Après avoir reçu par l’entremise d’un huissier, le 3 août, une sommation de quitter le marae Arahurahu, lieu qu’il occupe depuis plus d’un mois et dont il revendique la propriété, le Polynesian Kingdom of Atooi, a recu ce mercredi une convocation pour se présenter devant le tribunal administratif le 19 août. Cela suite à une requête en référé « mesures utiles » déposé par le Pays, le 30 juillet, qui estime qu’il y a urgence à prononcer une mesure d’expulsion.
Pour justifier cette demande, le Pays invoque « leur propre sécurité, celle des usagers et la salubrité publique. » Le Pays relève que « les constructions à usage d’habitation édifiées sur le site – des chapiteaux recouverts de bâches – l’ont été sans autorisation administrative et en méconnaissance de la réglementation en matière de sécurité, d’hygiène et d’urbanisme. (…) il est ainsi certain que la vulnérabilité des constructions ne permet en aucun cas de garantir la sécurité des occupants. »
En outre, « l’occupation du site, entrave le bon fonctionnement et la continuité du service public. » Car le Pays indique que « le site accueille des groupes de danse traditionnelle pour des représentations lors des célébrations du Heiva (…) et que des répétitions sont prévues jusqu’au 26 octobre. » Ainsi, « le souci de permettre de la bonne gestion de ce site, ne pourra qu’amener votre juridiction à prononcer les mesures sollicitées. » À cet égard le Pays rappelle que le Polynesian Kingdom of Atooi a émis la volonté de monnayer l’accès au site, soit « 51% des bénéfices pour les propriétaires terriens et 49% pour le Pays »
Pour le Pays, « au vu de ces déclarations et de l’agressivité manifestée par les occupants, il est à craindre que les danseurs et les usagers ne pourront paisiblement jouir du marae et des représentations culturelles sans représailles » . Il précise que les occupants du site « se sont opposés à l’exécution des travaux de Paul Niva, archéologue mandaté par le Service du tourisme. » Ce qui pour la Polynésie française, est « une circonstance supplémentaire témoignant de l’urgence à prononcer l’expulsion des occupants du site. »
« On ne va pas quitter les lieux, nous sommes légitimement propriétaires terriens de ce lieu »
Pour Thierry Honu Pouira, l’un des membres du Polynesian Kingdom of Atooi, nommément mis en cause dans le référé, « On ne va pas quitter les lieux, nous sommes légitimement propriétaires terriens de ce lieu. » Pour autant, il assure qu’ils se présenteront à la convocation du 19 août avec des preuves comme quoi ils sont bien propriétaires.
Quant à un éventuel règlement de ce litige devant le tribunal foncier, le Pays affirmant que la parcelle de terre sur laquelle se trouve le marae fait partie du domaine public, et le Polynesian Kingdom of Atooi en revendiquant la propriété, Thierry Honu Pouira estime « que ce n’est pas la peine. Nous avons nos tohitu (NDLR : comité des sages qui attribue les terres)».
Concernant les craintes du Pays sur les spectacles de danse qui doivent se dérouler sur le marae Arahurahu, notamment celui de Marguerite Lai au mois d’octobre, « venez, c’est notre richesse, notre patrimoine qu’on valorise, mais il faut qu’on trouve un accord avec le Pays. Le marae, c’est un site. La terre c’en est un autre. Il faut passer par cette terre pour arriver au marae. Est-ce qu’il y a une reconnaissance du propriétaire terrien ? Non. C’est le gouvernement qui touche tout. Marguerite Lai paie la location du site au Pays. Et les propriétaires terriens, est-ce qu’ils sont reconnus ?» Réponse le 19 août.