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Vahirua : « J’essaye de pagayer toujours plus »

Entre une première participation à la Coupe des Confédérations de la FIFA en juin et l’organisation de la Coupe du Monde de Beach Soccer de la FIFA en septembre, le programme du football tahitien est chargé cet été. FIFA.com a rencontré Marama Vahirua – seul joueur tahitien à avoir, à ce jour, le statut professionnel –  pour parler de ces échéances.

C’était aussi l’occasion de revenir sur la carrière du sympathique et talentueux attaquant, passé par Nantes, Nice, Lorient, Monaco, Nancy, et qui évolue aujourd’hui au Panthrakikos FC.

Marama, vous avez quitté le championnat de France pour la Grèce et le Panthrakikos FC à l’aube de la saison 2012/13. Donnez nous de vos nouvelles…
Je suis très heureux, j’ai franchement bien fait de venir ici. Ma famille se plaît bien également à Komotiní. Bref, tout va pour le mieux.

Pourquoi avoir choisi la Grèce et ce club en particulier ?
Ma collaboration avec Nancy était en train de s’achever. Il fallait que je trouve un autre club. J’ai d’abord fait un essai en Chine, mais ça ne m’a pas enchanté plus que ça. Lors de la dernière journée du mercato, cette proposition grecque s’est présentée. J’ai été séduit. Et me voilà ici.

Que pensez-vous du niveau de jeu en Grèce par rapport à celui de la Ligue 1 ?
Le niveau technique et tactique est plus faible en Grèce qu’en France, c’est évident. Mais ici j’ai le sentiment qu’on joue davantage pour gagner. Le jeu est beaucoup plus ouvert qu’en Ligue 1.

Et le climat doit un peu vous rappeler celui de Tahiti. En tous cas ça devrait vous changer de la Lorraine…
(rires) Ça devrait, mais j’habite la partie géographique la pire de la Grèce au niveau météo ! On a tout de même quelques belles journées estivales. C’est vrai que le soleil et la chaleur font du bien !

Est-ce que vous continuez à pagayer pour célébrer vos buts ?

Bien sûr, c’est un peu ma marque de fabrique ! J’essaye même de pagayer toujours plus. Grâce à cela, la Grèce connaît un peu mieux mon pays. Arriver dans un nouveau pays a été l’occasion de faire découvrir un peu plus le mien, mes racines. Tout le monde est intrigué par cette étrange célébration. Les gens se renseignent, me posent la question… La Grèce sait maintenant pourquoi je fais ça et où se situe mon pays.

Et pourquoi la pagaie ?
J’ai fait de la pagaie un emblème de mon pays. Il rappelle les courses de pirogue qui s’y passent. Mimer le geste quand je marque est pour moi l’occasion de saluer mon pays, tout simplement.

Pensez-vous participer à la prochaine Coupe des Confédérations de la FIFA avec Tahiti ?

Si tout se passe bien, je devrais être de la partie. Je l’espère de tout cœur en tous cas. C’est vrai que pour un pays comme le nôtre, c’est une immense chance. C’est une opportunité unique d’élever encore plus haut le niveau de notre football et du sport en général. A Tahiti, beaucoup œuvrent à cela, depuis des années. On est en progrès. Cette compétition va permettre de faire un pas de plus. C’est l’occasion de montrer que le football tahitien n’est pas cantonné à ses îles, qu’il voit toujours plus loin. A force de travail, on peut obtenir le statut de professionnel. C’est tout le bonheur que je souhaite aux joueurs tahitiens. Et la Coupe des Confédérations est justement une porte ouverte sur le monde pro.

A titre personnel, que représente cette compétition ?

C’est un peu le rêve tout professionnel de faire ce genre de compétition. C’est le rendez-vous des meilleures équipes du monde. C’est vraiment un honneur d’y participer.

Avez-vous été surpris de voir Tahiti être de la fête ?
Surpris, non. Certes, on a tellement l’habitude de voir la Nouvelle-Zélande être le porte-drapeau de l’Océanie dans ce genre de tournoi, que quand on a vu Tahiti se qualifier, les gens se sont dit « oh, mais qu’est ce qui se passe ? ». Mais honnêtement, je n’étais pas plus étonné que ça. Je connais l’évolution du foot tahitien. On est en progrès. La question est juste de savoir ce qu’on fait maintenant. Est-ce cette qualification est la fin d’une histoire ou le début d’une autre ? Moi j’opte pour la deuxième solution. Soyons réguliers, et prenons exemple pour le coup sur la Nouvelle-Zélande.

Ressentez-vous une attente ou une pression particulière vous concernant?
Étant le seul joueur professionnel de Tahiti, c’est vrai que toute la population attend de moi que je fasse gagner mon pays. La pression est présente, certes, mais elle est positive. C’est la première fois dans le foot tahitien qu’on se qualifie pour une telle compétition. Les gens ont le droit d’attendre beaucoup de moi. Mais le foot ça se joue à 11, voire à plus en comptant les remplaçants ! Ce n’est donc pas que moi qui vais faire gagner ou perdre l’équipe

Dans quel état d’esprit abordez-vous la phase de groupes de la compétition. Vous êtes tombés dans la poule B avec l’Espagne, l’Uruguay et le Nigeria…
Il faut être réaliste ! On est une équipe d’amateurs, au sens noble du terme. On ne peut pas rivaliser avec ces équipes. Mais ça va faire partie de l’apprentissage. Comment voulez-vous qu’on progresse si on ne côtoie pas ce genre d’équipes ? C’est un tremplin pour le foot tahitien, et c’est très bien. La Coupe des Confédérations, ce n’est pas le haut niveau, c’est le très très très haut niveau.

Y’a-t-il une équipe ou un joueur que vous êtes particulièrement impatient d’affronter ?

L’Espagne ! C’est la meilleure équipe du monde ! Pour ce qui des joueurs, c’est Andrès  Iniesta. J’apprécie tant l’homme que le joueur. Je pense que sans Iniesta, ni Xavi d’ailleurs, Lionel Messi ne serait pas Messi. Les deux lui mâchent le travail.

Pensez-vous finir votre carrière à Tahiti ?
Retourner vivre à Tahiti oui, mais finir ma carrière de joueur, non.  Par contre, je resterai sans doute dans le monde du football de près ou de loin. Mais pas en tant que joueur, ça non. Je finis ma carrière ici. Je donnerai le maximum que mon corps pourra me donner. Et après ‘basta’ !

La Coupe du Monde de Beach Soccer de la FIFA se déroulera à Tahiti en septembre prochain. Vous êtes-vous intéressé à l’évènement ?
Bien sûr ! L’équipe est une bande de potes ! J’ai joué avec la plupart quand j‘étais petit. A Tahiti, on commence tous par ça. Et Naea Bennett, le capitaine, est mon cousin germain. D’ailleurs, le lui ai demandé de me garder une place dans l’équipe. Si je suis disponible, pourquoi pas ? Ça m’amuserait. Le Beach Soccer pour ma fin de carrière, pour le coup je signe de suite !

Sentez-vous un certain enthousiasme naître à quelques mois du début de la compétition ?

Ça prend une ampleur incroyable ! L’ambiance est absolument dingue. Il n’y a rien qu’a voir sur les réseaux sociaux ! Tout le monde en parle. Et puis, l’équipe a un très bon niveau, elle a récemment battu la France et les Pays-Bas… Cette coupe du monde, c’est le top pour mon pays.

Source : fifa.com