ACTUS LOCALESJUSTICE Instruction pour « provocation à la discrimination » ouverte après les propos d’élus Tavini Charlie Réné 2024-01-17 17 Jan 2024 Charlie Réné Le parquet a annoncé ce mercredi l’ouverture d’une information judiciaire suite aux courriers d’Édouard Fritch dénonçant les propos « discriminatoires » tenus par le camp indépendantiste. Des courriers en forme de plaintes et qui visaient le représentant Mitema Tapati, le ministre Ronny Teriipaia, mais aussi, dans un premier temps, Oscar Temaru. Lors de la Journée mondiale des Nations-Unies, le chef de file indépendantiste avait disserté dans l’hémicycle sur le « changement démographique » du fenua, « l’invasion » métropolitaine, parlant d’une « vague qui va nous noyer ». Lire aussi : Fenua qui blanchit : Mitema Tapati persiste et signe Ce n’est pas un, mais deux courriers qui avaient été adressés, fin décembre, par Édouard Fritch au procureur de la République. Dans la lettre du 22 décembre, que l’ancien président prie le parquet de « considérer comme un dépôt de plainte », le chef de file autonomiste vise la sortie en reo tahiti de Mitema Tapati qui mettait en parallèle, en séance de l’assemblée le 26 octobre dernier, la « France qui noircit » et le fenua qui « blanchit ». Des propos que l’ancien pasteur et représentant Tavini a confirmés, traduits lui-même, et appuyés dans un communiqué le weekend dernier. Édouard Fritch faisait aussi référence à la réponse apportée par Ronny Teriipaia à Tahiti Infos sur ces propos quelques jours plus tard. Le ministre de l’Éducation jugeait qu’il ne s’agissait « pas de racisme » mais « de la réalité » : « On parle d’invasion quand la population autochtone n’est plus visible sur son territoire », avait-il ajouté, précisant : « En France, on dit bien qu’il y a l’invasion de toutes ces communautés arabes. C’est exactement pareil”. Là encore, le membre du gouvernement n’est pas revenu sur cette analyse, qui adoubait au passage les thèses de l’extrême-droite métropolitaine, et les avaient même soutenues, il y a quelques jours sur le plateau de Polynésie la 1ere : « Parfois on peut aussi exprimer ce que certains, pour ne pas dire la majorité, pensent tout haut », avait-il précisé. « L’invasion » d’Oscar dans le dossier ? Le procureur de la République a annoncé ce matin ouvrir une information judiciaire suite à cette missive. Mais Solène Belaouar vise aussi un autre courrier d’Édouard Fritch, reçu par le parquet deux jours plus tôt, le 20 décembre. Une première version de ce signalement en forme de dépôt de plainte, et qui faisait aussi référence aux propos prononcés par Oscar Temaru, là encore à l’assemblée, le 24 octobre, deux jours avant ceux de Mitema Tapati. Tarahoi célébrait alors la Journée des Nations-Unies, avec une conférence-débat pendant laquelle le leader du Tavini avait dénoncé « l’invasion » de la Polynésie par les métropolitains. « Moi je vous dis franchement, je n’ai pas peur du changement climatique. J’aurais plutôt peur d’un changement démographique », avait précisé l’ancien président de 79 ans, parlant d’une « vague qui va nous noyer ». En écrivant une deuxième version de son signalement, Édouard Fritch avait renoncé à signaler Oscar Temaru, peut-être parce qu’il était absent de l’hémicycle le 24 octobre. Ou parce que les conséquences politiques d’une procédure judiciaire à l’encontre du chef de file bleu ciel ne sont pas les mêmes qu’avec Mitema Tapati et Ronny Teriipaia. Mais le procureur de la République, qui fait référence dans son communiqué, ce matin, aux « propos tenus par plusieurs représentants à l’Assemblée » a visiblement décider d’intégrer les propos du maire de Faa’a dans le champ de l’enquête, qui ne vise aujourd’hui aucun élu en particulier, mais qui a été confiée à un juge d’instruction. L’information judiciaire a été ouverte concernant d’éventuels délits de « provocation publique à la discrimination en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion par une personne chargée de mission de service public ». Une infraction passible d’un maximum de trois ans d’emprisonnement, et d’une amende pouvant atteindre 8 950 000 de francs. Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)