Difficile de rater l’Alcyone, pétrolier affrété par TotalEnergies et arrivé hier à Papeete. Sur son pont s’élève deux grandes tours cylindriques de 35 mètres de haut, des « rotor sails » parfois appelées « turbovoiles » en français et qui lui permettre d’utiliser la force du vent pour réduire sa consommation de carburant. Une technologie qui pourrait équiper de nombreux navires dans les années à venir.
L’Alcyone, tanker de 180 mètres de long et de 50 000 tonnes à charge, est sorti des chantiers navals l’année dernière. Mais il y a refait un passage ces derniers mois, comme l’avaient annoncé son armateur, la Socatra, et son affréteur, TotalEnergies. Quelques semaines seulement, dans un chantier chinois, pour se faire poser sur le pont deux grandes tours cylindriques, de 35 mètres de haut et 5 mètres de large. À l’intérieur, des rotors qui tournent grâce à une impulsion électrique et qui, à la rencontre de la force du vent, engendrent une poussée. Cet « effet Magnus », décrit dès le milieu du XIXe siècle, est aussi celui qui donne sa trajectoire à une balle liftée dans les sports de raquette ou un tir brossé au foot.
Son application au transport maritime est loin d’être neuf : l’installation de « rotor sails » avait déjà été lancée au début du XXe siècle, avant d’être abandonnée du fait des bas coûts du carburant et du poids des matériaux de l’époque. La technologie avait brièvement été remis au goût du jour dans les années 80 par le commandant Cousteau, qui avait équipé un navire – l’Alcyone, déjà – d’une technologie proche, les « turbovoiles », qui ont tout de même laissé leur nom à ce type de propulsion en français.
Depuis une dizaine d’années, volatilité des cours pétroliers oblige, les rotors sails ont de nouveau le vent en poupe, et les projets se multiplient dans les start-up ou les bureaux d’études. La Socatra et TotalEnergies ont choisi un des leaders de ce secteur naissant mais des plus prometteurs, le finlandais Norsepower, qui a déjà équipé des bateaux de toutes spécialité. Ses deux « voiles » promettent a minima une économie de 8% de carburant pour l’Alcyone, qui, parmi ses premiers voyage avec aide du vent, a approvisionné la Polynésie.
Ces rotor sails, qui pourraient réduire, à terme, les émissions de CO2 de 20% voire 25%, pourraient se développer rapidement dans la flotte mondiale. Si les chimiquiers, méthaniers et pétroliers sont plus faciles à équiper du fait de leurs ponts bas et vides, des solutions ont déjà été développées pour les porte-conteneurs. Preuve que la technologie intéresse, l’Alcyone, avant de mettre le cap sur la Polynésie, s’est arrêté à Singapour, où il a été visité, en pleine « »Maritime Week » le mois dernier, par plusieurs délégations, dont celle de l’Ambassade de France.