ACTUS LOCALESJUSTICE

Une femme sous emprise

Dans cette affaire de violences domestiques, le prévenu récidiviste a été condamné malgré le désistement de sa concubine. Un cas d’école d’emprise psychologique dans un couple qualifié de « toxique » par le procureur.

Un homme de 33 ans, poursuivi par ailleurs pour son implication dans un trafic d’ice conséquent, répondait ce mardi de violences, étalées sur plusieurs mois, sur sa compagne et mère de sa fille. Rapports non consentis, claques, coups de poing – y compris à la maternité – coups de casque, menaces de mort envers la jeune femme et le bébé : pendant l’instruction de la plainte, et à nouveau devant le tribunal, l’homme ne reconnait que les gifles, tout le reste étant selon lui « exagéré ». Jaloux, mais pas fidèle, consommateur et trafiquant d’ice – « Je suis quelqu’un qui se donne des objectifs et qui se donne les moyens d’y arriver », récite-t-il devant le juge – A.T. reproduit surtout un schéma déjà rôdé avec sa première compagne.

Mais la jeune femme, elle, est aussi dans un schéma toxique. Alors que son compagnon est sous le coup d’une interdiction de contact avec elle, elle demande et obtient du juge qui a placé son compagnon en détention provisoire pour ice plusieurs permis de visite à Nuutania… un dysfonctionnement des services judiciaires que ne manquera pas de relever l’avocat. « J’ai eu pitié », dit-elle pour expliquer ce manquement au contrôle judiciaire, avant de renoncer à sa constitution de partie civile durant l’audience.

« Je l’aime. Je pense que tout le monde peut changer »

L’examen médical de la jeune femme confirme les traces physiques de violences. La première expertise psy relève une « banalisation de la violence », une « dynamique d’emprise psychologique », une « dépendance » à cette relation « destructrice d’identité » ; la seconde, quelques mois plus tard, une posture de « soumission » et une attitude ambivalente, entre la demande de protection illustrée par son dépôt de plainte, et son souhait de se remettre en couple avec son compagnon. Selon qui tout va bien mieux depuis qu’il a entamé un suivi psychologique : « plus de violences, seulement des disputes », affirme-t-il. « Je l’aime, renchérit sa victime. Il arrive à se contrôler maintenant. Je pense que tout le monde peut changer. » « Vous n’avez pas l’air très épanouie, » remarque le président du tribunal, qui semble soupçonner des pressions sur la jeune femme. « J’ai peur qu’il retourne en prison, de devoir amener ma fille là-bas. » répond-elle.

L’enquête de personnalité montre un homme sans « aucun remords », une « vision égoïste, peu compatissante avec la victime », une « tendance à la manipulation », un risque de passage à l’acte. Le procureur a évoqué une « personnalité psychopathique », une « volonté de toute puissance », et requis 30 mois de prison dont 18 avec sursis probatoire de deux ans, ainsi qu’une obligation de soins en psychiatrie et addictologie. Le tribunal a condamné le jeune homme à deux ans de prison dont 12 avec sursis.

 

Article précedent

Culture : le concours ‘Ārere cherche encore des candidats

Article suivant

Éducation : l'heure de la rentrée pour 78 professeurs stagiaires

Aucun Commentaire

Laisser un commentaire

PARTAGER

Une femme sous emprise