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Une exposition sur la transidentité pour « normaliser leur présence dans l’espace public »

Cette exposition est organisée en parallèle de la diffusion du documentaire Fier.e.s présenté au Fifo. Réalisé par Raynald Mérienne, qui a également fait Motu Haka, le réveil des Marquises, primé en 2023, le documentaire aborde la question du genre en Polynésie française. Cartouche, artiste photographe, a collaboré à ce travail et présente ses photos : des portraits des personnes de la communauté LGBTQIA+ qui ont accepté de se raconter.

En parallèle de la diffusion du documentaire Fier.e.s, une exposition de photos prises pendant le tournage est organisée à la brasserie Hoa. Ce documentaire réalisé par Raynald Merienne aborde les questions de genre en Polynésie française. Des personnes témoignent sur leur vie, le rejet parfois dans les familles, la violence même, mais aussi l’acceptation. La photographe Cartouche, très impliquée sur ces questions, a participé comme directrice artistique des interviews : « On pourrait fantasmer cette idée que la transidentité en Polynésie, elle est totalement acceptée. Mais dans la réalité, ce n’est pas toujours le cas. Donc il y a beaucoup de personnes qui témoignent d’une réalité très dure qu’ils ont pu vivre, notamment des violences intrafamiliales ou scolaires, ou de la discrimination au travail. Ils parlent aussi de l’impact de la religion parce que si on étudie un petit peu anthropologiquement la Polynésie, on se rend compte que le troisième genre a toujours existé culturellement et qu’en fait ce sont les missionnaires qui sont arrivés et qui ont fait que cette discrimination s’est mise en place de manière sociale et très pesante. »

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Les personnes interrogées dans le documentaire ont d’abord été invitées en studio, où Cartouche s’est chargée de la direction artistique des interviews et a pris des photos, avant que certaines d’entre elles acceptent d’être suivies chez elles, avec leurs proches. Devant la caméra sur fond noir, elles se confient sur leurs vies, c’est parfois drôle, parfois terrible. « Le documentaire n’est pas voué à être dans le pathos. Ces personnes, comme absolument tout le monde dans notre société, elles pleurent, elles rigolent, elles vivent des choses très belles aussi. Et la transidentité n’est pas tragique pour tout le monde. Il y a des gens qui le vivent très bien, qui sont très bien acceptés. Certains ont vécu des choses dures et réussissent à la prendre à la rigolade. » Cartouche elle-même revendique une identité « Queer », signifiant qu’elle est engagée auprès de la communauté LGBTQIA+ et à travers la photo, elle met en avant cette communauté ou se met en avant elle-même en cassant les codes de genres. C’est Raynald Mérienne qui est venu vers elle pour travailler ensemble sur le documentaire. Elle espère aujourd’hui qu’il aura un impact sur la façon de penser de certaines personnes : « Impossible de le voir et de garder des clichés dans la tête. » Et ce sont les photos qui peuvent aussi faire bouger les choses : « C’est vraiment cette manière de normaliser leur présence dans l’espace public, parce que ce sont des personnes qui font partie de notre société et il faut arrêter de les marginaliser et d’en parler comme un groupe de personnes à côté. Je veux dire, les personnes trans, ce sont nos amis, ce sont nos fils, nos filles, dès fois nos surveillants d’école, notre banquier-banquière, peu importe. Et il faut normaliser leur présence dans l’espace public. Alors un documentaire, c’est merveilleux. Le documentaire est fantastique, je l’adore, mais c’est vrai qu’il faut quand même se poser 52 minutes et prendre le temps de le regarder. Des photos dans l’espace public, on est obligé d’y être confronté. Et il y a cette notion vraiment où si cette exposition, elle bouge, elle va être obligée de toucher un maximum de personnes. »

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