Le président Édouard Fritch a remis ce vendredi une vingtaine de médailles de l’ordre de Tahiti Nui dans la grande nef du Taaone. Soignants, assistantes sociales, direction de la Santé, cellule de crise… Alors que beaucoup craignent une nouvelle vague de Covid, il s’agissait de récompenser une mobilisation toujours très actuelle contre la pandémie.
Une médaille « au nom de tous les autres ». C’est ce qu’ont reçu, cet après-midi une vingtaine de professionnels de la santé, des service sociaux et autres acteurs impliqués dans la gestion de la crise Covid. Tous ont été élevé, au CHPF, au grade de chevalier de l’Ordre de Tahiti Nui en présence de plusieurs ministres et responsables publics, en reconnaissance de leur « courage et abnégation dans la lutte contre cette pandémie ». « Je les invite à dédier leur récompense à tous ceux qui ont travaillé à leurs côtés, a précisé le président Édouard Fritch dès le début de son discours. Les honneurs, je les adresse bien à tous ceux qui n’ont pas ménagé leur temps et leurs efforts dans la lutte contre la pandémie et au chevet des malades ».
Le président du Pays a rappelé la chronologie d’une crise qui, du confinement à la campagne de vaccination toujours en cours, en passant par la réorganisation complète du CHPF, la mise en place d’une logistique lourde de contrôle aux frontières et bien sûr par le pic épidémique, a mobilisé des centaines de professionnels en Polynésie. « Vous étiez toujours au front jour et nuit, insiste Édouard Fritch. À tous, au nom du gouvernement et au nom de tous les Polynésiens, je vous adresse la gratitude du Pays pour ce que vous avez accompli pour la collectivité ».
Une cérémonie au ton tout particulier alors que les chiffres de l’épidémie remontent en flèche depuis l’importation du variant Delta. À deux pas de la grande nef, huit personnes sont soignées pour des symptômes graves de Covid dont trois en réanimation. Parmi les soignants, beaucoup craignent une remontée en pression comparable à celle de la fin d’année dernière. « On a une bonne partie de l’hôpital qui est vacciné, donc au niveau du personnel, on est un peu mieux protégé », commente Ariioehau Huri, infirmier en secteur dialyse. Mais « chez les patients, on voit encore beaucoup trop de gens qui ne sont pas vaccinés, même chez les personnes fragiles », s’alarme un de ses collègues.
« Le système de santé est en alerte permanent, et permet dans la plupart des cas de circonscrire la diffusion, explique le ministre de la Santé Jacques Raynal. Mais nous ne sommes pas à l’abri, sachant que ce variant est très facilement transmissible. C’est la raison pour laquelle on appelle à respecter les gestes barrières et pour ceux qui ne l’ont pas encore fait, se faire vacciner ». Sur 5 personnes en soins intensifs en filière Covid, aucune n’avait été vaccinée.
Les médaillés :
– Wilma Tehihira épouse Cibard, Psychologue clinicienne à la Direction de la santé
– Marie-Claire Mou épouse Winter, Educatrice spécialisée, responsable de la logistique des hébergements accueillant les confinés
– Gisèle Huioutu-Hapaitahaa, Infirmière – secteur Urgences
– Christiane Ah Scha, Collaboratrice du maire de Punaauia
– Line Deligny, Infirmière à la Direction de la santé
– Adélaïde Tetuanui épouse Tamaku, Infirmière à la Direction de la santé
– Anaïse Bambridge épouse Tapeta, Secrétaire
– Leila Ah Sam, Aide-soignante au centre hospitalier de Taaone
– Hani Teriipaia, Inspectrice de l’action sanitaire et sociale à l’Agence de régulation de l’action sanitaire sociale (ARASS)
– Mahealani Bernardino, Gestionnaire-comptable PC Crise
– Daniel Ponia, Responsable des actions sanitaires dans les communes de Polynésie française et de la mobilisation communautaire
– Manutea Gay, Responsable de la plateforme Covid-19
– Jean-Luc Chalons, Technicien de laboratoire
– Ariioehau Huri, Infirmier – secteur Dialyse
– Hervé Varet, Directeur général de l’Institut Louis Malardé
– Aito Taharia, Chargé de recrutement / Gestionnaire des ressources humaines à la Direction de la santé
– Clément Camuzet, Infirmier des soins généraux
– Jérémie Alby, Médecin au bureau de veille sanitaire
– Norbert Faarii, Infirmier – secteur Réanimation
– Maratai Teihotaata, Chargé de mission à la Présidence
Trois praticiens hospitaliers absents du territoire, le Dr Laure Baudoin, le Docteur Nathalie Lecordier et le Docteur Erwan Oehler, se verront remettre leur médaille dans les semaines à venir.
« Honorer c’est bien, payer ses dettes, c’est mieux »
Dans un communiqué commun, la CSTP-FO et le syndicat autonome SPCHDT rappellent que « des milliers d’autres fonctionnaires (ou contractuels), anonymes, n’ont pas l’honneur » de recevoir cette médaille. Et surtout que « parmi eux, certains ne sont toujours pas rémunérés pour les heures supplémentaires qu’ils ont réalisées pendant la période Covid ». « L’existence de ces heures est même contestée, particulièrement dans les services de santé », expliquent les syndicats. Tous les arguments et toutes les interprétations de la réglementation sont avancés pour justifier ce refus de paiement des services faits ». Alors qu’une nouvelle vague de Covid se prépare, « les heures supplémentaires de certains agents de la santé ne seraient plus rémunérées dans un proche avenir » dénonce Force Ouvrière. D’où une réflexion : « Honorer ses agents, c’est très bien, honorer ses obligations financières vis-à-vis d’eux, c’est beaucoup mieux ». |