Pas des manta
Malgré ses couleurs sombres, ses « cornes » et son allure gracieuse, Mobula Thurstoni ne fait pas partie de la famille des très populaires manta, et de ses deux espèces polynésiennes, l’habitante des récifs Mobula alfredi et la manta océanique Mobula birostris. Mais ces raies généralement plus petites – la plus grande espèce, Mobula Mobular, présente jusqu’en Méditérannée et qui n’a été observée pour la première fois qu’en 2020 au fenua, peut tout de même atteindre cinq mètre d’envergure – n’ont, côté robe, rien à envier à leurs cousines. La Mobula Thurstoni, d’environ 1m35 d’aile en aile, se distingue « par la présence d’une bande sombre au niveau de la tête, des bandes argentées sous les ailes et un dos aux reflets violets et argentés ». Contrairement aux manta, ces « diables » ont leur bouche sous le corps et non à l’avant et ont des queues plus longues que celles-ci. « Cette particularité sert cependant rarement à l’identification du genre, rappellent les scientifiques, car cet appendice peut être endommagé par une hélice de bateau ou une attaque de prédateur par exemple) et donc être plus courte qu’à la naissance de l’animal ».
Protégée et menacée
Lors de la même observation, toujours en baie de Hatihe’u, l’équipe de l’ORP réussit même à filmer un spectacle des plus rares : une « parade nuptiale », dans laquelle « une femelle est poursuivie par sept mâles en nage très rapide ». D’après l’équipe ce n’est que la troisième fois qu’un tel ballet est ainsi documenté pour des raies Mobula thurstoni, malgré leur présence dans le monde entier.
Cette espèce nouvellement repérée au fenua, et donc automatiquement protégée par le Code de l’Environnement comme l’ensemble des requins et raies dans la ZEE, confirme la grande diversité de ce genre animal dans les eaux polynésiennes. « La région se révèle être un lieu privilégié pour ces « raies à cornes », et cela souligne l’importance des Marquises pour la reproduction de cette espèce rare, écrit l’ORP. Il existe dans le monde onze espèces de raies mobula, dont les deux espèces de raies manta. Tout comme la Mobula birostris et la Mobula tarapacana, la Mobula thurstoni est considérée comme ‘menacée’ dans la liste route de l’IUCN ». Si seule cette observation documentée permet de confirmer formellement la présence de l’espèce au fenua, l’équipe suppose que des plaisanciers ou des pêcheurs ont déjà observé à de nombreuses reprises ces « diables » par le passé. « L’ORP invite toute personne porteuse d’informations sur ces espèces (manta comme mobula) à nous partager ces observations, afin de mieux comprendre ces espèces mystiques et menacées pour mieux les protéger » précise l’observatoire soutenu par la Direction de l’Environnement.