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Venezuela: Maduro veut torpiller le référendum contre lui

Caracas (AFP) – Le président vénézuélien Nicolas Maduro, qui fait face à une grande impopularité, s’est mis lundi en travers du processus de référendum visant à le révoquer, pendant que l’opposition tentait de mobiliser l’Amérique latine pour renforcer la pression.

Le camp gouvernemental a déposé à la mi-journée un recours devant le Tribunal suprême de justice (TSJ) – institution accusée par l’opposition de faire le jeu du chavisme (du nom de l’ex-président Hugo Chavez, 1999-2013) – pour « fraude » supposée dans la collecte des signatures. 

« Nous sommes venus au Tribunal suprême de justice pour introduire un recours, afin que les droits constitutionnels des Vénézuéliens soient préservés », a déclaré à la presse Jorge Rodriguez, nommé par le président pour surveiller le processus du référendum.

M. Rodriguez affirme que des irrégularités ont été constatées, les signatures de mineurs ou de personnes décédées ayant été comptabilisées.

Le TSJ pourrait « suspendre tout le processus et le retarder pour qu’il n’ait pas lieu en 2016 », a déclaré Cecilia Sosa, présidente de cette institution de 1996 à 1999, sur ce recours des chavistes qui intervient alors que le référendum anti-Maduro fait son chemin, malgré un processus long et complexe.

Le Tribunal suprême a part ailleurs déclaré lundi soir « inconstitutionnelle » une loi votée le 3 mai par le Parlement « pour répondre à la crise nationale de santé publique ». 

Après un mois d’attente, le Conseil national électoral (CNE) a fini par valider la semaine dernière 1,3 million de signatures sur 1,8 million recueillies, alors qu’il en fallait 200.000 pour lancer la première étape de la consultation. 

La présidente du CNE Tibisay Lucena a ensuite annoncé que la confirmation par empreinte digitale des signatures aurait lieu du 20 au 24 juin, tout en menaçant de tout arrêter en cas de violences.

Le Venezuela est au bord de l’implosion, déchiré par une bataille politique entre le Parlement contrôlé par la coalition de la Table pour l’unité démocratique (MUD, centre-droit) et le gouvernement socialiste, dans un climat d’exaspération populaire lié à l’effondrement économique de ce pays pétrolier.

Pour protester contre le manque de pneus de rechange, les transports urbains de 18 des 24 états du pays se sont mis en grève lundi soir, a annoncé la Fédération nationale des transports. La capitale Caracas n’était, pour l’heure, pas concernée.

Affaibli par un taux d’impopularité record, sept Vénézuéliens sur dix souhaitant son départ, M. Maduro multiplie les signes de nervosité face à l’éventualité du référendum.

Samedi, le président avait déjà cherché à décourager l’opposition en écartant toute possibilité de consultation populaire en 2016.

– Pression internationale croissante –

La date est cruciale : une consultation organisée après le 10 janvier 2017 et couronnée de succès n’aurait que peu d’impact sur le pouvoir au Venezuela, entraînant uniquement le remplacement du dirigeant socialiste par son vice-président jusqu’à la fin de son mandat, en 2019.

Le chef de l’Etat affronte depuis plusieurs mois une opposition de plus en plus virulente et qui cherche, après avoir conquis le Parlement, à obtenir son départ anticipé.

Il est également confronté à une pression internationale croissante. 

L’opposant vénézuélien Henrique Capriles, ex-candidat à l’élection présidentielle, a entamé lundi au Paraguay et en Argentine une tournée latino-américaine en faveur de l’organisation du référendum.

« Le Venezuela vit la pire crise de son histoire (…) Ne nous laissez pas seuls », a lancé M. Capriles à Asuncion, après avoir été reçu par le président paraguayen Horacio Cartès, un allié de l’opposition vénézuélienne.

« Nous avons besoin de votre aide, de celle de nos frères de la région, pour que la Constitution soit respectée. Nous demandons que le Mercosur et l’Unasur (deux organisations de pays latino-américains, ndlr) exigent de Maduro le respect de la Constitution », a-t-il déclaré.

Dans l’après-midi, M. Capriles a également été reçu à Buenos Aires par le président argentin de centre-droit Mauricio Macri, très critique envers Nicolas Maduro.

Par ailleurs à Saint-Domingue, l’Organisation des Etats américains (OEA) a entamé lundi son assemblée générale où le président de la République dominicaine, Danilo Medina, s’est dit « préoccupé de ce qui se passe pour le peuple vénézuélien ». La situation du Venezuela y fera l’objet d’une session extraordinaire le 23 juin.

Dans un récent rapport, le secrétaire général de l’organisation Luis Almagro avait estimé que le Venezuela connaissait une « altération de son ordre constitutionnel » affectant la démocratie.

Donnant le ton des relations tendues qu’entretiennent son pays et l’OEA, la ministre vénézuélienne des Affaires étrangères Delcy Rodriguez a qualifié lundi M. Almagro de « putschiste ». 

Libertador municipality Mayor, pro-government Jorge Jorge Rodriguez, un proche du président vénézuélien Nicolas Maduro au Tribunal suprême de justice à Caracas, le 13 juin 2016. © AFP

© AFP JUAN BARRETO
Libertador municipality Mayor, pro-government Jorge Jorge Rodriguez, un proche du président vénézuélien Nicolas Maduro au Tribunal suprême de justice à Caracas, le 13 juin 2016

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