tahiti ? Si l’inquiétude est vive, c’est que ce processus de nomination avait pris beaucoup de temps après la dissolution et les législatives de juin et début juillet : Emmanuel Macron n’avait nommé, au terme de longues tractations, Michel Barnier à Matignon que le 5 septembre. Le chef de l’État a cette fois assuré, dans une allocution diffusée ce jeudi matin, qu’il irait plus vite, et que la France aura un nouveau Premier ministre « dans les prochains jours ». « Je le chargerai de former un gouvernement d’intérêt général représentant toutes les forces politiques d’un arc de gouvernementqui puisse y participer ou, à tout le moins, qui s’engage à ne pas le censurer », a précisé le Président de la République, qui a aussi exclu de démissionner avant la fin de son mandat malgré les appels nombreux dans l’opposition. « Ma responsabilité exige de veiller à la continuité de l’Etat », a précisé le locataire de l’Élysée.
Une autre inquiétude – visiblement moins forte en Polynésie que pour le reste de l’Outre-mer – venait aussi des répercussions de censure inédite sur le budget 2025. Le projet déposé par le gouvernement de Michel Barnier ne sera pas voté, et à 25 jours de la fin de l’année, le temps presse. Emmanuel Macron a assuré qu’une loi de finances spéciale serait déposée sur le bureau des parlementaires avant la mi-décembre, pour assurer « la continuité des services publics et de la vie du pays ». « Elle appliquera pour 2025 les choix de 2024, et je compte bien qu’une majorité puisse se dégager pour l’adopter », a poursuivi le président. Pour le reste, Emmanuel Macron, dont la décision de dissoudre l’assemblée nationale avait surpris jusqu’à son propre camp, a bien parlé de sa « responsabilité » dans la situation actuelle, mais seulement parce que sa décision « n’a pas été comprise ». « Je sais bien que certains sont tentés de me rendre responsable de cette situation, c’est beaucoup plus confortable » a-t-il ajouté, pointant du doigt « l’extrême droite et l’extrême gauche [qui] se sont unies dans un front antirépublicain ».
Les tractations sur la nomination d’un Premier ministre et d’un exécutif ont d’ores et déjà commencé : d’après le Monde, l’Élysée a invité ce vendredi matin les responsables du parti socialiste, du bloc central et de la droite. Certains responsables d’extrême-droite, comme Marion Maréchal dans une tribune au JDD, ont pour leur part appelé à une grande alliance des droites, du RN à Horizons en passant par Les Républicains.