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Unesco : pour les Hakaiki, le Tavini veut « déstabiliser » le dossier des Marquises

Dans une lettre ouverte à Moetai Brotherson et Antony Géros, les maires des Marquises expriment leur « profonde consternation » face au retrait du projet de résolution relatif au soutien de l’assemblée au classement des îles Marquises au patrimoine mondial de l’Unesco. Ils ne comprennent pas ce « revirement de cap acrobatique » et s’interrogent sur ce qu’ils considèrent être une « manœuvre de déstabilisation » de la majorité bleu ciel.

Benoît Kautai, président de la communauté de communes des îles Marquises (Codim) et maire de Nuku Hiva, Joëlle Frébault, maire de Hiva Oa, Joseph Kaiha, maire de Ua Pou, Henri Tuieinui, maire de Fatu Hiva, Nestor Ohu, maire de Ua Huka, ainsi que Félix Barsinas, maire de Tahuatua, ont signé une lettre ouverte adressée à Moetai Brotherson, président de la Polynésie française, et à Antony Géros, président de l’assemblée. Ils y expriment leur « profonde consternation » sur le retrait du projet de résolution concernant le classement des îles Marquises au patrimoine mondial de l’Unesco. Pour beaucoup l’adoption de ce texte, censé apporter un ultime soutien officiel à la candidature des Marquises avant son étude finale par le Comité du patrimoine mondial, en juillet, devait être une simple formalité. La décision de la majorité Tavini lors de la session plénière du 25 avril dernier a été une véritable surprise, d’autant que la proposition de résolution avait été voté sans problème en Conseil des ministres, et qu’elle avait obtenu l’unanimité en commission de l’écologie et de la culture quelques jours auparavant.

Les élus marquisiens font écho d’un « prétendu manque d’information exprimé par les habitants des Marquises auprès de représentants de la majorité » Tavini pour expliquer cette « volte-face de dernière minute ». Ou plus ironiquement « d’un manque d’intérêt de ces derniers aux réunions d’information ». Ils ne cachent pas que certains habitants ne soutiennent pas cette inscription mais pour eux « les grandes décisions ne font jamais l’unanimité », citant en exemple la tour des juges de Teahupo’o, la réforme des rythmes scolaires ou encore la décision de retenir le 20 novembre à la place du 29 juin comme jour férié au fenua. « En tout état de cause, les arguments avancés à l’appui de cette décision nous semblent infondés », écrivent-ils.

« Un revirement de cap acrobatique »

Ils rappellent qu’une trentaine de réunions d’information ont été organisées depuis 2017, rassemblant des experts scientifiques et institutionnels, qu’une campagne de communication avec des ambassadeurs Unesco a été menée pendant deux ans, qu’enfin, la gestation de ce projet remonte à près de trois décennies. « Que cherchez-vous à faire par cette manœuvre de déstabilisation ? » interrogent les hakaiki qui parlent de « revirement de cap acrobatique » et également « de manque de sérieux manifeste » concernant la décision du Pays de mener de nouvelles consultations publiques « avec quelques jours de préparation et qui se tiendraient quelques heures, ci et là ». Des réunions auxquelles les maires refusent absolument de participer même si « par courtoisie », ils mettront à disposition les moyens communaux aux envoyés du Pays pour leurs « pérégrinations ».

Avec ou sans le soutien de l’assemblée de la Polynésie française, car ce n’est qu’un « pré-requis », les tavana des Marquises sont bien décidés à aller au bout de cette candidature, préparée depuis de longues années et, depuis début 2023, portée officiellement par la France. Ils partiront à New Delhi en Inde en juillet prochain où une décision finale sera rendue sur la candidature des marquises lors de la 46e session du Comité du patrimoine mondial de l’Unesco. Peut-être les élus auront-ils l’occasion de parler de ce sujet de vive voix avec des membres du gouvernement car Éliane Tevahitua, vice-présidente et ministre de la Culture, sera aux Marquises du 7 au 13 mai, justement dans le cadre du classement de l’archipel au patrimoine mondial de l’Unesco.

Chantal Galenon
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