C’est lundi 6 mai à minuit qu’expire le délai supplémentaire de 45 jours accordé au groupement Kaitiaki Tagaloa. Les négociations menées par TNAD vont-elles finalement aboutir ?
Lundi soir à minuit, c’est la limite convenue pour la signature des contrats de six lots de constructions hôtelières sur le Village tahitien, le plus gros projet touristique du Pacifique Sud. Une signature attendue depuis le 17 aout 2018, date du protocole d’accord signé à Tahiti entre Tahiti nui aménagement et développement (TNAD) et le groupement Kaitiaki Tagaloa, et qui donnait aux parties 200 jours pour finaliser le montage financier. Un délai supplémentaire de 45 jours avait ensuite été annoncé, à la demande du gouvernement.
C’est ainsi que le 2 avril dernier, le vice-président Teva Rohfritsch, en charge des grands projets, déclarait à l’issue du comité de pilotage du projet que « l’actionnaire majoritaire qui a remporté l’appel à projet nous a fait part d’une modification du tour de table. (…) Il est en contact avec les tribus maori, il y en a 17 au total. Sa première idée était d’associer la tribu Tainui au projet, il nous a fait part aujourd’hui de deux nouvelles tribus du nord de la Nouvelle-Zélande qu’il souhaitait mettre au tour de table. Compte tenu de cette modification de l’actionnariat, nous avons souhaité prendre toutes les garanties nécessaires, comme le gouvernement s’y est engagé, parce que je souhaite obtenir la garantie qu’une fois que nous signerons le contrat, les fonds seront disponibles pour commencer les constructions hôtelières. »
Un investissement néo-zélandais réduit ?
Pour rappel, le groupement qui a remporté les lots hôteliers du Village tahitien est composé de la SCP Tagaloa de Frederick Grey, de la SCP Kaitiaki Property, le promoteur et développeur étroitement associé aux investissements immobiliers de la tribu Waikato-Tainui, et la SCP Iwi International, contrôlée par l’ancien rugbyman Tawera Nikau et surtout Tuku Morgan, ex membre du conseil d’administration de Tainui Holdings Group (TGH), le bras commercial de la tribu, déjà très investi dans l’hôtellerie en Nouvelle-Zélande notamment par des joint ventures avec le groupe Accor.
Si TGH n’est pas dans le tour de table, les autres iwi (tribus) de l’île du Nord évoquées par le vice-président qui pourraient y entrer n’ont pas toutes des stratégies d’investissement actives, et surtout pas en dehors de la Nouvelle-Zélande. De plus, un rapport publié fin 2017 sur les actifs et l’endettement des iwi notait que les tribus ont « typiquement un accès limité à du capital frais, et ont des contraintes sur leur capacité à vendre certains actifs. » Ce qui explique la prudence du Pays, et les déclarations de Teva Rohfritsch selon lesquelles le Pays avait des contacts « avec d’autres investisseurs, y compris des locaux (…). » Il avait ajouté que si les Maori ne pouvaient pas réaliser les six lots faute de garanties « parce qu’ils ont de gros investissements en Nouvelle-Zélande », le Pays envisagerait de remettre en jeu certains des lots via une procédure de mise en concurrence plus courte.