« Tapa, De l’écorce à l’étoffe, art millénaire d’Océanie de l’Asie du Sud-Est à la Polynésie occidentale. » C’est le titre d’un ouvrage très fourni consacré à l’art du tapa à travers toute l’Océanie. De sa naissance, à sa confection, de son usage passé à son futur… Plus qu’un simple recueil d’informations, l’ouvrage ambitionne d’obtenir une labellisation au patrimoine immatériel de l’Unesco pour le tapa.
Plus d’une soixantaine de scientifiques, anthropologues, spécialistes de la culture et artisans ont participé à la rédaction de « Tapa, De l’écorce à l’étoffe, art millénaire d’Océanie de l’Asie du Sud-Est à la Polynésie occidentale ». L’idée de cet important ouvrage est né à la suite du festival du tapa de 2014 qui s’était déroulé à Tahiti. « De nombreux colloques et conférences réalisés par des intervenants de toute l’Océanie avaient permis de recueillir assez d’éléments à sauvegarder », explique le directeur de la publication de l’ouvrage, Michel Charleux. Le passionné de tapa a donc compilé tous ces textes, mais s’est aussi appuyé sur les illustrations et les photos de pièces du Musée de Tahiti et des îles. Au final, ce sont plus de 600 pages qui évoquent les différents pigments utilisés, les façons de battre les écorces, les usages du tapa en Papouasie, au Vanuatu, à Niue, au Tonga ou encore à l’île de Pâques. Une façon de redonner ses lettres de noblesse à cet art qui est souvent réduit à de la simple décoration.
Des scientifiques chinois se sont également associés à l’ouvrage en travaillant sur l’ADN du murier à papier et en l’utilisant pour définir le trajet des premiers Polynésiens. Des artisans y témoignent également de la façon dont ils vivent le tapa. Ainsi un article explique l’importance économique que cela représente aux Marquises. L’ouvrage retrace donc la naissance du tapa il y a 8 000 ans de cela, d’après les battoirs découverts par des chercheurs chinois, jusqu’à son utilisation actuelle dans les sociétés océaniennes. Cela permet d’effectuer une cartographie de l’activité du tapa.
Le dernier ouvrage de références sur le tapa date des années 30 et était très scientifique. Celui-ci ambitionne d’être abordable par le grand public. Les textes sont en français et en anglais. A chaque début de chapitre, un texte est intégré dans la langue du pays concerné. Au delà de l’objectif de continuer à faire vivre le tapa, Michel Charleux voit plus loin et espère pouvoir un jour obtenir un classement à l’Unesco.
En attendant une telle reconnaissance, l’ouvrage fait parti des trois livres sélectionnés pour remporter le Prix International du Livre d’Art Tribal. Chaque année plus d’une centaine d’ouvrages concourent pour être parmi les trois sélectionnés en langue française ou anglaise. Le prix sera remis au début du mois de décembre.