L’Institut Louis Malardé commence au mois de septembre une étude de cohorte de trois ans sur les arbovirus, transmis par les moustiques, ainsi que sur la grippe et le Covid. Objectif : déterminer le niveau d’immunité de la population. 900 personnes vont être sollicitées pour y participer.
Ils vont peut-être frapper à votre porte. Les enquêteurs et infirmiers de l’ILM recrutent sur Tahiti environ 900 personnes âgées de plus de 6 ans, soit environ 290 foyers. Il s’agit de les suivre sur trois ans, à partir du mois de septembre, grâce à des questionnaires et quatre prélèvements sanguins, pour déterminer le niveau d’immunité de la population, avec une attention particulière portée sur les quatre types de dengue, explique le Dr Van Mai Cao-Lormeau, directrice du laboratoire de recherche sur les maladies infectieuses à transmission vectorielle, qui mène cette étude.
Percer le mystère de la dengue… et trouver un vaccin universel contre les quatre types
« La complexité avec la dengue, c’est que les anticorps ou l’immunité qu’on produit lors de la première infection nous met aussi à un risque plus élevé de forme sévère lorsqu’on a une seconde dengue avec un type différent. C’est malheureusement l’un des grands défis majeurs avec la dengue et les vaccins dengue, puisque l’objectif est toujours aujourd’hui de réussir à avoir un vaccin qui permette d’immuniser efficacement contre les quatre virus en même temps justement en raison de ce risque de formes sévères plus accrues lors d’une deuxième infection. »
Sur le zika, la Polynésie est un terrain de recherche particulièrement intéressant, poursuit-elle, « parce qu’on a une très bonne connaissance du moment où ce virus a été introduit et où il a arrêté de circuler. Aujourd’hui, après 10 ans, la population n’a plus du tout vu de zika, c’est pour ça que les recherches faites ici présentent vraiment un intérêt puisqu’on peut, dans le temps, explorer comment évolue l’immunité. »
Un sous-groupe de 300 personnes pour une étude génétique
L’ILM collabore pour cette étude avec plusieurs équipes de l’Institut Pasteur, sur l’aspect épidémique d’un part et sur l’aspect génétique d’autre part. « Il y aura, dans le cadre de la cohorte, un petit sous-groupe de 300 personnes à qui il sera proposé également de participer au volet génétique humaine, puisqu’on s’aperçoit de plus en plus que notre patrimoine génétique a un impact sur la manière dont on va répondre aux infections. Pour ce sous-groupe de 300 personnes, les aspects génétiques humaines, mais également les maladies métaboliques, c’est-à-dire que des bilans sanguins seront faits bien plus complets pour ces personnes-là, pour déterminer l’impact du diabète, de l’obésité sur la réponse immunitaire (…) ». L’institut travaille aussi avec l’Unité des virus émergents de l’IHU de Marseille sur le séquençage génomique des virus et sur l’évolution des niveaux d’anticorps. Enfin, un autre partenariat avec la London School of Tropical Medicine and Hygiene concerne la modélisation des prévisions de propagation d’épidémie.
L’ILM va donc, à partir d’une liste de foyers du recensement, faire du porte-à-porte pour recruter les participants à l’étude. La chercheuse est confiante : la population est consciente des risques et fait généralement bon accueil aux enquêteurs de Malardé.