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Victor Segalen réapparait à la mairie d’Arue

Ce weekend, l’équipe du film Loin de la route, qui s’intéresse au passage de l’écrivain Victor Segalen au fenua, a posé ses caméras dans les jardins de la mairie d’Arue. Une soixantaine de personnes sont mobilisées, dont beaucoup de techniciens et de figurants locaux. Le tournage doit ensuite se poursuivre à Hitia’a, Tiarei et Papara.

Voilà déjà une quinzaine de jours que l’équipe du film a commencé son tournage au fenua. Une équipe internationale : Loin de la route est une coproduction entre des sociétés portugaises, dont Leopardo Filmes, sa filiale française, Alfama, et l’entreprise polynésienne Ahi Production. Le film, qui doit sortir au cinéma en fin d’année prochaine, retrace le voyage de l’écrivain, poète et médecin de marine Victor Segalen en Polynésie en 1903. Et sa rencontre ratée avec Paul Gauguin, artiste qu’il admire et qui meurt à Hiva Oa quelques mois avant son arrivée.

Un film sur le « rapport des cultures » et la « découverte de soi »

Comme le rappelle Paulo MilHomens, co-réalisateur avec Hugo Vieira Da Silva, ce passage de plusieurs mois au fenua, cette « enquête » sur les traces parfois troubles du peintre, cette « découverte des îles, de soi-même » et les multiples rencontres, des Marquises à Tahiti, forgeront la réflexion de Segalen. Et ses écrits, notamment Les Immémoriaux qui fait le focus sur la disparition d’une partie de la culture tahitienne sous le poids colonial. Pourquoi avoir choisi ce sujet ? « Le Portugal a aussi un passé colonial, ça s’est fini pour nous par une guerre terrible en Afrique, qui n’aurait jamais dû arriver, explique le metteur en scène. Bien sûr que la question du rapport des cultures, que Segalen pose d’une façon très intéressante, c’est quelque chose qui nous intéresse aussi. On peut penser nos choses, notre vie, avec cette histoire ».

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Qui dit Loin de la route dit loin du bruit. Dès samedi après-midi des interruptions temporaires de la circulation – dûment autorisées par la mairie – ont été réalisées de part et d’autre de l’hôtel de ville, décoré comme si il accueillait les festivités du 14 juillet 1903. « Un film comme ça, c’est beaucoup de logistique », explique Maruia Richmond, qui, avec Virginie Tetoofa, a travaillé plusieurs mois au repérage des bâtiments et décors d’époque pour tourner le film – il ne sont pas si nombreux à être bien préservés à Tahiti – et des paysages qui pourraient s’adapter au scénario.

Un film et un « écosystème économique »

La productrice associée note que, des tavana et conseils municipaux de Hiva Oa, Moorea et Arue, à la population rencontrée sur chaque tournage, en passant par les services du Pays, « tout le monde a joué le jeu et cherché à aider le projet ». Et pour cause : avec une soixantaine de personnes mobilisés ce weekend, 30 jours de tournage au calendrier, et des dépenses importantes en matière de transports, des restauration ou de technique, « c’est une activité qui crée tout un écosystème économique » reprend la productrice. Et qui crée aussi des emplois locaux : second assistant réalisateur, script, assistant gaffeur, son, costumerie, make-up, coiffure, et bien sûr figuration et seconds rôles…

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Le tournage de Loin de la route est loin d’être fini. Après Arue ce samedi et dimanche, c’est vers Hitia’a et Tiarei que l’équipe doit se déplacer lundi, pour filmer des scènes avec une baleinière qui arrive de Moorea. Viendra ensuite Papara, pour des plans d’intérieurs dans la « maison de Victor ».