Caracas (AFP) – Au lendemain des manifestations contre le président réprimées à travers le pays, l’opposition vénézuélienne maintenait jeudi la pression sur place et au niveau international pour faire partir Nicolas Maduro qui s’accroche au pouvoir et menace de renforcer les mesures de sécurité.
L’opposition vénézuélienne avait manifesté mercredi pour exiger l’organisation d’un référendum en vue de révoquer le président Maduro, une initiative à laquelle les autorités ont opposé une fin de non-recevoir même si la commission électorale doit encore se prononcer officiellement sur cette demande.
Alors que les craintes se multiplient à l’étranger, Henrique Capriles, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2013 face à Nicolas Maduro, a appelé sur son compte Twitter à la désobéissance au terme de cette journée de mobilisation.
« Nous, les Vénézuéliens feront en sorte que (Nicolas) Maduro respecte la Constitution! Son décret a été rejeté (par l’Assemblée), il est considéré nul et personne ne doit le respecter! », a déclaré M. Capriles qui avait récemment appelé l’armée à choisir son camp: celui du président ou celui de la Constitution.
Mercredi soir également, le président vénézuélien avait menacé de relever le niveau de l’état d’exception qu’il a décrété, si des violences de la part de l’opposition devaient avoir lieu.
« C’est un recours dont je dispose en tant que chef d’Etat si le Venezuela est le théâtre de violence en vue d’un coup d’Etat et je n’hésiterai pas à le décréter si cela était nécessaire pour combattre en faveur de la paix et la sécurité de ce pays », a-t-il déclaré.
Les défilés de protestation avaient eu lieu mercredi dans une vingtaine de villes, dont la capitale Caracas où des centaines de policiers en tenue anti-émeute, certains à moto, ont fait usage de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc pour disperser un millier de manifestants.
« Maduro dehors ! » et « référendum, référendum ! », criait la foule parsemée de leaders de la coalition d’opposition, la Table de l’unité démocratique (MUD), majoritaire au Parlement.
Selon le ministre de l’Intérieur Gustavo Gonzalez, la police a procédé à sept arrestations dans la capitale.
Farouche adversaire du président, M. Capriles a fait état de 17 arrestations et divers incidents à travers le pays, où des manifestations n’avaient pas été autorisées par les autorités.
« Nous ne voulons pas de bain de sang ou de coup d’Etat », a déclaré pendant la manifestation le président de l’Assemblée Henry Ramos Allup (opposition), qui plaide pour « un règlement pacifique » de cette crise politique.
– Craintes internationales –
Cette brusque montée en tension dans ce pays pétrolier à l’économie ravagée (inflation de 700% prévu par le FMI pour 2016), a soulevé les inquiétudes à travers le monde.
Refuser d’écouter l’opposition fait de Nicolas Maduro un « dictateur en herbe », a commenté le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), l’Uruguayen Luis Almagro.
Une délégation de députés de l’opposition vénézuélienne doit rencontrer jeudi après-midi à Washington M. Almagro pour lui remettre un « rapport sur la situation » du pays.
D’anciens chefs d’Etat ou de gouvernement, comme l’Espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, étaient présents ces-jours ci à Caracas pour tenter de rétablir un dialogue entre le gouvernement chaviste (du nom du président défunt Hugo Chavez, au pouvoir de 1999 à 2013 et mentor de Nicolas Maduro) et les antichavistes.
Les Etats-Unis, que Nicolas Maduro accuse de préparer une intervention et d’intrusion dans l’espace aérien vénézuélien, se sont dit « profondément préoccupés » par les violences exercées sur les manifestants et ont démenti l’intrusion.
Des manoeuvres militaires ont été programmées pour la fin de semaine, vendredi et samedi, par le dirigeant vénézuélien. Tandis que son vice-président Aristobulo Isturiz incite l’opposition à patienter jusqu’au prochain scrutin présidentiel.
© AFP FEDERICO PARRA
Manifestation contre le président Maduro, le 18 mai 2016 à Caracas