Tout juste créé, le Syndicat polynésien des centres de plongée (SPCP) rassemble déjà la moitié des structures du fenua. Et c’est le gérant d’un club de Fakarava, Thibault Gachon, qui en a été élu président. Son but : défendre les intérêts de la profession, mais surtout aider les autorités à développer la plongée polynésienne. Qui mériterait selon lui une plus grande notoriété à l’international.
Pas de coup de gueule ou de coup de pression à l’origine ce syndicat, dont la création était discutée depuis plusieurs mois. Mais plutôt une ambition : celle de développer la plongée polynésienne à hauteur de son potentiel. Comme tout syndicat, le SPCP et sa vingtaine de clubs adhérents – d’autres seraient déjà prêts à rejoindre ses rangs – va bien sûr veiller à « défendre les intérêts » de la profession. Mais l’objectif est surtout d’apporter aux autorités « une expertise » et un « retour de terrain » pour »participer à la promotion de la plongée ». Comme le rappelle Thibault Gachon, le secteur manquait cruellement de représentation ces dernières années.
Parmi les projets du syndicat, celui de mettre sur la table « à court ou moyen terme » un plan stratégique pour « repositionner la destination Polynésie dans le monde de la plongée ». Et ainsi développer les retombées économiques du secteur, qui mériteraient d’ailleurs d’être mieux étudiées. D’après l’ISPF, les touristes internationaux ont dépensé 4,8 milliards de francs en excursions et activités de loisir au fenua en 2018. « On sait qu’environ 15% de ces dépenses sont consacrées à la plongée », précise le président du syndicat. Dans un autre document, daté de 2016 et consacré cette fois à l’économie bleue, le Cerom (dont fait partie l’ISPF) parlait « d’environ 300 millions de francs » consacrés par les seuls touristes « terrestres » aux activités de plongée. L’année précédente, le CESEC estimait, dans un rapport consacré au patrimoine marin, que « la plongée représente actuellement 15 à 20% du nombre total de touristes chaque année, soit un total d’environ 120 000 plongées par an ». Le Conseil économique et social regrettait au passage que le fenua « n’ait jamais fait le choix de se positionner clairement comme une ‘destination plongée’ à part entière ».
Les Tuamotu, mais pas seulement
Le syndicat nouvellement créé milite donc pour un effort de promotion spécifique au secteur. Car si certains spots des Tuamotu sont très réputés auprès des passionnés – Fakarava ou Rangiroa en particulier – ce sont souvent d’autres destinations, l’Indonésie, les Maldives ou la Mer Rouge, qui gagnent la bataille de la communication auprès du grand public.
Et pourtant les fonds riches et surtout diversifiés du fenua – des Australes aux Marquises en passant par la Société – ont de quoi faire venir des plongeurs de très loin. « C’est une destination d’exception, il n’y pas de doute », insiste le président du SPCP, pour qui les touristes devraient être davantage encouragés à se déplacer d’île en île pour plonger.
Mais avant de développer, il faudra sortir la tête de l’eau. Car le SPCP a été lancé a un moment critique pour le tourisme polynésien. Les clubs de plongée, comme beaucoup d’autres entreprises sont en difficultés financières depuis le confinement. Aucun dépôt de bilan n’est à déplorer, constate Thibault Gachon : « Pour l’instant on a limité la casse », dit-il. Reste à retrouver une « activité stable » et à travailler pour « sortir encore plus forts de cette période difficile ».