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Vincent Fabre, nouveau pilote de la CPS en pleine « période de turbulences »


Nommé directeur général en conseil des ministres vendredi, Vincent Fabre a été « confirmé » par le conseil d’administration de la CPS ce matin. Spécialiste de la finance et du numérique, le successeur d’Yvonnick Raffin doit poursuivre la modernisation de la caisse, mais surtout gérer les conséquences de la crise. Nouveau prêt, réforme de la PSG… Pour tenir dans les mois à venir, il faudra un « effort de tous », prévient-il. Y compris de de l’État et des assurés.

À la CPS, on parle d’une transition « sans tension », « en douceur ». Il faut dire que le nom de Vincent Fabre avait été évoqué dès le départ de l’ancien directeur général de la caisse, Yvonnick Raffin, en septembre. Devenu ministre en charge de l’économie mais aussi de la protection sociale généralisée (PSG) , il aurait lui-même recommandé ce cadre de la Socredo pour le remplacer. Une succession actée en conseil des ministres vendredi, qui s’est concrétisée dès lundi au siège de Mamao, avant d’être discutée ce mardi matin en conseil d’administration. Pas d’unanimité mais une « forte majorité » pour ce vote qui ne concernait en fait que les aspects contractuels de cette nomination. De l’avis général, il était important, vu les enjeux du moment, que ce passage de témoin se fasse sans difficulté.

Passé par la  finance et le numérique

Vincent Fabre n’est pas un inconnu pour les partenaires sociaux qui administrent la CPS. Le nouveau dirigeant a passé l’essentiel de sa carrière à la Socredo, d’abord à la direction des finances, puis à la tête de la filiale monétique OSB, où il avait remplacé Michel Monvoisin. Ou, plus récemment, en tant que directeur stratégie et développement. Mais c’est surtout en dehors de la banque, que cet ancien élève de l’ESLSCA, une école de commerce privée parisienne, s’est fait connaitre. Très actif dans le domaine des nouvelles technologies, il a présidé le le cluster des entreprises du numériques OPEN, qu’il représentait au Cesec, et a été élu en mai dernier vice-président du Medef en charge, justement, de l’innovation. Un profil orienté vers la finance et les nouvelles technologies, donc, pour celui qui dit vouloir « poursuivre les efforts de modernisation » de la caisse entamés par son prédécesseur. Le nouveau directeur général a « bien entendu » abandonné l’ensemble de ses mandats, mais conservé, avec l’aval des administrateurs, la présidence de la Fondation Agir contre l’exclusion (Face) club d’entreprises qu’il a aidé à lancer au fenua.

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Réforme de la PSG : des « efforts » pour tout le monde

Le nouveau directeur le sait : la prise de fonction s’inscrit dans un contexte « de tensions », pour la caisse comme pour le pays. Comme l’explique la président du conseil d’administration Patrick Galenon, la Polynésie a déjà perdu, au fil de la crise sanitaire et l’effondrement du tourisme mondial, « au moins 4 000 emplois ». « Et environ deux fois plus en équivalents temps plein », ajoute le chef de file de la CSTP-FO, rappelant que beaucoup de contrats de travail sont encore suspendus aux dispositifs Diese. Autant de cotisations perdues pour les différents régimes de la CPS. S’ajoutent les dépenses d’évasans qui seraient en augmentation du fait de l’épidémie de Covid, et celles liées à la réorganisation du CHPF. « Mais le problème, ce n’est pas ce qu’on a perdu, c’est ce qu’on va perdre », appuie le syndicaliste. Si plusieurs membres du conseil d’administration attendent beaucoup de l’application du plan de relance par le gouvernement, pour le président de la CPS, « le seul espoir » de sortie de crise, « c’est le vaccin ».

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Vincent Fabre, lui, préfère se concentrer sur sa « feuille de route », en tête de laquelle est inscrite la réforme de la PSG. Un dossier complexe, source inépuisable de tensions et de discussions, mais qui devient, au vu de la situation financière de la caisse, de plus en plus vital.  « On a des pertes de cotisations, des pertes de revenus, et il va bien falloir trouver des solutions pour combler ces écarts », expose le nouveau directeur. S’il promet « un maximum de dialogue et de concertation pour trouver la bonne formule », mieux vaut prévenir : « cela passera par un effort de tous ». « Probablement de la part des assurés », mais aussi de la part du Pays et de l’État avec qui des discussions sont en cours. Le directeur général espère « trouver tous les arguments pour bénéficier d’une solidarité de l’État », « utile et nécessaire pour traverser la période à venir ».

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Un autre emprunt pour passer 2021

« Un maximum de sérénité » : voilà donc ce que prône Vincent Fabre pour attaquer ces négociations. « C’est loin d’être simple lorsqu’on arrive dans une période de turbulences », note-t-il. Il faut dire que les prévisions budgétaires de la caisse ont de quoi inquiéter. Le projet de budget voté récemment par le conseil d’administration, et qui est aujourd’hui sur le bureau du conseil des ministres, prévoit un déficit de 10 milliards de francs sur l’année, « qu’il faudra bien compenser », comme le note Patrick Galenon. Les paiements des pensions de retraite et des prestations maladie risquent-ils d’être interrompus ? Les 14 milliards de francs issus du prêt du Pays à l’Etat « rassurent jusqu’au premier semestre 2021 », répond le président du conseil d’administration. Pour la suite, il faudra travailler. Pour s’assurer contre une cessation de paiement, un nouvel emprunt, qui pourrait atteindre les 17 milliards de francs, mais dont la forme reste à définir, est en discussion entre la direction de la caisse et le gouvernement.

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Urgence budgétaire, déséquilibres structurels des régimes, organisation à moderniser… Vincent Fabre devra mener plusieurs chantiers de front. « Un nouveau capitaine pour un navire qui tangue un peu » résume Patrick Galenon.