Tribune UPLD: A hi’o to mou’a… Cédric VALAX 2013-04-10 10 Avr 2013 Cédric VALAX Ia ora na, Titaua PEU. 37 ans. Cadre communal et écrivain. Maman et citoyenne engagée, je veux vous parler d’éducation, et de culture. Éducation et culture… Quand j’y pense me reviennent en mémoire, les colloques et séminaires organisés dès 2004 par le ministre de l’Éducation, avec qui j’ai eu plaisir à travailler, Jean-Marius RAAPOTO, homme de lettres et de culture et… indépendantiste ! Au terme d’études, de constats et de consultations de professionnels ou de représentants la société civile, une Charte de l’Éducation fut adoptée en 2011. Elle faisait suite à la première réalisée en 1992. Près de 20 ans après qu’en est-il ? Aujourd’hui les élèves de 5 à 13 ans sont tous scolarisés, les taux d’inscription des 14-16 ans ont progressé » mais « l’absentéisme et le décrochage scolaire qui concernent essentiellement les garçons entraînent encore trop d’abandons des études ». Pire, « les évaluations des compétences des élèves réalisées même si elles montrent que l’écart tend à diminuer », « les scores polynésiens sont inférieurs à ceux des élèves des zones éducatives prioritaires de la métropole, en français comme en mathématiques ! » Triste constat ! Et pourtant en 2010 par exemple, 66,34 milliards ont été dépensé dans l’éducation, l’enseignement supérieur, la formation, la recherche et la culture… principalement en fonctionnement (salaires des enseignants). Il ne s’agit donc pas d’un problème conjoncturel mais bien d’un problème structurel. Clairement, malgré toutes les tentatives d’adapter les programmes nationaux, nous étions passés à côté de l’essentiel. Cet essentiel, pour l’UPLD et pour le Président Oscar Temaru, en particulier, réside dans l’estime de soi-même ! Vous souriez et vous vous dites « en voilà une piquée à la PNL et aux nouvelles méthodes de « réussite » ? Non. Très sérieusement, osons le dire : tant que l’enfant polynésien ne sera pas pris en compte et en charge dans son entièreté, dans son identité culturelle, il demeurera une ou deux barrières qui rendront difficile l’apprentissage de codes et de savoirs qui lui sembleront « imposés ». Ce n’est pas faire offense à l’Autre en disant que trop de générations ont subi sans le savoir une « assimilation » pernicieuse. Dans les rhétoriques ambiantes, par exemple, célébrer la performance au détriment de savoirs et de savoirs faire culturels a sapé, véritablement, notre estime de soi. Jusqu’aux rites, trop longtemps restés tabous. L’enterrement du placenta, la subincision avaient été relayés non pas à la sphère privée, mais bel et bien au domaine du non-dit … que dire alors de nos langues polynésiennes, reconnues, localement, il y a moins de 30 ans et «constitutionnalisées » en 2008 de la manière suivante : « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France. Art 75.1 de la Constitution » ? En vérité, plus rien ne nous appartenait… En 2004, le gouvernement Temaru impulsait l’acquisition de connaissances « en et par nos langues et cultures propres » au travers d’expérimentations en cycle 1. Aujourd’hui, on le voit, au travers de concours territoriaux de orero : la mise en valeur des langues et des arts maohi a permis non seulement une désinhibition de ces enfants mais aussi de meilleures dispositions à l’apprentissage de connaissances plus « orthodoxes » (français et mathématiques). Cette approche différente de l’éducation a permis à l’école d’obtenir l’adhésion des parents, de réconcilier ces derniers avec l’institution. Nous escomptons, dans le futur, pouvoir jeter les bases d’une nouvelle société : plus tolérante, réconciliée avec elle-même, forte de ses différences et de ses propres valeurs… En matière de culture, nul besoin de vous citer ici une large panoplie de mesures, à la Prévert, irréalisable… L’éducation ne va pas sans la culture. Loin de cantonner les élèves dans une expression culturelle seulement « traditionnelle », nous devrons former nos enseignants aux arts et expressions culturelles les plus variées et ouvertes possibles (audiovisuel, usage des NTIC…). Le plus important est de « réparer le passé et préparer l’avenir ». Pour cela, « l’estime de nous-mêmes » est capitale ! Enfin, « éducation et culture » pour l’UPLD, c’est avant tout détruire cette formule de l’anthropologue Marc Augé selon qui, dans un contexte globalisé, « les uns sont spectateurs, les autres sont des spectacles »… Et parce que je ne suis pas spectatrice, encore moins un spectacle, je voterai « UPLD »… Cliquez pour partager sur Facebook(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur Twitter(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquez pour partager sur LinkedIn(ouvre dans une nouvelle fenêtre)Cliquer pour imprimer(ouvre dans une nouvelle fenêtre)