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Vannina Crolas : « 900 postes à combler » dans l’administration

©CP/Radio1

Vannina Crolas, ministre de la Fonction publique, de l’Emploi, du Travail, de la Modernisation de l’administration et de la Formation professionnelle était l’Invitée de la Rédaction de Radio1. Un « plan de restructuration des services 2024-2027 » est « à l’instruction », avec à la clé l’ouverture de plusieurs concours. La révision du statut des personnels de santé doit rendre les postes vacants plus attrayants… et tout ça à budget constant, ce qui veut dire qu’il faudra « diminuer ailleurs ». Côté OPT, des inquiétudes sur l’assise juridique de la DSP à Onati, contestée en justice, et des difficultés dans la négociation avec One Web, qui doit fournir les capacités satellitaires pour les îles éloignées. 

Interrogée sur les circonstances de l’éviction du gouvernement d’Éliane Tevahitua, Vannina Crolas répond  que depuis quelque temps le président du Pays avait confié « qu’il y aurait effectivement aussi un changement de personnes » et pas seulement une redistribution des portefeuilles. Et elle ajoute, malgré la surprise exprimée par Antony Géros hier : « Sachant aussi que cette décision a été discutée avec les instances du parti, avec notre président Oscar et notre vice-président Tony. Qu’on l’ait annoncé avant le 3 juin, c’est peut-être ça qui gêne Tony. »

« Un plan de restructuration des services du Pays »

La ministre de la Fonction publique a fait le point sur la difficile situation de l’administration territoriale, 5 607 postes dans 51 services au dernier décompte, dont « 900 occupés par des agents non titulaires, donc il y a 900 postes à combler. » Une situation imputable, notamment, aux retards pris dans l’organisation de concours jusqu’en 2020, mais Vannina Crolas affirme qu’un « plan d’urgence » pour de nouveaux concours va être bientôt présenté, puis qu’un « plan de restructuration des services » donnera lieu à d’autres concours entre 2025 et 2027.

« Vases communicants » pour la masse salariale de l’administration

Les besoins sont particulièrement criants dans le domaine de la santé – la Direction de la santé, très dépendante des ANFA (agents non titulaires) et le cabinet du ministre souffrent de nombreux départs. La ministre assure que c’est, avec le social, « un secteur clé sur lequel le président nous a demandé de focaliser tous nos efforts ». Depuis des mois le gouvernement affirme travailler à la révision du statut des personnels de santé, inchangé depuis 1995. Alors comment rendre la fonction publique plus attrayante alors qu’il y a, rappelle la ministre, « une pénurie mondiale de personnels de santé » ? Là aussi, le changement de statut des cadres de santé et des infirmiers sont « à l’instruction », mais sans augmenter la masse salariale globale de l’administration : « On maintient ce cap, dit Vannine Crolas, c’est juste le principe des vases communicants, il faut diminuer ailleurs. »

Promotion interne hors concours : une centaine de candidats

Le gouvernement avait annoncé en début d’année une nouvelle possibilité pour les fonctionnaires, sous condition d’ancienneté, d’accéder au cadre d’emploi ou à la catégorie supérieure sans passer par la case concours. La campagne d’identification de ces fonctionnaires vient de s’ouvrir, dit Vannina Crolas, qui précise qu’une petite centaine de personnes vont être concernées.

« Enveloppe constante » aussi pour les nouvelles mesures d’aides à l’emploi, contenues dans un projet de loi du Pays, assure la ministre qui annonce tout de même une rallonge de 650 millions au prochain collectif budgétaire. Elle concède qu’après les bons chiffres de l’emploi en 2023, on constate un fléchissement sur le début 2024, « ce qui nous inquiète un peu. La situation de l’emploi est quand même fragile, parce que nous avons une économie fragile ». Parmi les mesures nouvelles à venir, la prise en charge d’une partie du salaire pour les embauches en CDI, sous certaines conditions. Il y aura aussi de nouvelles mesures pour les stages en entreprise, avec des indemnités de 60 000  à 100 000 Fcfp par mois « en fonction du niveau d’études ».

Se pose alors la question des moyens de contrôle du Sefi, qui en est chargé, mais dont les usagers se plaignent fréquemment. Là aussi, il y aura une « restructuration du Sefi », dit Vannina Crolas, « pour mettre l’accent sur l’accompagnement personnalisé », en comptant sur le soutien des Fare ora dans les communes.

Enfin, sur le sujet des Contrats d’aide à l’emploi, qui deviennent à partir de juillet  inaccessibles aux communes et limités aux entreprises des quatre secteurs prioritaires, la ministre précise que leur nombre, actuellement de 1 300,  va diminuer. Elle répond aux critiques de l’opposition que les CAE ne sont plus un « amortisseur social », tout en soulignant qu’un autre dispositif pour les îles éloignées, permet de proposer un revenu de 50 000 à 100 000 Fcfp.

OPT : la légalité de la DSP à Onati en attente d’une décision du tribunal administratif

Le projet de nouvel immeuble de l’OPT sur l’avenue Prince Hinoi est toujours d’actualité, affirme la ministre alors qu’on avait cru comprendre en décembre dernier que le projet devait être « redimensionné », puis en avril qu’il était « abandonné » : « On a demandé à l’OPT de réfléchir à un autre projet, tout en capitalisant sur les études qui ont été faites, il n’est pas question de mettre 300 millions d’études à la poubelle ». Et l’abandon du site du rond-point de la Marine « n’est plus d’actualité ». Concernant le remplacement du président de Marara Paiement, Philippe Marie qui doit rejoindre Air Tahiti Nui, « ce sera un recrutement interne ».

Côté masse salariale, après la signature aux forceps, l’an dernier, des accords de branche qui n’avaient que très peu rogné les avantages que Vannina Crolas souhaitait réduire, le dialogue entre les syndicats et la direction se poursuit, dit-elle, dans l’espoir d’un  « gel des avantages dans l’attente du rétablissement des équilibres financiers de l’OPT ». Mais « la situation de l’OPT est très préoccupante encore aujourd’hui », notamment en raison du recours contre l’attribution par l’OPT à Onati de la délégation de service public, sur lequel la décision du tribunal administratif est attendue le 25 juin. « Il faut qu’on se prépare à une décision défavorable pour l’OPT », prévient Vannina Crolas. Il faudrait alors procéder à une restructuration de l’OPT :

Google et One Web : des accords à finaliser

Quant à l’accord avec Google, qui doit commencer à poser son premier câble à Tahiti en novembre prochain, la ministre en charge confirme que l’accord avec l’OPT n’est pas encore signé, mais « en bonne voie ». Pas question, comme le craignent certains critiques, de mettre en danger la santé financière encore bonne de l’OPT dans le domaine de la fourniture d’accès à Internet, « on est bien dans le cadre d’un partenariat, c’était la condition que notre président a donné à Google. Ça doit représenter un atout pour l’OPT, et un atout non seulement pour la population mais pour toutes les activités autour de l’économie numérique puisque les capacités seront multipliées peut-être par 100 ». Mais les usagers auront-ils de meilleurs tarifs ? « C’est un peu prématuré pour en parler, répond la ministre, mais c’est bien le but, sinon à quoi ça servirait ? » En revanche, confie-t-elle, les choses sont plus difficiles avec One Web, qui doit fournir le service satellite destiné aux îles éloignées : la négociation coince au niveau de l’offre commerciale.

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