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Village tahitien : les investisseurs maori ratent le rendez-vous

©Google Earth

Ils avaient bénéficié de deux reports de date, mais toujours rien. Kaitiai Tagaloa, le consortium qui regroupe plusieurs investisseurs maori et le Samoan Frederick Grey, avait jusqu’au dimanche 30 juin pour finaliser son dossier.

D’après nos informations, les discussions se seraient poursuivies, mais depuis une dizaine de jours, plus de nouvelles. L’accord avec ces investisseurs semble donc très compromis.  On attend un communiqué de la part de Tahiti nui aménagement et développement (TNAD), qui instruit le dossier,  ou du vice-président, Teva Rohfritsch, qui est en charge des grands projets.

Tuku Morgan, au centre d’un montage raté ?  

Les difficultés dans ce dossier semblent en partie liée à Tuku Morgan, le chef de file des potentiels investisseurs maori. Enseignant, journaliste politique et producteur à la télévision, élu en 1996 député  au parlement de Nouvelle-Zélande puis battu aux élections de 1999, après avoir changé deux fois de parti, il retourne alors aux médias. En juillet 2016 , il devient président du Maori Party, qui essuie un cuisant revers aux élections législatives de 2017. Il démissionne alors de la présidence du parti.

Parallèlement, de 2006 à 2012, il est président du conseil d’administration de la branche exécutive de Waikato-Tainui, la deuxième plus riche confédération de tribus maori (iwi) du pays. Poste qui en fait également un des directeurs de Tainui Group Holdings, le bras commercial du iwi, mais qu’il perd en septembre 2017.

Il crée avec l’ancien rugbyman Tawera Nikau Iwi International, la SCP qui compose, avec la SCP Tagaloa de Frederick Grey, le groupement qui devait prendre en main le Village tahitien. Sa longue expérience et ses contacts au sein de Waikato-Tainui ne lui auront pas permis, semble-t-il, de sécuriser suffisamment de fonds pour ce projet, même en tentant de modifier le tour de table en y faisant entrer d’autres tribus maori  – c’était la raison invoquée pour demander un délai au Pays. Quant à Frederick Grey, l’homme d’affaires samoan est riche d’une bonne expérience dans  l’hôtellerie en Polynésie, mais pas de la mise de fonds nécessaire au décollage du projet.

Et maintenant, quel plan B ?

En cas d’échec des négociations, le Pays indiquait alors que les 6 lots en question – quatre hôtels et deux condominiums – seraient remis en jeu dans le cadre d’une nouvelle procédure de mise en concurrence plus courte. Le vice-président Teva Rohfritsch avait déjà évoqué cette possibilité, en déclarant que si les Maori ne pouvaient pas réaliser les six lots faute de garanties « parce qu’ils ont de gros investissements en Nouvelle-Zélande », le Pays avait des contacts « avec d’autres investisseurs, y compris des locaux (…). »

 La chronologie

27 Mars 2017 : Un représentant de Kaitiaki Property, filiale de développement immobilier de Tainui Group Holdings, vient rencontrer le vice-président

Novembre 2017 : TNAD lance la procédure d’appel à projet international portant sur les 6 lots résidentiels du Village tahitien, soit 4 hôtels et 2 condominiums.

13 avril 2018 : Le groupement Kaitiaki Tagaloa est déclaré lauréat de l’appel à projet

17 août 2018 : signature du protocole d’accord avec le consortium Kaitaki Tagaloa. Les signataires se donnent une période de négociation de 200 jours pour finaliser les éléments contractuels.

15-18 mars 2018 : Teva Rohfritsch et la direction de TNAD se rendent en Nouvelle-Zélande « afin de vérifier la capacité du groupement Kaitiaki Tagaloa à respecter les termes du protocole d’engagement ».

22 mars 2019 : expiration du délai prévu par le protocole d’accord. « Afin de permettre au groupement Kaitiaki Tagaloa de se mettre en conformité avec l’ensemble des points du protocole d’engagement, il a été décidé de prolonger la période de mise au point des contrats de 45 jours supplémentaires », annonce TNAD qui précise « qu’à ce jour, certaines conditions contractuelles ne sont toujours pas réalisées » .En cause, selon TNAD, « les capacités techniques et financières de  lensemble des entités du groupement à porter le volume dinvestissement nécessaire pour mener ce projet à terme. »

6 mai 2019 : deuxième date-butoir, à l’issue du délai de 45 jours qui avait été consenti par le Pays. Un nouveau délai est annoncé, cette fois pour permettre aux investisseurs « de se conformer aux exigences administratives locales et régulariser ainsi leur situation par rapport aux obligations du protocole d’engagement, » alors que TNAD invoque des différences de culture juridique.

30 juin 2019 :Troisième date-butoir.

 

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